Inondations dans le Colorado et au Mexique

Un inquiétant rappel pour La Réunion

23 septembre 2013, par Manuel Marchal

Après le passage de deux cyclones, le Mexique constate les dégâts. Plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie, il faudra longtemps et beaucoup d’argent pour tout reconstruire.

Dans quatre jours, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) va rendre publique la première partie de son nouveau rapport. Ce document constituera la base scientifique des négociations pour un accord sur le climat en 2015. Il donne des prévisions sur les effets du changement climatique en fonction de différents scénarii. Le plus optimiste prévoit une augmentation des températures limitées à 2 degrés au-dessus de la moyenne du 19ème siècle d’ici 2100. D’ores et déjà, plusieurs pays sont condamnés par une telle hausse. Et si le seuil de 2 degrés est franchi, alors c’est le risque de destructions sans précédent. Depuis 1900, les températures ont augmenté de 0,8 degré en moyenne, la moitié du crédit est donc épuisée.

Rares sont aujourd’hui les semaines où un pays n’est pas touché par un phénomène climatique extrême : sécheresse, inondations, tornades. Les pays les plus peuplés, tels que l’Inde ou la Chine, subissent des dégâts. Dans les îles, la montée du niveau de la mer oblige des peuples à envisager de déménager, laissant sous l’eau les tombes de leurs ancêtres.

Deux cyclones d’un coup

C’est dans ce contexte que deux pays ont été successivement la cible de phénomènes extrêmes : les États-Unis et le Mexique. Dans les deux cas, les médias ont assuré une large couverture. Les États-Unis sont la première puissance mondiale, et le Mexique un de ses deux pays frontaliers.

Voici dix jours, des pluies diluviennes se sont abattues sur le Colorado. Des torrents sont sortis de leur lit, devenant des fleuves. Plus de 500 personnes ont été portées disparues. Des dégâts considérables, car le pays avait été totalement pris au dépourvu.

Quelques jours plus tard, c’était au tour du Mexique d’être touché par un phénomène hautement improbable : le passage simultané de deux cyclones. Le premier venait de l’océan Atlantique, tandis que le second est entré par le Pacifique.

Déjà 2 milliards de dégâts

Les pluies ont été si violentes qu’elles ont coupé l’accès à plusieurs régions. Dans la station balnéaire d’Acapulco, des dizaines de milliers de touristes étaient coincés. Les pistes de l’aéroport et les routes étaient sous les eaux.

Le bilan officiel fait état de plus de 100 morts, et d’au moins 200.000 sinistrés. Les inondations ont frappé 1,5 million de maisons. Rien que pour remettre les routes en état, la première évaluation estime que 2,3 milliards de dollars devront être dépensés.

Pour La Réunion, ces événements rappellent notre vulnérabilité. Ils sonnent l’alerte. Une des priorités essentielles de tout responsable politique, c’est de protéger la population de ces pluies diluviennes. Force est de constater qu’au fil des années, le retard s’est accumulé. À la fin de la semaine, la diffusion officielle des premiers éléments du rapport du GIEC permettront d’avoir une idée de ce qui nous attend.

M.M

Jusqu’à 4,8 degrés de plus ?

Dans son édition en ligne d’hier, "Le Nouvel Observateur" a levé le voile sur quelques informations contenues dans le prochain rapport du GIEC en cours d’élaboration. Extrait :

Hausse des températures, montée de la mer, fonte des glaces... Six ans après leur dernier diagnostic sur le réchauffement, les experts du climat du GIEC vont présenter la semaine prochaine leur nouvel état des lieux, une piqûre de rappel toujours plus alarmante en vue de l’accord sur le climat attendu en 2015.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) va, avec ce cinquième rapport publié en quatre temps jusqu’en octobre 2014, livrer le diagnostic le plus complet sur le réchauffement, les impacts attendus et les moyens d’y faire face.

Le premier volume, rendu public le 27 septembre à Stockholm au terme de quatre jours de validation dans la capitale suédoise, va confirmer la responsabilité de l’homme, mais aussi l’intensification de certains événements extrêmes et revoir à la hausse la montée attendue du niveau de la mer, selon une version provisoire du résumé.

Sur le fond, le GIEC synthétise seulement les connaissances déjà publiées et ne fera donc que confirmer la réalité du réchauffement avec déjà plus de 0,8°C d’augmentation en moyenne depuis le début du XXème siècle. « On répète toujours la même chose... C’est la force de notre communauté, mais c’est aussi parfois pourquoi on lasse », souligne le glaciologue Jean Jouzel, membre du bureau du GIEC.

Dans son rapport, le GIEC présente quatre scénarios possibles pour la fin du siècle, plus ou moins "réchauffant" en fonction des gaz à effet de serre qui seront émis dans l’atmosphère. Un seul permettrait de tenir la cible des 2°C. Les trois autres ratent cette cible avec, pour le pire d’entre eux, un réchauffement possible de 2,6°C à 4,8°C.

A partir de lundi, le résumé de ce premier volet va être approuvé ligne par ligne par les représentants des quelque 195 pays membres du GIEC. Les deux volets suivants du cinquième rapport (sur les impacts attendus et les moyens de les atténuer) sont attendus au printemps 2014 avant une synthèse globale en octobre 2014.

Avec l’ambition, pour le GIEC, d’être cette fois irréprochable. En 2007, quelques erreurs avaient été utilisées par les climato-sceptiques pour remettre en cause la crédibilité d’un réseau qui a depuis réformé certaines procédures pour éviter, selon les termes de Jean Jouzel, « l’erreur stupide ».
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