La conférence de Paul Vergès au nom de l’ONERC

Un large écho médiatique

27 juin 2005

La presse française a largement rendu compte de la conférence de presse donnée vendredi par Paul Vergès, pour présenter le rapport que l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) présidé par l’élu communiste doit remettre au Premier ministre. Ci-dessous une série d’articles publiés depuis samedi.

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o “Le Monde”

Malgré l’alerte de 2003, la France est peu préparée au réchauffement climatique

L’épisode de chaleur actuel ainsi que le très gros orage qui a frappé, jeudi 23 juin au soir, la région parisienne, rappellent, si cela était nécessaire, l’importance du climat dans la vie quotidienne. Coïncidence, c’est juste le vendredi 24 juin que l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC), qui dépend de la Mission interministérielle à l’effet de serre, a présenté à la presse son rapport "Un climat à la dérive : comment s’adapter ?" qui doit être remis au premier ministre et au Parlement.
Invitées à cette réunion et associées à la réflexion de l’ONERC, plusieurs associations de lutte pour l’environnement, dont le WWF, Greenpeace et France Nature Environnement, ont présenté également un document collectif intitulé "Changement climatique : la nature menacée en France ?".
Le réchauffement climatique est désormais une réalité. La température moyenne en France a augmenté de 1ºC depuis le début du 20ème siècle, contre 0,6ºC pour l’ensemble du globe. Et "si cette tendance devait se poursuivre, insiste Paul Vergès, sénateur (PCR) de La Réunion et président de l’ONERC, cela impliquerait qu’un réchauffement de 2ºC du globe se traduirait en France par une augmentation des températures de 3ºC. Dans le cas le plus pessimiste, un réchauffement global de 6ºC "produirait" chez nous une élévation des températures de 9 ºC."
Cela signifie que des épisodes caniculaires similaires ou pires que celui de 2003 se représenteront de plus en plus souvent. Sans compter les événements météorologiques extrêmes, tels que tempêtes ou inondations catastrophiques.
Or, ajoute Paul Vergès, "je tiens à le dire, en matière d’adaptation, si on excepte les mesures prises après la catastrophe de la canicule de l’été 2003, force est de constater que rien de significatif n’existe aujourd’hui."

La sonnette d’alarme

En revanche, le Royaume-Uni, par exemple, a, dès avril 1997, mis en place une structure dédiée à l’adaptation au réchauffement, le UK Climate Impacts Program (UKCIP), qui dépend du ministère chargé de l’environnement (DEFRA). Son rôle est d’aider les organisations à évaluer la manière dont elles seront affectées par le changement climatique afin qu’elles puissent s’y préparer. (www.ukcip.org.uk).
Pourtant, les scientifiques tirent depuis des années la sonnette d’alarme sur les impacts du réchauffement climatique. Il faut constater qu’en France, les pouvoirs publics se hâtent lentement et que la société présente une forte inertie. "Je vois encore beaucoup d’immeubles dotés d’une climatisation et possédant une façade en verre exposée au Sud", regrette ainsi Marc Gillet, directeur de l’ONERC.
Il ne devrait pas être très difficile, pourtant, de sensibiliser les Français. Selon plusieurs études, le climat deviendrait leur première préoccupation environnementale. Une étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie vient aussi d’établir que les Français redoutent l’instabilité des climats (81%), les tempêtes (70%), les vagues de chaleur (70%) et les risques d’inondation (55%).
Aussi, l’ONERC profite de son rapport pour alerter le gouvernement, car "l’attentisme d’aujourd’hui risque d’avoir un coût demain autrement plus onéreux, tant sur le plan humain que sur le plan économique". "En l’absence de mesures réelles d’adaptation, la France n’est pas à l’abri de nouvelles catastrophes", précise encore Paul Vergès.
Ce dernier explique qu’à La Réunion, il avait impulsé des mesures pour que l’île soit autosuffisante en 2025 d’un point de vue énergétique. Ainsi, toute l’énergie nécessaire aux lycées sera dorénavant fournie par des cellules photovoltaïques éclairées par le soleil. Il est aussi prévu d’équiper toutes les maisons de chauffe-eau solaires et d’installer une centrale géothermique utilisant l’énergie que contient le sous-sol du piton de la Fournaise.
Néanmoins l’ONERC persiste et, outre son rapport, compte présenter au début du mois de juillet sur Internet plusieurs stratégies d’adaptation au réchauffement (www.onerc.gouv.fr). Elles sont actuellement en cours d’élaboration par différents ministères. Cela devrait concerner les problèmes liés à l’agriculture, le bâtiment et l’habitat, la santé, la nature et les ressources en eau.
Avec l’objectif de mobiliser les pouvoirs publics et les personnes. Les organismes d’agriculture, le ministère de l’équipement et le Centre scientifique et technique du bâtiment, la protection civile (incendies de forêts), la santé et les assurances travaillent déjà beaucoup sur les perspectives du réchauffement.
Enfin, d’ici un an, l’ONERC proposera une cartographie régionale des impacts climatiques. Chaque département et région devrait ainsi disposer d’une information complète sur les risques climatiques qui le concernent précisément, par exemple sur la viticulture, que le réchauffement pourrait complètement bouleverser. Les cépages sont adaptés à une plage de température précise et, pour certains d’entre eux, une transplantation vers le nord de 180 km pourrait se révéler nécessaire. Mais alors, les sols conviendront-ils ?

o “Libération”

L’Hexagone inquiet au plus haut degré

Ça va chauffer beaucoup plus en France que sur la moyenne des pays. Le réchauffement climatique constaté en France métropolitaine est de 50 % plus important que le réchauffement moyen sur le globe et il aura des "conséquences colossales" sur l’Hexagone : pour son premier rapport, l’Observatoire national du réchauffement climatique (ONERC) frappe fort et n’hésite pas à dramatiser. Rendu public vendredi, le rapport est destiné au Premier ministre.

Comparaison

La France n’occupe pas la bonne place géographique sur le globe. La température moyenne annuelle y a augmenté de 1°C pour 0,6 °C sur le globe. Si la tendance persiste, un réchauffement de 2 °C de la Terre se traduirait par 3 °C en France. Les événements extrêmes vont donc s’intensifier : canicules, inondations, sécheresses. En eux-mêmes, les chiffres ne sont pas nouveaux mais l’ONERC, qui fait une synthèse de toutes les données publiées, pointe une situation française inquiétante. Selon les auteurs, aucun scénario ne prévoit "un adoucissement des conditions météorologiques et climatiques" en France, et ce réchauffement provoquera "des changements profonds sur les modes de vie des Français".
Alarmiste ? "Nous avons voulu faire équilibré, explique Marc Gillet, directeur de l’ONERC. Ainsi nous n’évoquons pas les mythes comme le blocage du Gulfstream ou l’augmentation des cyclones car on ne dispose pas de données suffisantes."
Face à ce cataclysme annoncé, l’observatoire préconise un tas de pistes à suivre dès aujourd’hui car "l’attentisme aurait un coût beaucoup plus onéreux que la mobilisation des moyens nécessaires" : un fonds spécifique pour financer des actions d’adaptation, une évaluation de vulnérabilité pour les systèmes sophistiqués comme les centrales nucléaires ou le TGV. Et une intégration de la donnée "changement climatique" pour tous les projets d’avenir.

Goût du Sauternes

L’ONERC a, par ailleurs, étudié les impacts sur les activités viticoles, qui vont se déplacer vers le Nord. Le changement a déjà provoqué en France une avancée des vendanges de trois semaines. Comment réagiront les cépages à l’arrivée des insectes d’Afrique ? On l’ignore. Mais le champignon qui se développe sur les raisins de Sauternes et lui donne son goût résistera-t-il ? La question mérite d’être posée.
Dans un encadré, “Libération” rappelle que "c’est par une loi du 19 février 2001, sur proposition du sénateur de La Réunion Paul Vergès, qu’a été créé l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique. Cet organisme, qui n’est spécialisé ni dans la recherche ni dans la gestion de crise, est rattaché à la mission interministérielle de l’effet de serre. Ses objectifs sont de collecter et de diffuser les informations, études et recherches sur les risques liés au réchauffement climatique ; il peut également formuler des recommandations sur les mesures de prévention et d’adaptation susceptibles de limiter les risques liés au changement climatique."

o “Nouvel Observateur”

Des mesures d’adaptation indispensables en France

Le premier rapport de l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique montre qu’il faut s’adapter dès maintenant au changement climatique.
La France subit un réchauffement "plus important que le réchauffement moyen du globe" et "en l’absence de mesures réelles d’adaptation, n’est pas à l’abri de nouvelles catastrophes", après la canicule de 2003, a déclaré vendredi le sénateur Paul Vergès (communiste-Réunion).
Paul Vergès s’adressait à la presse en sa qualité de président de l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC). Il présentait à la presse le premier rapport de cet organisme qui a été mis en place en 2002 à son initiative pour sensibiliser pouvoirs publics, élus et opinion à la nécessité de s’adapter dès maintenant au changement climatique.
"La France est particulièrement exposée" et a déjà enregistré une hausse moyenne du thermomètre de 1 degré au 20ème siècle contre 0,6 sur l’ensemble du globe, a-t-il rappelé.

La canicule "se présentera de plus en plus souvent"

Paul Vergès a évoqué une prévision des scientifiques de l’ONU selon laquelle la température mondiale enregistrera une nouvelle envolée de 1,4 à 5,8 degrés d’ici 2100.
"Un réchauffement de 2 degrés du globe se traduirait en France par un réchauffement de 3 degrés ou dans le cas le plus pessimiste, un réchauffement global de 6 degrés par un réchauffement chez nous de 9 degrés", a-t-il dit.
Cela signifie que la canicule de 2003 "se présentera de plus en plus souvent", a-t-il ajouté.
Une première ébauche de stratégie d’adaptation, basée sur les travaux depuis février 2005 d’un groupe de travail interministériel, sera soumise "en juillet" à la consultation du public sur Internet (www.ecologie.gouv.fr), a précisé le directeur de l’ONERC, Marc Gillet.
"On n’est qu’au début de l’effort", a martelé Paul Vergès dans une référence à ces travaux. "J’espère que ce début annonce une accélération".


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