Un protocole d’accord inter-îles et Régions, sur le développement de stratégies durables d’autonomie énergétique, a été mis en avant

23 février 2007

Le réseau des îles compte bien plus que les sept Régions ultrapériphériques de l’Union européenne (que sont les quatre DOM français, les Açores, les Canaries et Madère) ou les pays de la Commission de l’Océan Indien (les Comores, Madagascar, Maurice, les Seychelles). En effet, cette alliance recense quatre mille territoires et cinq cent millions d’habitants. En outre, ce réseau dispose d’une biodiversité très riche.
Le protocole d’accord constitue un nouvel exemple de la volonté des îles de réagir devant les conséquences des effets du réchauffement climatique. En effet, le Colloque Réunionnais, sur les stratégies d’autonomie en Energie pour les îles qui s’était tenu du 26 octobre au 4 novembre 2005 avait débouché sur un partenariat inter-îles.
Le texte présenté hier reconnaît : « La modestie de chaque territoire et populations insulaires, qui requiert des stratégies énergétiques alternatives, mais qui donne aussi aux îles le statut de “laboratoires” pour expérimenter à des échelles spatiale, temporelle et économique réduites les stratégies énergétiques mondiales et durables du futur. »
Il décide de partager les connaissances entre les îles pour ce qui est des énergies renouvelables et de la maîtrise de l’énergie. En outre, il met en avant la volonté de tendre à des stratégies d’autosuffisance énergétique.
Un tel accord prépare, dans le bon sens, la tenue du Colloque sur les îles d’Europe et du monde que le Conseil Régional va organiser en avril 2008 à La Réunion, en partenariat avec l’UICN, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

Un volontarisme partagé mais avec des disparités énormes de moyens

Lors de son discours de clôture, le Président Paul Vergès a remercié par ces mots l’assistance : « Grâce à vous, la Région a reçu beaucoup plus qu’elle n’a donné ». Il faut dire que les échanges ont été de haute tenue pendant les deux jours de manifestations. En outre, plus de trois cents scolaires ont pu voir des films sur le thème, visiter les expositions ou assister aux conférences. Si l’on y ajoute le reste du public, c’est mille personnes qui ont participé à ces rencontres. Comme l’a indiqué le Président de la Région, une telle longueur de colloque et la participation, aussi bien qualitative que quantitative, auraient été impensables il y a quelques années seulement.
En outre, Paul Vergès a rappelé les désastres qui résultent de l’inaction en citant le cyclone Katrina, qui a dévasté la Nouvelle-Orléans il y a quelques mois. L’impréparation dans ce domaine ne serait pas une faute, mais une erreur politique majeure.
Cependant, les délégués venus de Madagascar, de Maurice et des Comores, ont rappelé, par leur intervention, à quel point les îles de l’Océan Indien ne peuvent que « jouer collectif » dans ce domaine. En effet, si la déléguée mauricienne avait de nombreuses actions à citer qui avéraient de la réalité de la prise en compte du développement durable, les représentants comorien et malgache avaient un bilan beaucoup plus maigre. Comme le soulignait l’ONU il y a quelques jours, l’Afrique est un des continents qui souffrent le plus du réchauffement climatique alors qu’il est celui qui pollue le moins par habitant. Si l’on appliquait le principe pollueur-payeur, les États du Nord ne feraient que leur devoir en fournissant aux pays du Sud des aides pour qu’ils mettent en place des programmes en faveur de l’environnement.
La Réunion a déjà entamé une réflexion importante sur ce thème par le biais de l’accord inter-îles. Est-ce que le ou la futur(e) président(e) de la République aura le courage de faire passer, dès son arrivée au pouvoir, la part de l’Aide Publique au Développement de 0,5% à 0,7% du revenu national brut ? Par cette augmentation, il ou elle pourrait financer de nombreuses actions en faveur de l’environnement...

Matthieu Damian


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