Avant la dernière séance plénière, deux chefs d’État s’expriment devant ’leurs’ journalistes

Vendredi à 23 heures : l’Occident tente de faire croire que la conférence est finie

21 décembre 2009, par Manuel Marchal

Retour sur la manière dont l’Occident a utilisé l’ONU et les médias à son service pour tenter de faire croire au monde que la Conférence s’est conclue vendredi soir sur un ’Accord de Copenhague’. Il restait pourtant une séance plénière où tous les pays représentés à Copenhague avaient la possibilité de s’exprimer.

C’est le vendredi 18 décembre à 23 heures que l’Occident a annoncé la fin de la conférence en utilisant une tactique en trois mouvements.
À 22 heures, l’Union Européenne annonce une conférence de presse dans une des deux salles du Bella Center affectée à ce type de rencontre. À 22h30, un représentant de l’UE apparaît pour dire que la conférence allait commencer une fois finie la rencontre des chefs d’État et de gouvernement (conclue sans Lula, ni Dimitri Medvedev, partis depuis déjà quelques heures). Le délai annoncé : entre 10 et 15 minutes.
À 22 heures 45, le représentant de l’Union Européenne affirme que la conférence de presse aura lieu dès que possible, et donne la seule certitude : sa délégation a réservé la salle pour pouvoir en disposer au moment de son annonce.
Pendant ce temps, les présidents de la France et des États-Unis mettaient la dernière main à leur intervention.

Nicolas Sarkozy dévoile en français l’accord sur I-Télé

Le premier à parler a été Nicolas Sarkozy vers 23 heures sans qu’aucune annonce officielle n’ait été faite préalablement. Le président de la République s’est exprimé en français devant quelques journalistes dans une déclaration relayée par I-Télé. Il donne les grandes lignes de l’accord, qui sont pour l’Europe une baisse de 30% d’ici 2020, sous réserve de la publication d’engagements d’autres pays, et un engagement financier pour les pays les plus vulnérables. Il annonce que l’accord est prêt à être signé et qu’il se fixe comme objectif deux degrés d’augmentation de la température moyenne de la Terre.
Le président de la République se tient derrière un pupitre où est écrit en français "Copenhague", avec en français la date "vendredi 18 décembre". Et derrière lui figurent les drapeaux de la France et de l’Europe, comme dans tout discours officiel d’un membre du gouvernement français ou du président de la République.
Vient ensuite la question, elle est posée en français par un journaliste français alors que la langue de la conférence est l’anglais. Manifestement, cette déclaration était réservée à un auditoire franco-français.

Barack Obama en anglais devant des journalistes invisibles

Quelques minutes plus tard, de manière toute aussi imprévue, c’est Barack Obama qui s’exprime en anglais devant des journalistes qui n’apparaissent pas dans le champ de la caméra. Derrière le président des États-Unis se trouve le drapeau de son pays. La déclaration du président des États-Unis passe directement sur le signal du diffuseur de la conférence. Il annonce un accord, et qu’avec les États-Unis, le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud ont adopté un texte commun.
« Ce que nous avons réussi à Copenhague est le début d’une nouvelle action », poursuit le président des États-Unis. Ce dernier poursuit sa déclaration par une série de réponses à des questions posées par des journalistes invisibles. Il conclut en affirmant que l’essentiel est fait, qu’il ne reste que quelques questions techniques et qu’il quitte Copenhague. Barack Obama annonce que le représentant de son pays a toutes les délégations pour signer le document au nom des Etats-Unis.
Cette tactique en trois mouvements de l’Occident se conclut à 23h40. À aucun moment n’est apparu un responsable de l’ONU, pourtant organisatrice de la conférence. Pendant ces deux déclarations, le drapeau de l’ONU et du pays hôte étaient aussi absents, alors qu’ils sont sur le podium de la tribune officielle.
C’est ainsi que l’Occident est apparu comme celui qui a sifflé la fin de la partie à Copenhague, ce vendredi 18 décembre à 23h40.

M.M.

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