L’Alliance bolivarienne pour le développement des Amériques indignée par le fond et la forme du texte proposé pour conclure Copenhague

L’ALBA appelle les peuples à résister

19 décembre 2009, par Manuel Marchal

La Bolivie, Cuba, l’Équateur, le Nicaragua et le Venezuela, réunis au sein de l’ALBA, ont donné leur position hier après-midi au moment où se tenait la séance plénière extraordinaire convoquée par la présidence de la Conférence. Aucun pays de l’ALBA ne signera le document proposé à l’issue d’une réunion d’une vingtaine de pays la nuit précédente. « Nous ne pouvons pas être d’accord avec ce que nous ignorons », a précisé Hugo Chavez. Outre cette violation de la Charte des négociations, l’ALBA constate que les propositions de ce document condamnent les peuples les plus vulnérables.

Dans la nuit de jeudi à vendredi à Copenhague, une vingtaine de pays ont élaboré un document prévoyant une déclaration politique, et un objectif à atteindre : ne pas dépasser deux degrés d’augmentation des températures.
Hier après-midi, l’Alliance bolivarienne pour le développement des Amériques, ALBA, a dénoncé aussi bien sur le fonds que sur la forme cette proposition, par la voix des présidents du Venezuela et de la Bolivie, du vice-président de Cuba, et de représentants de l’Équateur et du Nicaragua.
Sur la forme, Hugo Chavez, président du Venezuela, affirme que « nous avons un texte qui vient de n’importe où, nous ne pouvons pas accepter ce que nous ignorons ». Évo Moralès, président de la Bolivie, constate qu’une vingtaine de pays excluent le reste. « Ce qui est proposé, une hausse de deux degrés, c’est éliminer les îles. C’est une proposition que nous ne pouvons pas accepter ».

« Nous allons planter beaucoup d’arbres »

Le chef d’État de la Bolivie avance les propositions de l’ALBA : « c’est 80%, voire 100% de réduction des émissions de gaz à effet de serre à terme ». « Nous voulons créer un tribunal pour la justice climatique », poursuit-il, afin de faire assumer à chacun ses responsabilités dans la catastrophe du changement climatique.
Hugo Chavez appelle à un référendum mondial sur le Climat, et invite à la mobilisation « les peuples d’Europe, des USA, d’Afrique, les jeunes qui sont l’avenir ». La crise, ce n’est pas seulement le climat, ajoute le président du Venezuela, « c’est aussi la misère, le chômage, l’exploitation des peuples ». Hugo Chavez met aussi le doigt sur la déforestation, et affirme que « nous allons planter beaucoup d’arbres, nous allons augmenter l’effort pour prendre soin de Terre-mère ».
Évo Moralès abonde dans ce sens et met le doigt sur le fond du problème, la nécessité de changer de système économique pour relever le défi de la lutte contre les changements climatiques. « Quelle est l’origine du changement climatique ? C’est le capitalisme qui a provoqué la crise ». Il prône pour un mode de vie en harmonie avec la Terre-mère.

Le respect d’un principe

En conclusion, Hugo Chavez souligne la progression de l’alternative au capitalisme. « Nous avons Cuba qui depuis 50 ans lutte contre le yankee, au Venezuela nous avons commencé la transition depuis 5 ans, la Bolivie et l’Équateur ont entamé la transformation de manière plus récente, quant au Nicaragua, il renoue avec le programme du sandinisme », précise le président du Venezuela. Il rappelle que l’ALBA a commencé voici 5 ans, avec seulement deux pays, Cuba et le Venezuela. Aujourd’hui, l’ALBA est composée de cinq pays et elle fait avancer un projet alternatif au capitalisme, ajoute Hugo Chavez.
L’ALBA reste donc mobilisée pour défendre les droits des plus démunis dans cette négociation très difficile, et condamne la violation des principes de la négociation par les auteurs d’un texte produit pendant la nuit en excluant la majorité des pays.
« Il n’y a pas deux catégories de chefs d’État comme il ne peut y avoir deux catégories d’être humains », précise Évo Moralès.
L’ALBA restera ferme sur cela, c’est une question de principe, de respect de la dignité humaine.

Manuel Marchal


« Vous pouvez nous couper l’électricité, nous continuerons à parler »

L’emploi du temps a été totalement bouleversé hier. Et la conférence de presse de l’ALBA a débuté avec du retard. Au moment où le prochain locataire de la salle a commencé à frapper à la porte, il a été demandé à l’ALBA d’abréger. Cela a suscité la réaction indignée d’Hugo Chavez. « Si on veut nous déloger, que l’on fasse venir la police », a-t-il dit en posant sa main sur l’épaule d’Évo Moralès. « Moi et mes camarades nous allons rester là », a-t-il dit en substance, « vous pouvez nous couper l’électricité, nous continuerons à parler ».


La révolution énergétique à Cuba

Esteban Lazo Hernandez, vice-président de Cuba, a brièvement présenté une partie de la contribution de son pays à la lutte contre les conséquences du changement climatique. Une partie du pays est durement touchée par la sécheresse depuis 10 ans, alors il a été décidé de construire des retenues collinaires, précise le vice-président. « Nous avons 10 millions de mètres cubes de retenues pour lutter contre la sécheresse », a-t-il poursuivi.
Esteban Lazo Hernandez a aussi expliqué que son pays mène depuis des années une campagne pour maîtriser la consommation d’énergie et promouvoir les énergies renouvelables. Ces efforts commencent à porter leurs fruits, et placent Cuba sur la voie du développement durable.

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