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par le Dr Raymond Vergès

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Les PAM, une filière prometteuse en plein développement

7e CIPAM

jeudi 8 novembre 2012


Le 7e Colloque International sur les Plantes Aromatiques et Médicinales et des régions d’outre-mer réunit en ce moment près de 200 professionnels, chercheurs, acteurs économiques, industriels, praticiens traditionnels, décideurs autour de structuration et du renforcement de cette filière en plein développement.


La filière Plantes Aromatiques et Médicinales (PAM) des régions d’outre-mer connaît un tournant depuis quelques années avec l’inscription en cours de ces plantes dans le répertoire de la pharmacopée française. Ceci a été permis par un ensemble de lois qui permet de structurer une filière traditionnelle qui jusqu’à peu fonctionnait sur un savoir empirique transmis entre générations. La recherche menée conjointement dans tout l’outre-mer permet d’inscrire et d’étudier une quinzaine de plantes par les régions. Cette filière pourrait être un facteur de développement économique important dans ces territoires fortement touchés par le chômage. En effet, autant pour la production que pour la transformation, pour la recherche et pour l’innovation, tout reste ouvert. Ce 7e CIPAM est l’occasion pour tous les acteurs de se rencontrer, de partager et de fédérer les savoirs.

“Témoignages” donne la parole à quelques acteurs de ce colloque.

Près de 200 participants de 22 nationalités participent aux différents ateliers de ce 7e CIPAM

Rassembler les compétences au service d’une filière naissante

Claude Marodon est docteur en pharmacie, il est président l’association pour les plantes aromatiques et médicinales de La Réunion.

L’APLAMEDOM Réunion est l’organisatrice de ce 7e CIPAM sur l’île, le 2e depuis sa création. L’association existe également en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, en Nouvelle-Calédonie et aujourd’hui à Mayotte constituant ainsi un réseau dans l’Outre-mer. Le colloque réunit près de 200 personnes de 22 pays autour des résultats de toutes les études lancées depuis 12 ans afin de constituer les premières listes de médicaments qui seront inscrits à la pharmacopée française. Il permet de rassembler les compétences les recherches afin d’obtenir un consensus et une meilleure connaissance des plantes afin de pouvoir constituer une filière aussi bien de production que de transformation. L’APLAMEDOM est un outil technique à destination de cette filière naissance. Une directive européenne limite l’utilisation des plantes à celles inscrites, notre démarche s’inscrit dans ce processus qui nécessite une connaissance complète de la plante assurant ainsi au consommateur une meilleure sécurité. «  On espère que 80% des plantes de l’Outre-mer présentées seront inscrites. Chaque région présente une quinzaine de plantes, La Réunion a par exemple présenté le Ayapanna, le Bois de reinette, l’Ambaville et les Fleurs jaunes. La Réunion peut compter avec l’Université, le CIRAD, le CIROI, le Conservatoire des Mascarins, d’outils dont nous pouvons être fiers » .
Développer les filières cosmétiques et de compléments alimentaires

Le Docteur Henri Joseph est pharmacien. Il a choisi de vendre sa pharmacie afin de créer son entreprise de cosmétiques et de dérivés alimentaires à base de plantes médicinales, Phytobokaz en Guadeloupe.

Il fait partie du noyau fondateur des CIPAM, de l’APLAMEDOM Réunion et L’APLAMEDAROM. L’objectif est de permettre le développement des PAM dans l’ensemble des Outre-mer. « Depuis 2 ans, nous agissons pour inscrire les plates d’outre-mer dans la pharmacopée française ce qui permettrait leur vente en pharmacie. Cela représente 10 ans de batailles juridiques et 4 lois qui permettent aujourd’hui la reconnaissance des ces plantes. Une soixante de plantes seront ainsi inscrite. Il y aura par exemple la goyave qui est commune à La Réunion comme à la Guadeloupe dont la feuille est connue comme anti-diarrhéique, les recherches scientifiques menées ont pu prouver qu’il existe dans la goyave des substances capables de diminuer les mouvements de l’intestin et qu’il existe de plus dans les feuilles de goyaves dont capable d’inhiber la croissance des bactéries qui sont pathogènes en cas de diarrhée. Les recherches ont pu ainsi amener des preuves scientifiques de l’efficacité de la goyave. De même que pour les 15 autres plantes présentées. Actuellement les démarches pour la pharmacopée sont encore en cours, c’est pour cela que nous avons choisi de développer une gamme cosmétique et de compléments alimentaires dont les contraintes sont moins lourdes. C’est d’ailleurs un conseil que je donne au Réunionnais de développer ces filières, il y a par exemple quelque chose à faire en commercialisant les eaux florales, qui sont considérées ici comme des résidus de l’huile essentielle. Pour moi, c’est une quantité d’argent phénoménale qui est perdue ainsi » .

Le Docteur Henri Joseph interviendra sur "l’or vert, un nouveau défi pour l’Outre-mer français". Il s’agit de ne pas s’arrêter aux plantes médicinales et aromatiques, mais de voir tout ce qui est valorisable dans la plante. Il abordera les niches qui n’ont pas encore été développées.
Une tisanerie raisonnée grâce à une agriculture harmonisée

Jean-Jacques Sillon est tisanier dans l’Est, c’est un amoureux de la nature et des plantes. Il est vice-président de l’APLAMEDOM et technicien pour l’ADDAPAM qui se compose de la CAHEB, l’APLAMEDOM et la coopérative Provanille.

« Je suis conscient de l’impact de notre comportement sur la nature. Mon but en tant que tisanier est de trouver de solution pour soulager les maux de la société comme de ceux de l’humain. Pour moi, c’est une passion. Pour une tisanerie raisonnée, nous devons mettre en place un suivi de culture de nos plantes médicinales afin de préserver la ressource. Je pratique une sorte de culture harmonisée en respectant à la fois les plantes de l’endroit et celles que j’ai plantées. C’est une façon aussi d’amener un sens à la vie, au vivant, de vivre dans le respect de soi et des autres. C’est un savoir que nous avons, traditionnellement, il faut le réintégrer dans les familles, car c’est un vecteur d’harmonie ».
Les épices et aromates, plus qu’un atout culinaire un atout santé,

Murielle Biabiany est docteure en phytochimie et membre de l’APLAMEDAROM. Elle est responsable de la recherche & développement des nouveaux produits chez Phytobokaz en Guadeloupe.

Elle a choisi de parler lors de son intervention d’épices moins connues et moins valorisées que le curcuma, le gingembre et le piment. Beaucoup d’épices ont des vertus anti-oxydantes, anti-inflammatoires et elles ont l’avantage de pouvoir être utilisées quotidiennement, dans nos assiettes ou dans nos jus, bien qu’on y pense moins facilement. Une feuille ou une épice ajoutée à un jus permet d’en récolter tous les bénéfices.

6 épices ont été détaillées : l’herbe à fer, le bois d’inde, à La Réunion quatre-épices, arbre originaire des Antilles, les graines de papaye que l’on utilise peu alors qu’elles ont des propriétés intéressantes, l’atoumo, la fleur de mai (nom guadeloupéen), une plante ressemblant au curcuma, mais dont la nervure est rouge et le calou pillé peu connu en Guadeloupe en dehors des descendants indiens, qui a "milles" vertus : anti-inflammatoire, anti-ostéoporose, anti-amnésique, c’est un excellent tonique qui a des propriétés très intéressantes dans les applications de gestion lors d’un prè-diabète de type 2.
Les ressources naturelles tropicales peuvent aider au développement économique de l’île

Élisabeth Peguillan est directrice de la Technopole de La Réunion et de l’incubateur régional.

La Technopole est un partenaire historique du CIPAM. Elle a animé une table ronde sur le sujet "de la recherche à la création d’entreprises pour une valorisation économique des PAM" organisée conjointement par le Pôle de Compétitivité Qualitropic. L’incubateur suit 7 porteurs de projets dans le domaine des PAM ce qui prouve que les ressources naturelles tropicales peuvent aider au développement économique de l’île. Comme exemple concret, on peut citer Marion Lachronique qui vient d’ouvrir une boutique de vêtement coloré de manière naturelle en partie avec des produits de La Réunion.

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