À propos de la rentrée...

1.000 lycéens expulsés aujourd’hui

22 août 2006

243.000 Réunionnais regagnent leurs écoles, de la maternelle à l’université. Malheureusement, cette année encore, 1.000 malchanceux se sont vus congédier dans les établissements par faute de places. C’est ce que l’on appelle ’l’égalité des chances’...

Les parents d’élèves ne décolèrent pas, et cela se comprend. Depuis de nombreuses années, ils n’ont cessé de décrier ce problème récurrent. À chaque rentrée, des élèves sont reconduits, faute de places. Au mieux, les élèves sont réorientés “contre leur gré” dans des sections étrangères à leur souhait initial. Ce sont surtout les lycées professionnels qui sont concernés, mais il n’est pas dit que certains lycées d’enseignement général connaissent aussi la même tendance. On sait toutefois que plusieurs centaines, presque un millier d’élèves, sont dépourvues d’affectation scolaire. Bonjour l’égalité des chances ! Merci la démocratisation de l’école.
Les failles sont donc bien visibles. Que vont donc devenir ces élèves laissés de côté ? Est-ce raisonnable, surtout lorsque les chiffres du chômage réunionnais entretiennent un triste record ? La Coordination des Parents d’Élèves et des Éducateurs de Saint-Denis (CPEE) demande "la mise en place d’une véritable politique de formation et d’orientation permettant d’offrir un emploi aux jeunes pour répondre aux besoins de la région Océan Indien". Déjà, il importe que les formations proposées soient réellement dans le vent du marché, corrélées à la demande des entreprises et des besoins de services spécialisés.
Pourquoi ne pas développer, par exemple, la filière carrière sanitaire et sociale ? Ou encore, pourquoi ne pas étendre la carte de formation pour le secteur de la petite enfance, alors que seulement 2 lycées (Saint-Benoît et Le Port) proposent le Bac Pro service aux personnes. Bref ! il reste beaucoup à faire pour que la formation à La Réunion soit optimisée et percutante. Attendons les prochaines années...

Les petites écoles ferment

"Chaque année aussi, on entend parler de fermeture d’école, mais quand ça tombe sur vous, sur votre quartier, on le vit difficilement", explique une maman de l’Îlet Quinquina. Les parents d’élèves et les enseignants s’inquiètent de la fermeture progressive de petites écoles des écarts. Saint-François 9, Saint-François 4, maintenant celui de l’Îlet Quinquina, c’est la vie même des quartiers qui se trouve chamboulée par des décisions administratives.
Pour la CPEE, cela vient d’un processus rôdé, passant par la dérogation géographique, la baisse des effectifs et enfin par la diabolisation des classes à plusieurs niveaux, qui ne seraient pas recommandées sur le plan pédagogique. Ce n’est pas vrai. L’histoire se renouvelle à l’Îlet Quinquina. Première étape : une trentaine d’enfants est transférée à l’école primaire de Domenjod. L’école du petit coin charmant fermera ses portes en mars 2007, ce qui a de quoi ravager les parents d’élèves de la localité qui se réservent des actions choc pour être entendus. Aujourd’hui, c’est devant l’école de Domenjod qu’ils se donnent rendez-vous. "Pas d’école pour Quinquina, pas d’école pour Domenjod". Avec un tel slogan, le Maire daignera-t-il s’expliquer avec les parents d’élèves ?
Il faut dire que le dossier Îlet Quinquina compte le problème de l’endiguement de la ravine. Le quartier est d’ailleurs situé en zone à risques. Peut-être que l’école et le quartier seraient sauvés si l’endiguement se faisait. C’est un tout autre problème certes, mais qui bouscule fortement la rentrée dans cette petite école de 70 élèves, amputée d’une trentaine d’entre eux. Les élèves seront donc à Domenjod. Les salles de classes sont-elles de qualité ? La CPEE exige le maintien des 3 classes de l’Îlet. C’est déjà peine perdue !

Un internat ouvert

40% des places d’internat sont inutilisés. Ce n’est donc pas l’offre de places qui manque pour les élèves réunionnais. Les internes rentrent chez eux pour le week-end, ce qui est totalement normal. Mais ne serait-il pas judicieux de laisser ouvert 1 ou 2 internats en fin de semaine et pendant les petites vacances ? Les élèves venant de Mafate, de Mayotte, ou français de l’étranger n’ont où aller durant ces jours de repos. Si les Mafatais sont accueillis chez un proche ou dans des familles d’accueil, que les Mahorais profitent des pensions de familles, "rien n’est prévu pour les Français de l’étranger qui poursuivent leurs études dans les lycées de La Réunion", déplore la CPEE. Affaire à suivre...

Willy Técher


À propos de l’Îlet Quinquina

C’est la volonté de la Mairie

Loin de houspiller le Rectorat, les parents d’élèves entendent comprendre ce que l’on compte faire de leur quartier, de leur histoire, de leur école, de leur vie. La Mairie, après les pluies diluviennes du début de l’année, choisit de faire sortir les familles. Du moins, c’est ce qu’elle espère faire. Les familles de l’Îlet Quinquina attendent de pied ferme qu’on leur fasse entendre le moindre signe de délogement de leur quartier. Les signes avant-coureurs sifflent pourtant. D’abord l’école, et puis au fur et à mesure, un relogement dans on ne sait quelles conditions. Basta, l’affaire est pliée. Le Député-maire René-Paul Victoria n’a pour l’instant daigné rencontrer les administrés de cette localité de Saint-Denis. "L’adjointe de quartier dit ne pas savoir les intentions municipales, mais le directeur de l’école de l’Îlet Quinquina affirme que la fermeture de l’école, c’est la volonté de la Mairie", explique Patrick Damour, porte-parole des habitants de l’Îlet Quinquina. Pour lui, la seule solution, et la moins onéreuse, serait d’effectuer l’endiguement de la ravine, qui fait de l’Îlet Quinquina une zone à risques. Endiguée, cette ravine ne gênerait pas à la bonne vie d’administrés dionysiens, ni leur sécurité ?
Patrick Damour notait par ailleurs que le coût du relogement des 62 familles de l’Îlet Quinquina serait bien plus élevé que faire les travaux pour contenir les eaux. Nos pages sont ouvertes à toutes explications, si bien sûr la Mairie daigne s’expliquer sur ses réelles intentions. Peut-être compte-on faire de l’Îlet un seul cadre boisé, pour les pique-niques des Réunionnais et le repos des touristes fortunés. "Banna i prandré bien nout kad de vi, parské isi i fé bon viv. Soman mi vé pa, sa sé tout mon vi sa. Lékol, moin la parti isi. Moin la aprann a lir, ékrir, konté isi. Aprésa, sat moin lé dévni, sé gras à ti lékol là. Zordi zot i vé tiré, soman ni mazine po kwé nou ; é si banna i kroir zot va tir anou isi, zot i tronp azot bien, ni kit arpa fèr", dit encore l’un deux. Aujourd’hui, c’est devant l’école de Domenjod que les parents de l’Îlet crieront leur agacement général. Peut-être seront-ils entendus...


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