Accueil des 1.000 nouveaux professeurs

4 heures pour savoir

20 août 2005

L’amphithéâtre Cadet était plein à craquer hier. Non, non, il ne s’agit pas d’étudiants assoiffés de savoir, mais plutôt d’une petite mise en condition pour cohorte fraîchement débarquée. Cours d’Histoire et précise sociolinguistique, pour mieux appréhender la société réunionnaise ?

4 heures, c’est un cours light, pour connaître La Réunion. On s’imagine que les enseignants, accueillis en fanfare par l’Académie de La Réunion, ont pu cerner toute la pertinence de l’Histoire. Et, quelle Histoire ! Souhaitons que l’homme en charge de faire toute la lumière sur La Réunion aura été de poids.
L’année dernière, l’écrivain réunionnais Axel Gauvin participait à cette mise en lumière. Son verbe, mais surtout son travail en faveur de la langue créole, lui donnait le loisir de donner un premier précis de linguistique créole. Cette année, c’est Daniel Vaxelaire, qui s’est attelé à cette tâche.
Peut-être pourrait-on regretter le manque de légitimité scientifique. L’académie de La Réunion aurait pu faire appel à Sudel Fuma, Prosper Eve, Carpanin Marimoutou, bref, des scientifiques réunionnais. Mais bon, ne dénigrons pas cet effort académique. Il est louable.

Mieux comprendre l’élève réunionnais

Mardi, les enseignants seront directement confrontés au problème de langue. Nous ne pourrons que saluer l’intervention de l’inspectrice de l’éducation nationale, Evelyne Pouzalgues, qui s’est positionnée pour le respect de la langue créole réunionnaise. Mais elle rappelle que « le français est la langue d’enseignement ; son apprentissage passe par la reconnaissance du créole en tant que langue, et non pas comme une déformation du français ».
Les professeurs fraîchement arrivés seront sûrement confrontés à des problèmes de compréhension de la part des élèves, selon l’endroit où ils vivent, leur âge. Evelyne Pouzalgues note que cela est d’autant plus vrai dans certaines classes de maternelle, la petite section par exemple.
Dès l’entrée à l’école, certains professeurs observent que ces enfants ne détiennent que leur langue maternelle. Normalement, une circulaire recommande l’accueil de ces enfants dans leur langue maternelle, pour qu’ils parviennent à appréhender la langue de l’école, le français. Peut-être que ces professeurs détiennent déjà le créole !
Mais n’osons pas espérer l’impossible. Espérons seulement que ces derniers s’intègrent allègrement à la population réunionnaise, en ayant un regard sur notre culture, notre langue, notre art culinaire, pour mieux comprendre le public scolaire réunionnais, composé soit de Français de souche, mais surtout de Réunionnais de tous abords culturels. Parler du créole, oui. Mais parle-t-on des élèves de l’immigration comorienne, mahoraise, ou encore malgache ? Parle-t-on de ce qui sera enseigné ?
Quelle est donc la place de La Réunion dans les programmes ? Tout porte à croire que cela relèvera de l’initiative individuelle. Entre-temps, l’arrivée de ces professeurs soulève quelques questions au sein même de la “grande famille” éducative de l’île.
Par exemple, pourquoi recruter ailleurs autant de professeurs, alors que certains titulaires, ici, sont toujours classés au rang de remplaçants ? D’autant nous, dit-on, qu’avec un tel recrutement massif, on est pas à l’abri de quelques « briscards en quête de vie chère pour... future retraite paisible ».
Une discussion, prise en vol devant les portes de l’amphi Cadet, était à ce sujet éloquente. Deux compères s’entendaient à dire que tout cela était inutile. En effet, « pourquoi parler de La Réunion, alors que ces élèves auraient surtout besoin d’un double programme sur La France, la grande ? ». De quoi s’interroger.

Bbj


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Témoignages - 80e année


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