L’instant éducation

Aller à l’école pourquoi faire ?

19 août 2013

À quoi sert l’école, si au sortir de 10 à 13 années d’étude, les jeunes ne trouvent pas leur place dans la société, condamnés à pointer à Pôle Emplois ? Selon les chiffres officiels, 69% des jeunes de moins de 25 ans, sortis du cycle scolaire se trouvent au chômage. Ce vide est dangereux, car il y a encore 260.000 sur les bancs de l’école. Il y a bien une inadéquation entre l’école et la société. Il est nul de répéter à chaque rentrée scolaire que l’ « école a pour but final de rendre chaque individu autonome et capable de s’insérer dans la société dans laquelle il évolue. »

Suite de l’article du samedi 17 août 2013 : rentrée scolaire : un consensus réunionnais

Le lien formation - emploi

Dans le passé, l’école était au service d’une minorité, mais à côté, l’emploi ne manquait pas. Il y avait bien une inégalité de traitement, mais les jeunes n’étaient pas abandonnés. De nos jours, quand les enseignants croisent leurs anciens élèves c’est pour s’entendre dire qu’ils sont au chômage. Et, c’est dans le cercle fermé des familles que les problèmes éclatent avec plus ou moins de violence. Le sentiment d’inutilité devient insupportable, et rejaillit sur le mental des plus jeunes.

Si à l’époque de nos ainés, le manque de formation et le chômage n’étaient pas liés, aujourd’hui il y a une corrélation très forte entre ces deux facteurs. En effet, il est prouvé que moins les jeunes sont formés, moins le niveau de leur diplôme est élevé, et moins ils trouvent leur place sur le marché du travail. Former plus de Réunionnais et les aider à atteindre un niveau d’étude plus élevé est donc une nécessité.

Lier l’offre à la demande

Un autre point est l’étroitesse du marché du travail. Il n’est pas rare d’entendre des enseignants et des responsables de la société civile et politique évoquer ce phénomène comme naturel. Nous vivons bien sur une île. Mais l’étroitesse du marché n’est pas seulement une question de géographie. La suppression du train, la disparition des usines sucrières, la fin du vétiver et du géranium, la fermeture des manufactures, la suppression des emplois sur les docks, la déportation massive des jeunes Réunionnais en France... sont le résultat de décisions malheureuses qui, aujourd’hui, privent nos jeunes de « bassins d’emplois ».

Aujourd’hui, la plus grande majorité de nos besoins est couverte par des importations. Nous importons du travail fini et nous payons donc les travailleurs extérieurs. Ce dernier point est particulièrement sensible dans les administrations publiques. Les jeunes de l’AJFER se battent contre cela. L’école est face à une question : ou bien elle est efficace, il n’y a donc aucune raison de priver nos jeunes des postes créés sur place. Ou alors elle est nulle, alors elle doit se remettre en cause.
En tous cas, la situation actuelle nous laisse peu de perspective. A minima, il est possible de prévoir les besoins en terme d’emploi et de former une main-d’oeuvre en conséquence. C’est ce qui s’est passé pour la construction de la route des Tamarins. Il en est de même pour le tram-train où le lycée de Sainte-Suzanne avait organisé ses filières de formation en fonction de ce gigantesque chantier ; ils ont dû changer en pleine année scolaire à cause de problèmes politiques ! La classe éducative n’a rien dit.

Sur ce modèle, il est impératif de ne pas gaspiller la main-d’oeuvre disponible. Le PCR demande de faire le bilan des besoins dans tous les domaines, public et privé, afin de prévoir les formations adéquates. Il est aussi nécessaire que les projets d’envergures ne soient plus stoppés à chaque changement de direction d’une collectivité.

Une université d’excellence pour la zone

Le PCR prône également la réalisation d’une Université de l’Océan Indien. Il s’agit d’apporter aux jeunes de la zone une solution adaptée à leur parcours, mais aussi les préparer à assumer ensemble l’avenir d’une zone géographique riche de ressources naturelles, en plein dynamisme démographique et où vivent des populations partageant des cultures communes. Une sorte d’Union européenne de l’océan indien.

L’École doit anticiper et s’adapter à ces changements prévisibles. La priorité doit être donnée à la connaissance sur la place que nous devons occuper dans ce grand espace. Il faut multiplier les échanges avec nos voisins dans un rapport convivial et de qualité, mais pas dans la rivalité.

 Julie Pontalba 

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