SE-UNSA

« C’est la fin des bonnes conditions d’enseignement »

21 août 2008, par Edith Poulbassia

Pour le syndicat SE-UNSA, l’Etat est en train de dépouiller l’école des moyens d’assurer ses missions, malgré la mise en place d’un accompagnement scolaire pour les élèves en difficulté au primaire et au collège.

Le SE-UNSA ne partage pas l’enthousiasme du rectorat pour cette rentrée. « Il n’y a pas eu d’événement majeur, on ne peut pas dire que ce soit catastrophique », constate Jean-François Riahle secrétaire départemental du SE-UNSA, « mais la situation n’est pas si idyllique ». Sur de nombreux points, le syndicat estime que les enseignants n’ont pas été entendus, et que l’Education nationale cherche à sauver les apparences en annonçant une meilleure prise en charge des élèves en difficultés. Aucune réflexion n’a été menée, aucun moyen n’est attribué, déplore le SE-UNSA.

A l’école primaire, les nouveaux programmes et la suppression de l’école le samedi n’ont pas fait l’objet de concertation. Et malgré le rejet du plan école primaire par les enseignants, il est appliqué dès cette rentrée. Pour le SE-UNSA, les enseignants ne sont pas prêts. Ce n’est pas deux heures de soutien scolaire par semaine qui résoudront le problème des élèves en difficultés.
Le syndicat craint une stigmatisation des élèves, et s’interroge sur le contenu à donner aux heures d’accompagnement scolaire, et la façon dont il faut s’y prendre. « Les enseignants sont-ils armés ? » demande Erick Chavriacouty. Les enseignants ont à la fois besoin d’aide, de temps et d’outils pour prendre en charge ces élèves. « On manque de réflexion par rapport à la difficulté scolaire », reconnaît-il. Des groupes de travail devraient se mettre en place au sein des écoles mais le SE-UNSA constate que rien n’est fait pour soutenir les enseignants.

Pour une vraie réflexion sur l’échec scolaire

A commencer par la formation. « Un an de formation en IUFM, c’est insuffisant », affirme Jean-François Riahle, les cas d’élèves en difficulté et le handicap ne sont pas assez abordés. A aucun moment l’Education nationale se demande « pourquoi les enseignants n’y arrivent pas avec la formation en IUFM ». De plus, « la formation continue se réduit comme peau de chagrin ». Pour 6500 enseignants du premier degré, il n’y aura que 200 heures de formation cette année, alors que chaque enseignant a droit à 36 semaines de formation tout au long de sa vie professionnelle.

Comment aider les élèves qui en ont le plus besoin quand les moyens accordés à l’école sont supprimés ? Pour le SE-UNSA, le gouvernement adopte une « politique d’économie purement idéologique ». 73 postes en moins pour cette rentrée dans le secondaire, ce qui contraint les établissements à recourir aux heures supplémentaires. « Certains enseignants se retrouvent avec des emplois du temps composés pour moitié d’heures supplémentaires », affirme Jean-François Riahle. Pour le primaire, l’académie n’a reçu aucune dotation cette année alors que la lutte contre l’illettrisme et la maîtrise du français sont des priorités. La scolarisation des enfants de 2 ans est cette année encore pénalisée.
Même logique d’économie pour les contrats aidés. Les collectivités locales n’ont plus les moyens. On l’a vu à Saint-Joseph et à Sainte-Rose, les écoles n’ont pu ouvrir leurs portes. Cependant, le syndicat estime qu’on « ne peut pas compter sur des emplois précaires pour assurer les missions de base de l’école », que ce soit les contrats uniques d’insertion ou les assistants d’éducation. Le service minimum d’accueil, dont la charge revient aux mairies, va pourtant dans ce sens. En cas de grève ou d’absence des enseignants à l’école primaire, des employés de la mairie garderont les élèves. « On cherche a faire des économies sur le remplacement des maîtres », affirme le syndicat.
Idem pour les assistants de vie scolaire des élèves handicapés. « Le rectorat a annoncé l’embauche d’une centaine d’assistants. Ce chiffre ne veut rien dire. Ils étaient déjà largement insuffisants. Nous n’avons pas eu de dotation supplémentaire pour le secondaire et les écoles doivent se débrouiller avec les contrats aidés qui sont moins nombreux cette année » souligne Catherine Hoarau, responsable du handicap et de l’intégration au SE-UNSA. Résultat pour ces élèves handicapés : un temps de scolarisation réduit.
Le SE-UNSA annonce déjà « un grand mouvement de protestation » en octobre prochain, au moment du vote du budget de l’Education nationale.

Edith Poulbassia


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