Ce que dissimule le nouveau Bac Darcos

4 février 2008

Après la réforme du Bac Pro, le ministre de l’Éducation envisage de fusionner les trois filières générales (scientifique, littéraire et économique). Avec quels objectifs cachés ?

Le Bac, diplôme général sanctionnant les études secondaires, est depuis des années le sésame incontournable pour accéder aux études supérieures. Plus de 200 ans après sa création, il s’est peu à peu démocratisé. En 1985, ils n’étaient que 29,4% d’une génération à l’obtenir, toutes filières confondues, mais 64,3% en 2006. En 1985, un bachelier faisait partie de l’élite, il serait aujourd’hui noyé dans l’océan des heureux élus. Positive pour les jeunes, cette démocratisation ne plaît pas à tout le monde. Devenu populaire, le Bac n’est plus le privilège des mieux lotis. D’où l’idée de le réformer. Plusieurs ont essayé, sans succès. Dernier en date : François Fillon, en 2005. Sa réforme de la loi d’orientation sur l’école prévoyait de troquer l’examen final contre un contrôle continu. Ce qui a provoqué un raz-de-marée lycéen sur le pavé. C’est au tour de Xavier Darcos de s’attaquer à ce diplôme.
Premier projet annoncé, la réforme du Bac Professionnel. Preparé en 4 ans actuellement, le ministre prévoit de réduire ce temps d’une année. L’actualité d’aujourd’hui porte sur la refonte des filières générales du Bac : scientifique, littéraire et économique. Elles seraient supprimées et remplacées par un tronc commun accompagné d’options. Les lycéens suivraient 5 matières obligatoires, toutes les autres, optionnelles, participant de la spécialisation du lycéen.
Parents, professeurs et élèves sont nombreux à s’inquiéter de cette réforme. Beaucoup redoutent un cercle vicieux : le panel des options proposées par un établissement pourrait dépendre du budget qui lui est accordé. Or, ce budget lui-même pourrait dépendre du taux de réussite au Bac. Pour résumer, certains lycées proposeront beaucoup d’options et d’autres moins. Conséquence, certains seront enviés et d’autre fuis. La carte scolaire étant en cours de suppression, la concurrence entre les élèves et entre lycées sera d’autant plus forte. Résultat prévisible : la mise en place de lycées élitistes, d’un côté, et de lycées ghettos, de l’autre. Soit une école à deux vitesses.
Le gouvernement penche-t-il vers une éducation de qualité pour tous ? Ou vers une éducation visant la rentabilité ? En plus de la réforme du Bac Professionnel, la loi de Finance 2008 prévoit déjà 11.200 suppressions de postes dans l’Éducation nationale. Une logique d’économie sur l’éducation qui touche aussi le supérieur. En octobre, la loi d’autonomie des Universités mettait des milliers d’étudiants et de lycéens dans la rue. Laissant les Universités aux mains des entreprises, elle acte du désengagement financier de l’État amenant à la privatisation de celles-ci. Comment, dans ces conditions, parler d’amélioration de l’éducation ?


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