Journée Internationale de l’alphabétisation

Chapeau bas pour ces courageux apprenants

9 septembre 2006

Précurseur dans la célébration de la Journée internationale de l’alphabétisation, l’AMAFAR-EPE célébrait les apprenants, des parents et grands-parents qui ont décidé de se prendre en charge, d’apprendre à lire et à écrire.

L’AMAFAR-EPE a pour métier premier d’accompagner les familles. Autour des notions de conjugalité et de parentalité, cette association propose un regard spécifique sur l’illettrisme. Sans se substituer aux centres de formation spécialistes de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, l’AMAFAR-EPE propose des séances d’écriture et de lecture, et des groupes de parole autour de la place de l’écrit dans la famille. "On travaille surtout sur la relation parents-enfants. L’école fait ce qu’elle peut, et je ne rentrerais pas dans le débat lecture globale, syllabique, etc... Nous voulons soutenir le rôle éducatif des parents. On s’est par exemple rendu compte que ce ne sont pas tous les parents qui accompagnent leurs enfants à la médiathèque", nous confie Francis Schutz, Directeur de l’AMAFAR-EPE. Au fil des séances, des témoignages émouvants ont été ainsi enregistrés, exprimant la honte, la gêne, la culpabilité engendrées par l’illettrisme. L’alphabétisation familiale proposée par cette association tend à inverser la vapeur "passer de la honte à la prise en charge", précise encore Francis Schutz. Les résultats sont probants et interrogent même le rôle des associations, fussent-elles familiales ou non. L’AMAFAR-EPE a souhaité ainsi célébrer les apprenants, dans le cadre de la Journée internationale de l’alphabétisation.

Une leçon de courage

"J’ai bluffé toute ma vie", explique une dame âgée, notant que sa propre famille ne savait pas sa non maîtrise de la lecture et de l’écriture. D’autres prétextaient des problèmes de vue pour ne pas laisser entrevoir leur illettrisme. Bref ! l’illettrisme est jugé comme un handicap par les apprenants, qui ont entrepris une démarche volontaire pour pallier cette lacune de parcours. L’accompagnement de l’AMAFAR-EPE est gratuit, et les parents volontaires ne sont pas rémunérés, comme pour une formation. C’est plutôt une bonne leçon de courage, de volonté, de ténacité à retenir pour ceux qui hésitent à entreprendre une telle démarche, surtout lorsque l’on sait le taux d’illettrisme réunionnais. Pour autant, l’association appelle à un autre regard sur cette population illettrée, ou analphabète. "Nous n’avons pas des parents démissionnaires, mais des parents démissionnés, qui ne savent pas comment s’y prendre", explique le Directeur de l’AMAFAR-EPE. D’ailleurs, l’association s’investit dans la responsabilisation des parents, en faire des parents conteurs par exemple. Cette initiative privilégie le livre, prêté, acheté. "Un jour, une mère disait qu’elle s’étonnait que la marraine de son enfant lui achète des livres. La marraine souhaitait surtout mettre en avant le livre, puisque l’enfant n’en avait pas", déclare Francis Schutz. Peut-être que les livres devraient être davantage sur l’étal, surtout un jour où l’on met à l’honneur l’alphabétisation.

Bbj


Les Prix de l’UNESCO

Les Prix de l’UNESCO récompensent chaque année des contributions particulièrement efficaces à la lutte pour l’alphabétisation, l’une des priorités de l’UNESCO. Ils attirent l’attention sur les efforts de milliers d’hommes et de femmes qui se dévouent année après année pour faire avancer la cause de l’alphabétisation pour tous. Les lauréats ont reçu leur Prix le 8 septembre, Journée internationale de l’alphabétisation. Les gagnants ont été désignés par le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, sur recommandation d’un jury international. Un projet en Chine a également reçu une mention honorable. Cette année, le thème imposé par l’UNESCO était "Alphabétisation et développement durable".

5 prix UNESCO

Le Prix d’Alphabétisation UNESCO de l’Association internationale pour la lecture va à la National Commission for Human Development (NCHD) du Pakistan, pour son Programme national d’alphabétisation qui vise à accroître le taux d’alphabétisation d’ici 2015 pour répondre aux objectifs de l’Éducation pour tous. L’un des deux Prix d’Alphabétisation Roi Sejong de l’UNESCO va à la Mother Child Education Foundation (Turquie) pour sa contribution, non seulement à l’alphabétisation, mais également à l’indépendance des femmes, à leur participation aux processus de décision et à l’augmentation de leur confiance en elles. L’autre Prix d’Alphabétisation Roi Sejong de l’UNESCO récompense la Chaire d’éducation et alphabétisation des enfants et adultes de l’Instituto pedagogico latinoamericano y caribeño (IPLAC) de la République de Cuba pour son travail en vue de faire progresser le potentiel individuel et social à travers des méthodes d’apprentissage novatrices, avec des succès dans plus de 15 pays, notamment en Equateur et au Venezuela. L’un des deux Prix d’Alphabétisation Confucius de l’UNESCO est décerné au Ministère de l’Éducation nationale du Royaume du Maroc pour son Programme d’éducation non formelle, une initiative nationale d’alphabétisation novatrice spécifiquement destinée aux adolescents marginalisés des zones rurales. L’autre Prix d’Alphabétisation Confucius de l’UNESCO récompense le Programme d’apprentissage utile à travers l’alphabétisation et l’éducation permanente du Directorate of Literacy and Continuing Education of Rajastan, le plus grand et le plus pauvre des États indiens, caractérisé par un climat aride, des terrains difficiles et une population rurale isolée. Le Directorate est récompensé pour avoir amélioré l’alphabétisation tant chez les hommes que chez les femmes au cours de la dernière décennie, avoir soutenu l’égalité et le partage du pouvoir entre les sexes à travers le développement d’un programme innovant, notamment des camps éducatifs de 15 jours pour les femmes, recouvrant des sujets comme la vaccination, les questions sanitaires, la garde des enfants, le planning familial, les problématiques environnementales et l’entraide.

Pour avoir augmenté le niveau de vie

La Mention Honorable du Prix d’Alphabétisation Association internationale pour la lecture est décernée au Literacy Co-ordination Office of Yunnan Province (Chine) pour le programme de réduction réaliste du nombre de femmes analphabètes vivant aux frontières montagneuses de la province du Yunnan, une province pauvre qui abrite 25 minorités ethniques. Le jury a noté que le Bureau de coordination a réussi à réduire substantiellement le taux d’analphabétisme chez les jeunes et les personnes d’âge mur, particulièrement les femmes, dans 127 cantons, et qu’il a contribué à augmenter le niveau et la qualité de vie des femmes tout en réduisant le nombre de pauvres et de familles à faible revenu dans la province du Yunnan.

(Sources : UNESCO)


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