Pédagogie

Comment construire un esprit scientifique sans l’observation directe ?

6 avril 2013

Un ancien professeur de SVT regrette que dans un collège, l’apprentissage du volcanisme ne passe pas par l’observation directe d’un des volcans les plus actifs au monde, le Piton de la Fournaise, qui, pourtant, est situé à La Réunion.

Voilà, j’ai eu récemment, au nom de la FCPE (Fédération des Conseils des Parents d’Elèves), à siéger dans le Conseil d’administration d’un collège du département, je tairai lequel.

Comme j’ai été moi-même professeur de collège il fut un temps, pas si lointain, j’arrive à comprendre un peu c’est quoi la pédagogie, enfin, qu’est-ce qu’on devrait enseigner à nos enfants, voire comment faire passer cet enseignement.

Certes, je ne me dirais pas compétent dans toutes les matières ; en français, je ne pourrais trop dire mon mot ; en histoire ? j’sais pas ; en géographie ???

En maths, physique, j’étais plutôt un scientifique, je pourrais mettre mon grain de sel.

Non, j’étais prof de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) ; on a appelé cela les Leçons de Choses quand moi-même j’étais écolier en culotte kaki, pieds nus, mange mon boule maïs dann feuille teck..., puis Sciences naturelles, ou Biologie-géologie, ou STBG-Sciences et techniques biologiques et géologiques.

La Géologie est la science qui étudie la Terre, les roches, les tremblements de terre, le volcanisme.

C’est le programme de Quatrième, un trimestre à peu près.

Les élèves sont devenus adolescents ; à cet âge, il est fort recommandé de conduire ses classes au Piton de la Fournaise quand on enseigne à La Réunion ; rien de tel pour faire bien prendre conscience (la science sans conscience n’est que ruine de l’âme, disait je ne sais plus qui) de ce qu’est le volcanisme, ce phénomène qui fait monter du fond de la Terre des roches toutes "neuves", cristallines sous forme de lave qui coule plus ou moins fluide, avec des explosions parfois plus ou moins violentes.

Partant de notre volcan et de son étude, les élèves peuvent s’expatrier à Hawaï, Sicile, Montagne Pelée en 1902 et en Martinique ; Pompéi près de Naples (Italie) au début de notre ère.

Revenons à notre Conseil d’administration ; on vote un crédit spécial pour les sorties pédagogiques au Volcan (année civile) ; donc l’argent est là pour les bus. Que deviennent ces sommes si le professeur a déjà dit à ses élèves dès le début d’année : « Si vous n’êtes pas sages, je ne vous emmènerai pas au Volcan ? ».

Nous entamons le 3ème trimestre et les élèves vont travailler la reproduction des reptiles, mammifères, homme ; la géologie n’a plus cours !

Adieu la sortie au Volcan !!! Pourquoi la somme est-elle inscrite au budget ?

Des classes entières sont privées de leur sortie géologique majeure de leur carrière d’élève.

A l’heure où des milliers de touristes du monde entier prennent des avions de tous les continents pour se rendre sur une île construite pendant 3 millions d’années par un des volcans les plus actifs de la planète, nos propres enfants, dans leur pays, ratent une telle expérience, un tel vécu, de telles émotions.

En Fac, j’ai eu un prof, Thérésien Cadet ; il nous a emmenés, lui ; on a dormi au gîte ; c’est la nuit que nous avons grimpé les pentes du cratère, pendant une éruption dans le Brûlant.

Comment construire un esprit scientifique sans l’observation directe ?

On va se contenter de regarder les images du livre ?

Ça donne vraiment à réfléchir !

Est-ce que ça va être au parent de suppléer l’enseignant ? C’est un problème grave, très grave.

Correspondant


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