Commémoration du 10 mai 2012-2013 à La Réunion

Concours 2012-2013 pour les lycéens réunionnais : ’Traites, esclavage et abolitions’

28 mars 2013

Le 21 mai 2001, la France est le premier pays au monde à inscrire, dans la loi, la reconnaissance de l’esclavage et de la traite négrière comme un crime contre l’humanité. Le 10 mai 2001, le Sénat a adopté la loi à l’unanimité. Ainsi, depuis 2006, le 10 mai a été décrété en France la “Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions”. A cette occasion, des manifestations sont organisées, dans la France entière et à travers le monde, pour commémorer cette période triste de l’Histoire.

Pour sa part, le Rectorat de La Réunion propose, depuis l’année dernière, un concours en direction des lycéens.

Le 10 mai : "Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions"

Le 21 mai 2001, la France reconnaît l’esclavage comme un crime contre l’humanité. L’article 1 de la loi dite “Taubira” affirme que : « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien, d’une part, et l’esclavage, d’autre part, perpétrés à partir du XVème siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité ». Depuis 2006, le 10 mai, date anniversaire de l’adoption de cette loi par le Sénat, a été choisi comme date commémorative.

Chaque Département d’Outre-mer a sa propre date pour célébrer le jour de l’abolition de l’esclavage, ici, c’est le 20 décembre, à Mayotte par exemple, c’est le 27 avril. Contrairement à la célébration de l’abolition de l’esclavage dans les DOM, le 10 mai n’est pas un jour férié, mais c’est bien un jour dédié à la mémoire de l’esclavage en France et partout dans le monde. Des manifestations, d’ordre pédagogique et culturel notamment, sont organisées dans le but de faire connaître l’histoire.

Par exemple, le "Comité pour la Mémoire de l’esclavage" présidé par Françoise Vergès de 2008 à 2012 remet ce jour-là son Prix "Mémoires de l’esclavage". Ce Prix récompense chaque année une thèse consacrée à la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions.

La contribution de l’Académie de La Réunion et des lycéens

Pour leur part, l’Académie de La Réunion, la Préfecture de La Réunion, la Direction des Affaires culturelles océan Indien (DAC-OI) et le Conseil régional organisent en direction des lycéens sa 2ème édition du concours "Traites, esclavage et abolitions" pour l’année scolaire 2012-2013 sur le thème : "La traite dans l’océan Indien vers l’île Bourbon au XVIIIème siècle".

Le thème de la première édition était : "Esclavage et abolition à La Réunion — 20 décembre 1848".

Selon le portail académique de La Réunion, « il s’agit pour les lycéens de produire un récit de vie fictif (une vie entière ou une partie) d’une personne ou d’un groupe de personnes capturée(s) ou achetée(s) en Afrique, en Inde, en Indonésie, à Madagascar ou aux Comores, transportée(s) et vendue(s) à Bourbon au XVIIIème siècle ». Selon l’Inspection académique — Inspection pédagogique régionale d’Histoire-Géographie, « ce projet transdisciplinaire offre l’occasion d’aborder des caractéristiques historiques et géographiques liées à l’adaptation des programmes de la classe de 2nde à La Réunion ».

Les lycéens souhaitant participer à ce concours doivent remettre leur clé USB contenant leur production, avant le 15 avril, au service concerné du Rectorat.

Les Prix seront remis aux alentours du 10 mai (le 10 mai, les élèves réunionnais étant en vacances) pour la "Journée nationale de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions", en présence du préfet, du directeur des Affaires culturelles océan Indien, du recteur et du président du Conseil régional ou de leurs représentants.

Une action à saluer, mais qui demande à être amplifiée

L’école est un vecteur essentiel dans la transmission et la vulgarisation du savoir, nous pouvons donc saluer cette initiative qui vise à faire connaître notre histoire. Il est cependant dommage que cela ne se restreigne qu’aux seuls lycéens. Toutes les classes gagneraient à travailler sur cette période sombre, mais ô combien réelle et longue ! L’esclave a duré plus de 150 ans alors que notre île ne fêtera que 350 ans de son peuplement cette année. Le régime esclavagiste a donc occupé près de la moitié de notre histoire. La période esclavagiste a longtemps été occultée. Depuis 2001, puis 2006, une fenêtre a été ouverte pour la faire connaître et arriver à enrayer les conséquences de l’esclavage, comme le racisme, qui persistent encore aujourd’hui.

Renseignement sur le concours :

http://www.ac-reunion.fr/education-artistique-et-action-culturelle/domaine-artistique-et-culturel/patrimoine0/traites-esclavage-abolitions.html
« La grandeur d’un pays, c’est d’assumer, d’assumer toute son histoire »

« Dans l’histoire de l’humanité, l’esclavage est une blessure.

Une tragédie dont tous les continents ont été meurtris.

Une abomination perpétrée, pendant plusieurs siècles, par les Européens à travers un inqualifiable commerce entre l’Afrique, les Amériques et les îles de l’Océan indien. […]

L’esclavage a nourri le racisme. C’est lorsqu’il s’est agi de justifier l’injustifiable que l’on a échafaudé des théories racistes. C’est-à-dire l’affirmation révoltante qu’il existerait des "races" par nature inférieures aux autres.

Le racisme, d’où qu’il vienne, est un crime du cœur et de l’esprit. Il abaisse, il salit, il détruit. Le racisme, c’est l’une des raisons pour lesquelles la mémoire de l’esclavage est une plaie encore vive pour nombre de nos concitoyens. […]

Mais, au-delà de l’abolition, c’est aujourd’hui l’ensemble de la mémoire de l’esclavage, longtemps refoulée, qui doit entrer dans notre histoire : une mémoire qui doit être véritablement partagée.

Ce travail, nous devons l’accomplir pour honorer la mémoire de toutes les victimes de ce trafic honteux. Pour aussi leur rendre la dignité. Nous devons l’accomplir pour reconnaître pleinement l’apport des esclaves et de leurs descendants à notre pays, un apport considérable. Car de l’histoire effroyable de l’esclavage, de ce long cortège de souffrances et de destins brisés, est née aussi une grande culture. Et une littérature qui constitue sans doute l’une des meilleures parts de la littérature française d’aujourd’hui :

vous en êtes, chère Maryse Condé, cher Edouard Glissant, parmi les plus éminents représentants. Et je pense aussi, bien sûr, à Aimé Césaire et à tant d’autres. […]

La grandeur d’un pays, c’est d’assumer, d’assumer toute son histoire. Avec ses pages glorieuses, mais aussi avec sa part d’ombre. Notre histoire est celle d’une grande nation.

Regardons-la avec fierté. Regardons-la telle qu’elle a été. C’est ainsi qu’un peuple se rassemble, qu’il devient plus uni, plus fort. C’est ce qui est en jeu à travers les questions de la mémoire : l’unité et la cohésion nationale, l’amour de son pays et la confiance dans ce que l’on est.

C’est pourquoi je souhaite que, dès cette année, la France métropolitaine honore le souvenir des esclaves et commémore l’abolition de l’esclavage. Ce sera, comme le propose votre rapport, au terme d’un travail très approfondi, auquel je tiens à rendre hommage, le 10 mai, date anniversaire de l’adoption à l’unanimité par le Sénat, en deuxième et dernière lecture, de la loi reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité. »

Quelques extraits de l’Allocution de Monsieur Jacques Chirac, Président de la République, à l’occasion de la réception en l’honneur du Comité pour la mémoire de l’esclavage.

Palais de l’Élysée — Lundi 30 janvier 2006
« Le Comité pour la Mémoire de l’Esclavage rappelle l’héritage de l’esclavage. Souffrance de la déportation, de l’exil, de l’asservissement, mais également créativité qu’expriment les langues et les cultures créoles. Célébrons les apports des luttes des esclaves pour plus de justice, plus de liberté et plus de démocratie. Ces apports appartiennent au patrimoine de l’humanité.

Le Comité pour la Mémoire de l’Esclavage rappelle enfin, conformément à son rapport, que sans valorisation de la recherche sur la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions, et sans un encouragement à la multiplication de supports pédagogiques sur ces thèmes, cette histoire restera mal connue ».

Extrait du communiqué de presse publié par l e Comité pour la Mémoire de l’Esclavage le 30 janvier 2006, suite au discours du chef de l’Etat annonçant le 10 mai journée des "Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions".

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