Le risque d’une simple opération de communication

Consultation citoyenne sur l’école : ne pas oublier l’essentiel

5 mai, par Manuel Marchal

Alors que le président de la République s’apprête à lancer une grande consultation citoyenne sur l’École, en centrant le débat sur les vacances scolaires et les horaires de cours, nombreux sont ceux qui redoutent une nouvelle simple opération de communication, détournant l’attention des vrais problèmes du système éducatif, en particulier à La Réunion où la réussite scolaire des jeunes Réunionnais n’est pas l’objectif principal en raison d’un calendrier anti-climatique et d‘une langue d’enseignement inadaptée au nom de l’assimilation à la France.

Les rythmes scolaires sont le thème choisi par le président de la République pour la consultation citoyenne sur l’École. Pourtant, ce sujet occulte des problématiques autrement plus pressantes : le sous-financement chronique de l’Éducation nationale, la pénurie d’enseignants, la surcharge des classes, et la perte d’attractivité du métier d’enseignant. De nombreux enseignants quittent la profession prématurément, épuisés par des conditions de travail dégradées, des salaires peu attractifs, et une reconnaissance sociale en berne

Dévalorisation de l’enseignant dans le système capitaliste

Ce malaise structurel se répercute directement sur les élèves. Dans des classes surchargées, il est difficile de suivre le rythme de chacun, d’individualiser les apprentissages, de construire un climat propice à l’enseignement. Résultat : de nombreux élèves se démotivent, décrochent, et voient l’école non plus comme une chance, mais comme une contrainte.

La situation est d’autant plus complexe que l’école ne peut pas, à elle seule, porter tous les maux de la société. Le rapport à l’autorité, au savoir, au mérite a profondément évolué. Dans certaines familles, les enfants sont devenus "rois", élevés dans un environnement de surconsommation, encouragé par un système capitaliste qui confond bien-être avec accumulation de biens matériels, certains reçoivent téléphones, consoles et vêtements de marque, sans lien avec leur implication dans les apprentissages des parents pensent ainsi acheter la paix

Dans ce contexte, lorsque les résultat scolaires ne sont pas au rendez-vous, certains parents se retournent contre l’enseignant plutôt que d’interroger les efforts de leur enfant. L’autorité pédagogique est ainsi affaiblie, minant le travail éducatif en profondeur.

La priorité est de débattre sur commente investir dans l’éducation, revaloriser le métier d’enseignant, alléger les effectifs par classe, rétablir un lien de confiance entre familles et corps enseignant, et surtout, redonner du sens à l’effort, à la persévérance, à la culture.

Modifier les calendriers et les emplois du temps peut avoir un intérêt, mais ce n’est qu’un détail tant que les fondations restent fragiles

Pour La Réunion, il importe d’adapter le système éducatif à notre pays.

À La Réunion, le calendrier scolaire du néocolonialisme ne tient pas compte du climat

Le calendrier scolaire en vigueur à La Réunion fait de plus en plus débat. Aligné sur celui de la France pour des raisons administratives, il oblige les élèves et les enseignants à travailler en plein été austral, dans une chaleur étouffante et sous la menace cyclonique. Dès janvier, les températures dépassent les 30°C dès le matin, transformant les salles de classe en étuves.

Cette situation pèse lourdement sur les conditions d’apprentissage et la santé des élèves. Le Parti Communiste Réunionnais (PCR) alerte depuis longtemps sur les conséquences de ce choix : baisse de la concentration, risques de malaises, journées de cours perdues en cas de cyclone.

Il plaide pour un calendrier adapté au contexte local, calqué sur celui de la Nouvelle-Calédonie : une rentrée en mars, une fin d’année scolaire en décembre. La FCPE soutient cette proposition, soulignant que La Réunion, située dans l’hémisphère sud, devrait suivre un rythme saisonnier cohérent. Les récentes mobilisations d’élèves dans plusieurs établissements de l’île en janvier ont illustré l’urgence du changement.

Ils réclament un meilleur confort thermique : climatisation, ventilateurs, ombrage. Si quelques collectivités commencent à réagir, les coûts d’adaptation sont lourds. Un calendrier mieux pensé permettrait d’éviter ces dépenses, tout en assurant des conditions dignes pour apprendre.

Il ne s’agit pas seulement de confort, mais d’équité, de réussite scolaire et de santé publique.

Pour une école bilingue à La Réunion contre l’échec scolaire

À La Réunion, la maîtrise insuffisante du français reste un obstacle majeur à l’inclusion sociale, professionnelle et numérique. Dans une société où le français conditionne l’accès à l’emploi, aux services publics et aux démarches en ligne, beaucoup se retrouvent en difficulté. Une étude récente de l’INSEE révèle que seuls 33% des Réunionnais ayant des lacunes à l’écrit occupent un emploi, contre 59% de ceux maîtrisant la langue. Les moins diplômés sont les plus touchés : 44% des adultes sans diplôme rencontrent des problèmes avec l’écrit.

Ces difficultés dépassent le cadre professionnel. Moins de la moitié des personnes concernées sont capables de gérer seules leurs démarches administratives. À l’heure de la dématérialisation, l’exclusion s’aggrave : près d’un tiers n’utilisent jamais Internet, et peu sont en mesure de faire des démarches en ligne.

Ce fossé trouve en partie son origine dans un système scolaire qui ignore la réalité linguistique locale. Le français, langue d’enseignement exclusive, n’est pas la langue première de la majorité des Réunionnais, qui parlent créole au quotidien. En traitant le français comme une langue maternelle, l’école creuse l’écart. Repenser l’enseignement en intégrant le créole comme langue d’apprentissage pourrait faciliter l’acquisition du français et favoriser la réussite scolaire.

Adopter une approche bilingue, comme dans d’autres régions du monde, permettrait de réduire les inégalités et de mieux préparer les jeunes à leur avenir.

M.M.


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  • Il y a quelques années déjà, en Nouvell-Calédonie-kanaky, un référendum local avait été proposé pour la réforme ou pas de futurs calendriers scolaires. Ainsi, plusieurs popositions avaeint été faites, comme, mieux répartir les périodes de travail en classe et de travail à la maison. Qui tienne compte du climat tropical, même latitude qu’ici, donc climat identique quasiment, ou bien celui appliqué en Polynésie ou Wallis et Futuna, ou celui de l’hexagone. C’est la dernière option "on ne change rien" qui a été préféré ! La rentré se fait donc en Février, pour terminer en Décembre, mois des examens, avant la grande coupure de Quasiment deux mois pour l’été austral. La Réunion pourrait s’en inspirer. Les jeunes profitent de ce décalage pour par exemple aller cueillir des fruits ou des légumes, certains y vont en Nouvelle-Zélande pour en même temps faire des progrès en anglais. Sur sur le territoire pour ainsi y gagner quelques sous,des Francs (ils existent encore, ils sont pacifiques, les fameux CFP) pour financer leur prochain voyage pour leurs études, il y en a tant besoin, ou bien encore leur permis de conduire. Bref, il y a de quoi faire durant cette opportunité qu’offre à la fois la Nature et l’Administration, n’est-ce pas ? Bonne journée à vous, Arthur.
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