Énergies du futur, satellite amateur, fusée à eau...

Coopération scientifique de La Réunion avec le Japon

8 juillet 2004

À l’occasion d’Exposcience 2004, une délégation du centre aéronautique de Gifu (Japon) était l’invitée du Centre culturel spatial régional de Sainte-Rose (C22SR). Sur la base d’échanges initiés il y a plus de dix ans, un projet multiforme de coopération scientifique et culturelle est en train de naître entre la région de Gifu et notre île.

Après la clôture, dimanche, de l’édition 2004 d’Exposcience, c’était mardi l’heure des adieux pour la délégation japonaise arrivée la semaine dernière à l’invitation de Guy Pignolet, président de Science Sainte-Rose et coordonnateur de la visite de la délégation de Gifu (Japon). Cette visite a conduit le groupe, constitué de trois étudiants et du doyen de la Faculté d’Ingénierie de l’Université de Gifu, le Dr. Minoru Sasaki, du site portois de la manifestation scientifique à divers points de l’île, pour des visites, rencontres et autres expériences partagées.
Les contacts entre le Centre scientifique de Sainte-Rose, créé par l’ingénieur aéronautique Guy Pignolet et le centre aéronautique de Gifu (Centre du japon) datent de l’époque où le scientifique réunionnais s’occupait des actions “jeunesse” au Centre national d’Études spatiales (CNES). L’année internationale de l’Espace, en 1992, fut notamment l’occasion d’échanges multilatéraux avec des délégations venues d’Argentine, des USA, de Tunisie et du Japon.
Ce fut le point de départ de relations prolongées avec la ville de Gifu (400.000 habitants) et sa région (deux millions et demi d’habitants), où se trouvent deux des principaux centres aéronautiques de Kawasaki et Mitsubishi. "Kagamigahara, la deuxième ville de la région de Gifu, avec 140.000 habitants, a abrité les débuts de l’aéronautique japonaise à partir de 1920", expliquent ensemble le Dr. Minoru Sasaki et Guy Pignolet.
Celui-ci ajoute que, depuis deux ans, le Centre spatial de Sainte-Rose (C22SR), dont il est l’initiateur, et le Musée aérospatial de Kagamigahara ont entamé un jumelage scientifique.
Si ce dernier s’est construit sur l’amitié que le scientifique réunionnais a tissée avec la famille Ogimoto, au Japon et ici même, il a pour finalité la diffusion des sciences auprès de la jeunesse et des échanges fondés sur la pédagogie scientifique, dans la recherche de solutions aux principaux problèmes que l’humanité va devoir résoudre à brève échéance. Côté pédagogie, les liens tissés avec l’association “Les petits débrouillards” et Exposcience ont produit le prototype de la fusée à eau, dont les Japonais ont fait en quelques années un outil pédagogique de premier ordre.
Côté problématique mondiale, la question des énergies durables a par exemple motivé une visite de la délégation à l’usine de Bois-Rouge, permettant à l’une des étudiantes du groupe, fraîchement promue journaliste, de réaliser son premier reportage scientifique sur la problématique réunionnaise des énergies.

"Des centrales électriques en orbite"

Guy Pignolet pour sa part travaille depuis quelques années à un projet de transport de l’énergie sans fil qui arrive à la conclusion de sa phase d’étude et qui est susceptible selon lui de constituer une réponse réunionnaise à un problème mondial. "La Réunion est “exemplaire” non pas parce qu’elle ferait mieux que tout le monde mais parce qu’on y voit mieux ce qui se passe dans le reste du monde. Une solution au problème mondial de l’énergie serait des centrales électriques en orbite" ajoute Guy Pignolet. D’ailleurs, l’Université de La Réunion est devenue "leader européen dans le domaine du transport de l’énergie sans fil", un mode de production dont les premières expériences ont montré un niveau de rendement "de l’ordre de 60%", précise-t-il.
Depuis la visite, en août 2003, d’une délégation réunionnaise à Gifu, les deux parties préparent un jumelage scientifique et culturel pour des échanges annuels entre jeunes et entre professionnels. Par exemple, le Lycée professionnel de Saint-Leu (Stella) prépare avec Kawasaki des stages pour les élèves de sa filière aéronautique. Un projet de satellite amateur, à 20 km au-dessus de La Réunion, dans la stratosphère, réunit également Japonais et Réunionnais, dans une reprise adaptée du Satellite Amateur de Radio Astronomie (SARA) - projet à voir sur : http://centaur.sstl.co.uk/SSHP/data/data_sara.html.
L’ancien président de l’Université, après une mission à Gifu, avait engagé une coopération sur la surveillance des glissements de terrain, un sujet que la délégation venue avec le Dr. Sasaki connaît bien puisqu’elle travaille elle-même à la réalisation d’un avion-robot pour l’observation des falaises instables.
La coopération envisagée inclurait même des échanges entre un village célèbre de potiers de la région de Gifu et le centre régional des Arts du feu en préfiguration dans le sud de l’île.
En prévision de relations futures, la délégation japonaise a eu des contacts avec la CIREST (Communauté intercommunale Réunion Est), avec des radios amateurs, des lycées et avec l’Institut de l’Image de l’océan Indien.
"Nous avons assez de points communs avec le Japon pour coopérer et assez de différences pour nous enrichir mutuellement de ces échanges" a dit Guy Pignolet alors que la mission des amis japonais prenait fin.

Pascale David


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus