Culture et luttes

24 juillet 2006

La culture se marchandise. À La Réunion, comme partout ailleurs.
Nous avons vécu les années où la culture était liée à un projet politique, c’est-à-dire à une aspiration à plus de diversité, de reconnaissance des différences.
On nous a depuis transformés en consommateurs de culture : on achète des billets pour un concert, on crie, on applaudit... Pourquoi pas ?
Mais pourquoi aussi oublier que la culture ne se construit pas sur un terrain neutre ?
Inégalités d’accès à la reconnaissance, censure et dénis font partie de la culture. L’environnement social et culturel de l’artiste qui lui donne l’espace où exercer son talent doit être reconnu.
La marchandisation de la culture et son industrialisation cherchent à effacer ces luttes.
Ainsi, lundi dernier au Port, certains on pu aller écouter un Gilberto Gil en oubliant son combat contre la dictature militaire au Brésil, son exil pour échapper à la sanglante répression des colonels, son amitié pour Jorge Amado...
La venue de ce grand artiste brésilien à La Réunion fut un moment exceptionnel, qui méritait d’être salué à sa mesure. On a vu cependant que peu de journalistes ont su lui poser des questions sur les liens entre La Réunion et le Brésil - terres d’esclavage et de métissage - sinon de manière tellement “gnangnan” que l’auditeur ou le lecteur n’apprirent pas grand chose.

Ginette Payet


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