Base élèves et autres renseignements généraux

D’où viennent tes parents ? Comment ça se passe chez toi ?

5 juin 2008

Ficher tous les élèves et leur famille dès la maternelle, utiliser le petit bout de chou pour attraper son grand-père né ailleurs qu’en France... L’idée est si séduisante que l’Etat décide de confier cette tâche à l’éducation nationale. Problème : les fonctionnaires ne veulent pas être des délateurs.

Sur La Réunion la mise en place du fichier "base élèves" a débuté en avril sur deux secteurs : l’Entre-Deux et Saint-Denis. D’ici août il sera mis en place dans douze communes avec Saint-André, Bras Panon, Salazie, la Plaine des Palmistes, Sainte-Rose, le Tampon, les Avirons, l’Etang- Salé, La Possession, Petite Ile et toutes les autres circonscriptions de Saint-Denis. A la rentrée prochaine ce sera une obligation pour toutes les écoles. Association Initiatives Dyonisiennes, la FCPE, et les représentants de l’Intersyndicale (SUD Education SNUIPP Snudi-FO FCPE SCENRAC-CFTC SAIPER PAS974) appellent à un boycott.

Appel au boycott

Cécile Cheze, secrétaire générale du SAIPER s’exprime : « Présenté par l’administration comme étant un simple outil de gestion de données, pour nous ce fichier partageable représente une vraie atteinte à la vie privée des familles et des enfants. Cet outil permet de justifier les restrictions budgétaires de l’éducation nationale et les fermetures de classe. C’est un outil dangereux de contrôle social et de répression dans le cadre de la mise en place de la loi contre la délinquance. Suite à des interventions d’enseignants et de parents, des critères comme la nationalité, la langue maternelle ont été retirés, restent pourtant dans le fichier la présence du lieu de naissance et de la culture d’origine ce qui nous dérange fortement. A propos de l’anonymat, il peut être levé en fonction des besoins de l’administration. Selon l’Education Nationale les parents n’ont pas le droit de s’opposer à la mise en place de cet outil et les données seront conservées pendant quinze ans. » Elle évoque encore les problèmes de sécurisation des informations et déplore que l’outil a été mis en place sans réelle information des parents d’élèves.

« Non au fichage des élèves »

Pour Sud Education, Bruno Gibert confie : « Il est impossible de commencer à ficher des gens à partir de trois ans. Non au fichage des élèves. Sur le plan de la confiance, pourquoi demander au directeur d’école de tenir ce rôle là, de rentrer des données confidentielles. Il est strictement impossible de nous faire jouer ce jeu là, la confiance entre les parents et l’école est trahie. On ne peut pas être des fonctionnaires délateurs. Qui va pouvoir consulter ces données ? La police, les affaires sociales, les mairies... Les documents fournis aux familles ne précisent pas que les données seront partagées. »

Outil pour quoi faire ?

Issé Chakir (Scenrac_cftc) va dans le même sens en soulignant que « le directeur d’école est pris entre le marteau et l’enclume. C’est une nouvelle responsabilité, une charge de travail supplémentaire. Ce fichier va être utilisé on ne sait pas comment, on ne sait pas par qui. »
Annie Morel (Initiatives Dyonisiennes) fait remarquer que « en métropole ça résiste fortement, le conseil municipal de Grenoble a décidé de refuser de remplir ces données car les procédures ne sont pas en conformité avec la loi européenne. » Les conseils municipaux locaux se prononceront-ils ?
Cécile Cheze explique le lien qu’il existe entre cette base et la Loi de la prévention de la délinquance : « L’idée qu’il y a derrière c’est que si l’enfant n’est pas présent sur les écoles, pas assidus, toute une machine va se mettre en place pour la suppression d’allocations familiales. Dès qu’il y aura quatre demi-journées d’absence le directeur avise, via la base, le Rectorat et la Mairie. »

Le temps béni de l’occupation

Jacques Penitot (Initiatives Dyonisiennes) fait savoir que le site de son association a mis en ligne une pétition (http://aid97400.lautre.net). Il pose la question : « Quelle est la fonction de la centralisation des fichiers ? On a toujours demandé des renseignements au famille, le problème à l’heure actuelle c’est la centralisation et la fonction d’un fichier qui va faire de l’enfant, là où il est, à l’école, le lien entre l’institution politique, judiciaire, le ministère de l’intégration et de l’identité nationale, le ministère de l’intérieur, pour connaître le mode de vie des familles, quel langue est parlée, comment ils vivent... C’est une grande boite où on pourra consulter la manière dont les français vivent dès l’âge de trois ans. Ça va s’étendre l’année prochaine au collège. La CNIL crie au danger, car cette base peut être mise entre les mains de responsables politiques qui vont utiliser ces fichiers, comme sous l’occupation pour la dénonciation des juifs, des homosexuels, des gens qui pensent pas bien.
Le premier flic de France est devenu Président, il veut que tous soit identifiés, fichés, suivis à la trace. L’enseignant devient un auxiliaire de monsieur Hortefeux et de Alliot-Marie.

Dans certaines académies on demande le nombre de pièces dans la maison, si l’eau de la douche est chaude ou froide... A la ligue des droits de l’homme il y a déjà une interpellation au niveau national depuis plusieurs mois. »
L’Intersyndicale a demandé une réunion auprès de l’académie. Elle tente aujourd’hui d’avertir les principaux concernés : nous et nos enfants.

Francky Lauret


Ce qu’ils en disent...

Cécile Cheze (SAIPER) : « ce fichier partageable représente une vraie atteinte à la vie privée des familles et des enfants. »

Issé Chakir (Scenrac_cftc) « Ce fichier va être utilisé on ne sait pas comment, on ne sait pas par qui. »
Annie Morel (Initiatives Dyonisiennes) : « le conseil municipal de Grenoble a décidé de refuser de remplir ces données car les procédures ne sont pas en conformité avec la loi européenne. »

Jacques Penitot (Initiatives Dyonisiennes) : « Le premier flic de France est devenu Président, il veut que tous soit identifiés, fichés, suivis à la trace. L’enseignant devient un auxiliaire de monsieur Hortefeux et de Alliot-Marie. »

Bruno Gibert (Sud Education) : « On ne peut pas être des fonctionnaires délateurs. »


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