Ouverture du colloque « Université et transitions »

De l’Institut d’études juridiques à l’Université de La Réunion du 21e siècle

6 octobre 2022, par Manuel Marchal

Dans le cadre de la célébration de son 40e anniversaire, l’université de La Réunion organise ces 5 et 6 octobre un colloque « Université et transitions ». Hier matin, son ouverture fut marquée par l’intervention de 3 grands témoins, professeurs d’université : Wilfrid Bertile, qui enseigna la géographie à l’université, Ferdinand Melin Soucramanien, ancien étudiant actuellement Président du Conseil d’Administration de l’INSP (ex-ENA), et Patrick Hervé, ancien enseignant qui fut également président de l’Université de La Réunion entre 1992 et 1997. Ce fut l’occasion d’évoquer les transformations qui ont permis l’implantation à La Réunion d’une Université intégrée dans les réseaux de recherche internationaux du 21e siècle.

Ce 5 octobre, la première matinée du colloque « Université et transition » a permis de mesurer le chemin parcouru au cours de ces 50 dernières années dans le domaine de l’enseignement supérieur à La Réunion. La première séquence de ce colloque sous la présidence de Gilles Lajoie, président du Conseil académique de l’Université, a donné la parole à trois grands témoins, professeurs d’Université : Wilfrid Bertile, qui enseigna la géographie à l’université, Ferdinand Melin Soucramanien, ancien étudiant actuellement Président du Conseil d’Administration de l’INSP (ex-ENA), et Patrick Hervé, ancien enseignant qui fut également président de l’université entre 1992 et 1997. Cette matinée eut lieu en présence de plusieurs personnalités dont Huguette Bello, présidente de la Région, Cyrille Melchior, président du Département, Philippe Naillet, député de La Réunion, Jérôme Filippini, préfet de La Réunion, Chantal Manès-Bonnisseau, rectrice de l’Académie de La Réunion et Joé Bédier, maire de Saint-André.

Ferdinand Melin Soucramanien, président du Conseil d’Administration de l’INSP (ex-ENA), Gilles Lajoie, président du Conseil académique de l’Université, Frédéric Miranville, président de l’Université, Wilfrid Bertile, professeur d’Université et ancien parlementaire, Patrick Hervé, président de l’Université de 1992 à 1997 lors de la conférence de presse présentant le colloque Université et transitions.

Un Centre universitaire en 1970

Ferdinand Melin Soucramanien a rappelé que la première formation supérieure à La Réunion date de 1926, dans le domaine du droit. Un Institut d’études juridiques et économiques fut créé en 1967. Une loi de 1968 permit la création de centres universitaires. Deux ans plus tard eut lieu l’assemblée constitutive du Centre universitaire de La Réunion sous l’impulsion notamment de Pierre Lagourgue, président du conseil général, du préfet Cousserand, du vice-rectorat et du rectorat d’Aix en Provence dont dépendait La Réunion. Louis Favoureux fut élu premier président du CUR. Il se structura autour de trois pôles : lettres-histoire, sciences et droit-économie. Durant cette période fondatrice jusqu’à la création de l’Université en 1982, l’accent fut notamment mis sur la fonction sociale. Il y eut un centre universitaire d’études administratives municipales, avec des cours le samedi.

Campus du Moufia en 1992.
Campus du Moufia aujourd’hui

Le Campus au bout d’un chemin de terre

Wilfrid Bertile avait fréquenté en 1964 l’Institut d’études supérieures en Lettres. Il rappelle qu’à cette époque étaient organisés une propédeutique pour former des enseignants en cours complémentaires qui devinrent professeurs de collège. Parti poursuivre son cursus à Aix en Provence, il obtint l’agrégation en 1969 et revint alors à La Réunion. Il vécut la transformation du Centre universitaire en Université de plein exercice.
Patrick Hervé est arrivé à La Réunion en 1970 en tant que VAT. Il devint professeur de physique au Centre universitaire qui comptait alors moins de 800 étudiants en 1972. Les étudiants en sciences étaient alors les seuls sur le site du Moufia qui était encore entouré par les champs de cannes. Les cours se faisaient dans des préfabriqués, puis eut lieu la construction de l’amphithéâtre Commerson.
Le campus de l’époque était accessible uniquement par un chemin de terre, impraticable par des véhicules en cas de pluie. Patrick Hervé fut ensuite président de l’Université entre 1992 et 1997, une époque marquée par une forte croissance des effectifs : +65 % en 5 ans.

Soutien des collectivités

Doté originellement de 20 hectares, le Campus du Moufia fut amputé de 6 hectares en raison de la construction du Rectorat, de celles d’ateliers du Lycée professionnel proche, et du Boulevard Sud. L’Université commençait à se sentir à l’étroit. C’est à cette époque qu’eut lieu la première extension en dehors de Saint-Denis. Ce fut au Tampon, sur le site de l’ancienne Ecole militaire, en 1993.
Patrick Hervé a également rappelé que cette croissance était soutenue par les collectivités locales, notamment la Région avec les présidences successives de Pierre Lagourgue, Camille Sudre et Paul Vergès. Quelques voix discordantes se firent malgré tout entendre. Par exemple, Jean-Paul Virapoullé voulait limiter le niveau des diplômes au DEUG, c’est-à-dire Bac+2. Mais une telle éventualité n’aurait pas permis d’attirer les chercheurs, rappelle l’ancien président de l’Université.

Reconnaissance dans le Classement de Shanghai

Actuellement, l’Université de La Réunion fait partie du Classement de Shanghai, dont « le ticket d’entrée est assez élevé », a indiqué Frédéric Miranville, président de l’Université. L’Université de La Réunion est reconnue internationalement, notamment dans le domaine des Sciences de l’atmosphère. Notre île accueille d’ailleurs un établissement de pointe dans ce domaine, géré par l’Université : l’Observatoire du Maïdo.
En 40 ans, ses effectifs sont passés de 2000 à 20000 étudiants dont un millier provenant d’autres pays.
Gilles Lajoie a pour sa part souligné que cette croissance s’est appuyée sur d’importants investissements. Ce sont sans doute plus d’un milliard d’euros qui furent consacrés à la construction des infrastructures sur les différents sites occupés aujourd’hui par l’Université. Cette extension se poursuit, avec l’ouverture prochaine du Campus Santé près de l’IUT de Saint-Pierre dans le Sud, et du Campus Est à Saint-André.

La perspective de l’Indian Ocean Rim

Cette séquence s’est conclue par les perspectives. Sur ce point, Wilfrid Bertile a tout d’abord fait part du levier que constituent les bourses d’excellence pour les étudiants de notre région dans le cadre d’un « soft power » qui contribue à faire connaître notre île et ses possibilités. Il a ajouté que l’Université de La Réunion devrait s’appuyer sur l’entrée de la France dans l’Indian Ocean Rim Association (IORA), l’association des Etats riverains de l’océan Indien. Cette organisation regroupe les Etats allant de l’Afrique du Sud à l’Australie en passant par l’Iran, l’Indonésie et l’Inde notamment. Cette instance comprend un Conseil académique où l’Université de La Réunion pourrait avoir sa place, afin de tisser des relations avec les universités des pays riverains de l’océan Indien.

M.M.


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