Association de Recherche pour la Valorisation de la Mer

De première en première, l’ARVAM et le Piton de la Fournaise

2 mai 2007

Trois poissons recueillis lors de la "pêche miraculeuse".

L’ARVAM a commencé à s’intéresser au volcan par une première étude pour le Parc des Hauts en 2002. C’est Alain Barrère, Conseiller scientifique à la fois de la Maison du Volcan et à l’ARVAM, qui s’en est chargée. Puis, en 2004, il fait partie, avec Jean-Michel Bou et Jean-Pascal Quod, de la première équipe, sous des flots français, qui observe la coulée en temps réel. Un tel phénomène est exceptionnel et n’avait été observé auparavant qu’à Hawaï. Le film qui est réalisé par la suite montre des images magnifiques. Depuis lors, l’ARVAM s’est encore plus intéressé à la problématique de la colonisation des coulées, c’est-à-dire comment les coraux et les poissons viennent coloniser les coulées de lave.
En 2007, l’équipe qui avait réussi la plongée en 2004 se rend à l’endroit où la coulée rencontre la mer. C’est alors que Jean-Pascal Quod note la présence d’un poisson mort étrange, puis d’un autre. La “pêche miraculeuse” se prolonge les jours qui suivent. Ces poissons vivent normalement à plus de 500 mètres de profondeur !
Deux hypothèses sont alors proposées. La première réside dans la sortie de lave en profondeur. Cependant, le Directeur de l’ARVAM penche plutôt pour la seconde explication. Celle-ci consiste dans l’existence de couloirs d’effondrement des rejets volcaniques. De tels effondrements pourraient être dus aux multiples séismes qui ont affecté cette région et/ou au poids de la lave accumulée qui s’écroulerait parfois sous sa masse.
La troisième étude que l’ARVAM souhaiterait réaliser consisterait à observer à nouveau la coulée 2007, avec les autorisations de la Préfecture. En effet, contrairement à la coulée de 2004 qui était de type “pahoélé”, Jean-Pascal Quod pense que celle de cette année est une lave dite “aha” ou en grattons. Néanmoins, il faut être encore plus rigoureux au niveau de la sécurité avant de plonger, du fait que ce type de coulée est plus dangereux. En effet, la toxicité des gaz que celle-ci relâche, une fois dans l’eau, est forte. En outre, un risque d’effondrement de la lave accumulée sous la mer pourrait entraîner des conséquences dramatiques pour les plongeurs s’ils se trouvent dans l’eau à ce moment-là.

L’ARVAM à la recherche de financement

La Conseillère régionale Maya Césari se trouvait au Japon afin de promouvoir le café bourbon pointu lorsqu’on lui a amené le “Japan Times” dans lequel étaient relatées les dizaines d’espèces nouvelles découvertes par cette éruption. Des journaux italiens, “Paris-Match”, “Libération”, de nombreuses chaînes de Télévision ont évoqué cet événement. Le Directeur de l’ARVAM regrette de ne pouvoir travailler sur ce thème que sur son temps libre, et sans moyens. Pourtant, les possibilités en termes de communication sont importantes. La Cité de la mer de Cherbourg, qui reçoit chaque année 1 million de spectateurs, a déjà démarché l’ARVAM afin de travailler sur une exposition. Au niveau scientifique, contrairement aux 50 nouvelles espèces découvertes, le chiffre se situe plutôt à 85 actuellement. La plupart est certes connue des scientifiques, mais on ne connaissait pas du tout leur présence dans les eaux réunionnaises. En revanche, d’autres poissons restent encore à identifier. Une famille de poissons a été identifiée comme nouvelle à coup sûr : les Peristediidae. Un Taxonomiste du muséum d’histoire naturelle de Paris, Jean-Claude Quéro, est attendu dans l’île pour classer les spécimens, dans les semaines qui viennent.
Le musée scientifique le plus important de France, la Cité des Sciences, à Paris, a communiqué sur ces découvertes sur son site Internet. Des documentaires pourraient être réalisés, qui auraient vocation à être diffusés lors des Festivals du film scientifique, comme celui qui se déroule actuellement à La Réunion.

Matthieu Damian


Présentation de l’ARVAM

L’Association de Recherche pour la Valorisation de la Mer (ARVAM) a été créée en 1991. Elle est une agence d’exécution qui entend être l’interface entre la recherche scientifique et les acteurs du développement économique en général. Elle travaille sur 40 programmes par an, pour une équipe de 5 personnes, située à la Technopole de Saint-Denis. L’ARVAM est membre du Pôle mer et du Pôle de compétitivité Qualitropic. Il s’agit d’une association de type loi 1901 qui a deux grands types de métiers. Le premier relève de la sphère privée. Par exemple, il s’agit des études d’impact au niveau environnemental. Celles-ci concernent l’analyse des eaux de mer sur les stations d’épuration ou encore l’état de santé des récifs coralliens. Un poste de recettes important de cette association se situe d’ailleurs dans la surveillance de la qualité des eaux marines, en relation avec la loi sur l’eau de décembre 2006. Son travail sur ce thème date de 2002.
Le second est associatif. Cela concerne les missions d’intérêt général. Jean-Pascal Quod cite à cet égard le dispositif Reef Check, qui consiste, comme son nom l’implique en anglais, à suivre l’état de santé des récifs coralliens selon des protocoles non scientifiques. Le but est de faire participer le maximum d’acteurs comme les surfeurs, les clubs de plongée, les écoles. Un programme plus spécifique est dévolu à l’écotoxicologie. Par exemple, elle dispose du seul laboratoire sur le territoire national et européen à s’occuper de la ciguatera. Cette dernière est une intoxication alimentaire due à la consommation de poissons venant des récifs coralliens qui ont accumulé des toxines en grande quantité dans leur corps. Un autre programme appelé ERICOR est dédié à l’impact des pesticides sur les récifs coralliens notamment en relation avec le chikungunya.

M. D.

Les atouts de La Réunion

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Messages

  • bonjour, je suis très intriguée par ces espèces de poissons. c’es vraiment étranges, dans d’autres parties marines du monde, on en trouve d’aussi étranges. Est-ce à cause de l’eau qui y est pure ?
    Pour les avoir trouvé morts, c’est que l’eau a dû être bouillante, et que la lave est descendu très profond, et les a asphyxié. Ceux -ci ont dirait des rougets grondins.
    J’ai hâte de lire vos conclusions. Catherine.


Témoignages - 80e année


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