Sciences et médecine

Découverte d’une molécule prometteuse contre les bactéries résistantes aux antibiotiques

20 mai 2006

Des scientifiques ont identifié une nouvelle molécule qui pourrait un jour s’avérer cruciale pour lutter contre les germes devenus résistants aux antibiotiques actuels, selon une étude publiée dans la revue "Nature".
Découvert par des chercheurs de la firme pharmaceutique américaine Merck, le composé pourrait d’ici plusieurs décennies donner naissance à une nouvelle classe d’antibiotiques. Lors de tests en laboratoire, il s’est déjà montré efficace pour traiter des souris infectées par des bactéries résistantes aux antibiotiques. Cela ne signifie pas pour autant qu’il sera efficace chez l’Homme, mais il est jugé prometteur par les experts.
La molécule, baptisée platensimycine, a été découverte dans un échantillon de terre prélevé en Afrique du Sud. Elle tire son nom de la bactérie Streptomyces platensis, qui produit naturellement cette substance pour lutter contre d’autres microbes.
"Nous devons trouver en permanence des antibiotiques", explique Sheo Singh, des laboratoires Merck. Avec l’émergence récente de germes capables de résister aux antibiotiques les plus puissants, il existe un risque réel de voir certaines infections devenir incurables dans un avenir proche.
Le problème tient en partie au fait que la plupart des antibiotiques ne sont que des versions modifiées de médicaments commercialisés depuis un demi-siècle. En outre, malgré les progrès récents de la génétique et de la biologie moléculaire, la recherche de nouveaux antibiotiques se fait toujours par tâtonnements.

Pour traquer de nouvelles molécules, les chercheurs de Merck ont innové en testant des extraits de champignons, plantes et autres substances naturelles sur des bactéries possédant un "talon d’Achille" génétiquement modifié. Les bactéries étant ainsi affaiblies, toute molécule capable de les endommager produit des effets plus spectaculaires et est de ce fait plus facile à identifier.
"Nous avons testé plus de 250.000 extraits venant du monde entier", souligne le chercheur Stephen Soisson. Parmi eux, le platensimycine, qui s’est révélé exceptionnellement prometteur in vitro et hautement efficace lors de tests sur des souris infectées par une souche répandue et résistante de staphylocoque doré.
"Il semble que ce soit une molécule très prometteuse", note Eric Brown, biochimiste à l’Université McMaster à Hamilton, au Canada. Toutefois, la majorité des antibiotiques potentiels n’a jamais atteint le stade de la commercialisation même après avoir donné des résultats probants sur des souris, souligne-t-il.

Reste que la publication de l’étude sur le platensimycine dans une revue scientifique aussi prestigieuse que "Nature" est le signe que Merck a une grande confiance dans le potentiel de la molécule. "Je pense que cela va probablement déboucher sur quelque chose", pronostique Eric Brown.
Un tel succès serait une bonne nouvelle pour la firme américaine, confrontée à des milliers de plaintes liées à son anti-inflammatoire Vioxx, retiré du marché en 2004 après la publication d’une étude montrant que sa consommation à long terme doublait les risques de crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux.
Bien évidemment, même si le platensimycine s’avérait efficace sur l’Homme, les bactéries finiraient inévitablement un jour par devenir résistantes à la molécule.


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