Université : Le budget au cœur d’une polémique

Des administrateurs s’interrogent sur une « manne providentielle » de 13,4 millions d’euros

23 novembre 2007

Depuis près d’un an, le budget de l’Université de La Réunion est au cœur d’une polémique soulevée depuis plusieurs années sur la gestion de l’équipe dirigeante. En décembre 2006, le budget de l’année en cours (2006-2007) n’a pas été voté, et l’Université a été mise le 1er mars sous la tutelle du Rectorat. Les administrateurs syndiqués à l’UNSA soulèvent aujourd’hui la question de la sincérité du budget en préparation, depuis qu’ils ont appris l’existence d’une « manne providentielle » de plus de 10 millions d’euros, révélée par le Président de l’Université, Serge Svizzero.

Le syndicat UNSA, à travers plusieurs de ses sections représentées à l’Université, a soulevé avant-hier la question de la sincérité du budget en cours d’élaboration pour l’exercice 2007-2008 à l’Université de La Réunion. Plusieurs membres du Conseil d’administration de l’Université, présents lors de la réunion du 13 novembre convoquée pour le vote des grandes masses du budget 2007-2008, ont eu la surprise d’apprendre l’existence de fonds de réserve qui s’élèveraient, non pas à 10 millions d’euros comme l’a d’abord dit le président de l’Université dans une interview à la presse, au début du mois, mais à plus de 13 millions d’euros, selon le nouvel agent comptable arrivé à l’Université au mois de septembre.
Sur fond de difficultés financières - qu’accuse une décrue spectaculaire de la réserve depuis 2005 -, et d’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le statut des Universités, la polémique sur la gestion de l’équipe actuelle prend de l’ampleur.
Les universitaires membres du Conseil d’administration et syndiqués à l’UNSA ont saisi mardi la Trésorerie générale et la Cour régionale des Comptes pour un audit budgétaire d’une « manne » dont ils ne connaissent ni le montant, ni l’origine, faute d’avoir pu obtenir des réponses convaincantes lors du CA du 13 novembre. On leur a parlé de « réserves immobilisées », sans plus de précision, et les administrateurs de l’UNSA ne sont pas prêts à accepter une telle légèreté, après les mesures de restriction budgétaires et les « propositions drastiques » faites l’an dernier. La Direction aurait en effet demandé aux étudiants de payer des “droits additionnels” (environ 30 euros par étudiant) pour la mise en place d’une sécurité confiée à une société privée de surveillance. Et un vice-président au Conseil d’administration aurait proposé, toujours dans le but de « rétablir des finances au plus mal », de licencier les 140 contractuels de l’Université (enseignants, agents techniques...). Autant de “propositions” qui ne seront sans doute jamais réalisées - l’UNSA et les étudiants siégeant au Conseil d’administration ont voté contre -, mais qui sont révélatrices d’un état d’esprit, selon les opposants à l’actuelle équipe dirigeante.
L’apparition soudaine, dans un tel contexte, d’un fonds de réserve aussi important qu’inexpliqué, à quelques mois du renouvellement du Conseil d’administration, pose pour le syndicat le problème d’un « risque de dilapidation » des fonds publics, une partie de cette somme ayant été aussitôt proposée à la dépense, soit pour le fonctionnement, soit pour des « projets d’investissement » à déposer avant le 4 décembre 2007.
L’UNSA parle de « faillite du dispositif de pilotage de l’Université » et déplore « l’image négative » qui est donnée de l’établissement. La demande d’audit budgétaire a été doublée d’une lettre au Préfet, l’informant du « trouble » dans lequel sont les membres du Conseil d’administration, dont la demande de réunir un Conseil extraordinaire a été renvoyée au 28 février 2008.

P. David


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