Des jeunes refusant l’école retrouvent confiance… à l’hôpital

6 septembre 2012

À l’hôpital de Douai, le service de pédiatrie grands enfants (de 3 à 16-17 ans) est fermé. Frédéric Tobo, un éducateur qui occupe les enfants hors temps de soins, signale que cela ne va pas durer : « Pour l’instant, on n’a pas de patients, mais dans quinze jours, ils vont arriver ». La mini-épidémie qu’il annonce a un nom : la phobie scolaire. Car il y a des enfants qui, pour de multiples raisons, ne supportent pas l’école au point d’en faire, littéralement, une maladie. Maux de ventre qui durent, crises d’épilepsie, états dépressifs, etc., qui les envoient pour quelque temps à l’hôpital.

Ce phénomène, dont l’ampleur surprend, occupe la majeure partie des bénévoles de l’association à l’hôpital où sa présence est régulière : le lundi toute la journée puis tous les matins, sauf le week-end. Avec un bon coup de main d’élèves de l’école des Mines qui viennent le lundi après-midi. « Ils ont un contact très facile avec les ados », car ces élèves réfractaires à l’école doivent être abordés de façon particulière.
« On leur propose un enseignement à la carte. On frappe à leur porte, on entre et on leur demande : "Tu veux venir ?, Qu’est-ce que tu veux faire ?" On n’est pas dans la recherche de l’efficacité par rapport à un cursus scolaire, comme quand nous sommes à domicile. Là, ce qu’on cherche à apporter à ces enfants souvent intelligents, mais qui sont en refus, c’est du plaisir à apprendre, à découvrir quelque chose ».

Source : "La Voix du Nord"

Notre commentaire

Certainement l’un des pires constats qui soient contre l’école telle que les gouvernants l’ont, peu à peu, rabaissée.

Et ce n’est pas de la faute des enseignants, car l’exemple de la Finlande est là pour nous en assurer : réduire sérieusement le nombre des élèves dans chaque classe, revoir les contenus des programmes et le volume annuel des connaissances à faire acquérir coûte que coûte (sans jamais y parvenir d’ailleurs), remettre tout le monde — enfants, enseignants et parents — dans une relation de confiance réciproque, privilégier l’éveil de l’intelligence par l’épanouissement de tous les talents plutôt que le bourrage de crâne, ouvrir l’école sur le monde et les préoccupations d’avenir pour rechercher des solutions du même nom plutôt que terroriser les enfants en leur dépeignant un monde en faillite sur tous les plans. Faire pourtant toucher du doigt tous ces défis, insurmontables en apparence, pour susciter l’envie de les vaincre et non pour seulement les craindre. Exactement ce que les enseignants, corsetés par des politiques imbéciles, n’ont le pouvoir de faire qu’à leurs risques et périls. Et il faut vraiment que nos enfants aient un sacré talent pour parvenir à s’en sortir et que les enseignants aient une sacrée foi pour ne pas sauter par la fenêtre !

L’exemple de cet hôpital démontre que les enfants en situation d’échec ne sont pas des crétins, soit ils s’ennuient, soit on leur a tant inculqué la terreur de l’échec — et la honte, sa compagne — qu’ils se ferment.

Vincent Peillon, les experts et les représentants des enseignants, des parents et des enfants sauront-ils enfin prendre en compte une donnée simple : un enfant dont on excite la curiosité ne compte ni son temps, ni ses efforts pour atteindre au but ?

Jean Saint-Marc



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