Un plaidoyer pour une recherche française importante dans les Pôles - 2 -

Des propositions pour améliorer le dispositif existant

28 avril 2007

On le sait, le Marion Dufresne est le bateau qui permet le ravitaillement quatre fois par an des stations françaises en Antarctique. Géré par les Terres Australes et Arctiques Françaises (TAAF), il offre la possibilité à un certain nombre de touristes d’embarquer pour partir trois mois en mer, contre un prix important. Néanmoins, le rapport rappelle qu’en 1999-2000, « l’organisation d’une croisière du millénaire fut un échec cuisant ». En effet, comme le rapporte la Cour des Comptes dans son rapport public pour 2005, seuls quatre passagers, sur 38 places disponibles, ont réservé et acquitté le prix du voyage. « La plupart des passagers étaient des personnes proches du territoire invitées pour la grande majorité d’entre elles ». Le coût total de cette opération s’est élevé à 730.000 euros à la charge du contribuable !

Des gabegies à éviter

Sur ce point, le rapporteur déplore la place trop importante de l’activité océanographique de l’IPEV. En gros, le Marion Dufresne a été mal géré au cours des dernières années et pas seulement au cours de la croisière mentionnée plus haut. Cette explosion des coûts a grevé les autres budgets. A cet égard, le rapporteur cite l’absolue nécessité de recourir à des fonds exceptionnels pour rénover la base Dumont d’Urville qui « souffre aujourd’hui de graves problèmes de vétusté et de salubrité ».

La faiblesse de la présence française en Arctique doit être combattue

La France n’a pas participé de façon forte à la conquête de l’Arctique. C’est pourquoi, elle n’a pas de territoire qui lui soit propre. En revanche, comme le relate Christian Gaudin : « L’établissement de bases scientifiques des pays tiers n’est possible que sur l’archipel du Svalbard qui est en partie internationalisé depuis le Traité de Paris dans les années 1920. Ce traité, s’il reconnaît à la Norvège le droit d’exercer les prérogatives de l’Etat souverain, permet aux autres Etats parties de s’y établir librement et d’y développer des activités scientifiques et économiques en franchise des impôts et taxes norvégiens ». C’est pourquoi, la France y a implanté deux bases scientifiques. Pour le rapporteur, ces efforts sont insuffisants. A nouveau, il cite par exemple la nécessité de mieux connaître le Gulf Stream en contribuant aux efforts internationaux de recherche.

Une présence qui nécessite un
« pilote dans l’avion »

Il est proposé que la France se dote d’une réelle direction de notre présence aux Pôles. Pour ce faire, le rapport suggère deux options. La première serait de créer un poste d’ambassadeur pour les sujets polaires. La seconde consisterait à attribuer cette mission au directeur de l’IPEV. Concernant ce dernier, le rapporteur propose qu’il ait deux nouvelles missions inscrites dans ses statuts. La première doit être d’affirmer la présence française. La seconde doit veiller à développer une coopération européenne structurée. Quant aux TAAF, elles devraient préciser dans leurs statuts que « la valorisation du territoire passe par le développement de l’activité de recherche ». Une fois ce rapprochement opéré entre ces deux organisations, le rapporteur indique soutenir le principe d’une clarification des rapports entre les TAAF et l’IPEV.

Une coopération internationale à promouvoir

Pour le rapporteur, la France doit veiller à impulser une dynamique européenne, notamment en utilisant déjà ses rapports avec l’Allemagne et l’Italie en ce domaine, tout en restant ouverte à d’autres pays qui seraient intéressés. Au niveau international, le rapport préconise une coopération où l’excellence, la proximité et la longévité constituent les trois critères du travail en commun.

Matthieu Damian


De l’utilité de certains rapports parlementaires

Le 1er décembre 1959, 12 Etats signent le Traité sur l’Antarctique à Washington. Il stipule notamment « une internationalisation fonctionnelle du continent fondée tout à la fois sur son utilisation pacifique et sur le gel du contentieux territorial ». Néanmoins, à partir des années 1980, l’exploitation économique est mise en avant par quelques pays. La Convention de Wellington est alors proposée, le 2 juin 1988. Elle propose l’exploitation par les parties aux traités de l’Antarctique d’exploiter, sous des conditions rigoureuses, ce continent. Le Commandant Jacques-Yves Cousteau mobilise alors largement l’opinion publique. L’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques est alors prié de réaliser une étude sur ce sujet. En décembre 1989, le Député Jean-Yves Le Déaut présente un rapport au Président de la République, François Mitterrand. Ce texte l’a aidé à prendre une position courageuse, qui a consisté à refuser l’entrée en vigueur de la Convention de Wellington qui prévoyait l’exploitation minière de l’Antarctique. La France a alors négocié un nouveau traité qui aboutira, en 1991, au Protocole de Madrid. Ce dernier fait de l’Antarctique une réserve naturelle dédiée à la paix et à la science. Pendant 50 ans, toute activité minière est interdite, sauf en cas de décision contraire, mais prise à l’unanimité des parties.
Cependant, malgré la joliesse du texte, le Député Christian Gaudin pointe du doigt que « les parties consultatives, dans leur majorité, ne peuvent empêcher l’une d’entre elles de mener une action néfaste pour l’environnement ». A cet égard, il cite la Russie qui souhaite pénétrer le lac sous-glaciaire de Vostok. Une telle volonté pourrait provoquer des dommages pour l’environnement. Il souligne également le développement du tourisme dans les régions antarctiques qui croît de façon importante, ce qui pourrait modifier l’écosystème local.

M. D.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus