Du côté des associations de Parents d’élèves

16 août 2008

PEEP et FCPE, chacune avec son approche, prennent la mesure du décalage existant entre les mesures annoncées par le gouvernement et les moyens de les faire entrer dans la réalité de la vie scolaire et des rythmes des enfants.

Claude Guezello (Parents d’élèves de l’Ecole Publique) :
« Il faut se donner le temps de mettre le nouveau système en place »

A la PEEP, les parents abordent cette rentrée avec différents niveaux d’attentes et beaucoup de questions, comme l’explique le président de l’Union départementale, Claude Guezello. « Certains parents nous interpellent sur l’inscription de leurs enfants en lycées professionnels. Ce n’est pas une forte majorité mais ils sont inquiets ». La pénurie de places en lycées professionnels créent des frustrations dans les familles à chaque rentrée scolaire. « On leur dit d’attendre que la rentrée soit faite pour voir s’il y a des désistements, si des places se libèrent » poursuit Claude Guezello.
L’arrivée de 589 nouveaux enseignants - dont 175 sont des Réunionnais de retour dans leur île - est une autre source de questions pour beaucoup de parents. Le souhait de Claude Guezello, en leur nom, est que « ces enseignants s’intègrent bien et qu’ils travaillent dans l’intérêt de nos enfants. »
Mais la principale incertitude de cette rentrée, ce sont les deux heures supprimées le samedi et “réparties” dans la semaine...au gré des initiatives locales, semble-t-il.
« Notre Fédération s’était d’abord prononcée pour qu’il n’y ait plus classe le samedi. Puis il y a eu débat. Lors de la réunion que nous avons tenue le 9 août avec les présidents d’unions locales et des associations affiliées à la PEEP, nous nous somme opposés à l’ajout d’une demie heure en fin de journée, dans la semaine. Il y a un débat dans les familles : certaines voudraient avoir le samedi - souvent pour des raisons de pratiques religieuses, ou pour être libres de leurs activités - et d’autres, non. Pour les enfants en difficulté, ce n’est pas une demi-heure de plus en fin de journée qui va permettre de rattraper leurs retards. Nous pensons que la meilleure solution, pour les enfants d’école primaire, ce serait le mercredi matin, à partir de 9h. Ce serait l’idéal... » pense le président de la Fédération.
Parents d’élèves et mairies se retrouvent confrontés à l’organisation d’une “réforme” qui leur tombe dessus et dont la mise en musique va donner lieu à beaucoup d’improvisation.
« Nous demandons que l’instauration du nouveau système soit “décalé” dans le temps. Il faut se donner le temps de discuter, de mettre en place le nouveau système. Je ne pense pas que le Recteur mettrait un frein à cette démarche (de concertation a posteriori - Ndlr) » estime le président de la PEEP.
Ce qui indique assez clairement l’impréparation à laquelle vont devoir faire face les villes, les écoles... Pour la PEEP, beaucoup de questions entourent la mise en œuvre des nouvelles dispositions, qui devront être concrétisées par le dialogue et dans l’intérêt des enfants.

Benoît Blard, président de la FCPE :
« Nous craignons un immense gâchis »

« En ce qui concerne les 2h du samedi matin, la loi est déjà votée. On nous dit maintenant : “répartissez-les comme vous voulez”. Et c’est pour les enfants en difficulté, disent-ils. Ceux qui ont étudié les rythmes de l’enfant ont démontré qu’il faut étaler les activités et bien répartir les efforts. La variété des activités et des disciplines a besoin d’un étalement sur la semaine. Le gouvernement supprime des moyens, des postes et dit maintenant :“Faites mieux avec moins de moyens” » relève le président de la FCPE, en notant que les réponses à un train de mesures « qui avance comme un carterpillar » restent trop dispersées.
En ce qui concerne le “service minimum” décidé pour accueillir les élèves les jours où les personnels de l’Education national seront en grève, le président de la FCPE pense qu’« avec cette mesure, on va à l’échec ».
« Lors du Congrès de la FCPE, à Epinal, les spécialistes de l’Education qui sont intervenus ont tous dit que le gouvernement n’avait consulté personne avant de prendre ses mesures. Ce n’est pas une réforme réfléchie, discutée... Nous craignons un immense gâchis ».
Dans les écoles primaires, les écoles - en concertation avec leur avec leur ville, dans le meilleur des cas - vont devoir trouver une solution pour la répartition des deux heures et les moyens correspondants. « On nous dit que dans chaque établissement, cela se fera avec les conseils d’école. Mais je ne pense pas que, dans la réalité, cela se passera vraiment ainsi » poursuit Benoît Blard, en prenant l’exemple de sa ville. « Ici, au Tampon, nous avons déjà reçu deux courriers contradictoires de la mairie : un qui disait qu’à cette rentrée, l’école commencerait à 8h (au lieu de 8h30 - Ndlr) et un autre qui nous a dit ensuite de ne pas tenir compte du précédent courrier et que l’école commencerait à 7h30. C’est déjà la cacophonie... et pourtant, le maire est de la mouvance du gouvernement ! Ils devraient s’entendre ! »
Les parents se demandent en fait comment les mairies vont faire pour harmoniser les transports scolaires, les horaires des personnels d’école et des cantines.
« Nou koné pa ou i sava » résume Benoît Blard, en faisant part du scepticisme de la plupart des parents FCPE, qui dans l’ensemble souhaitent d’une concertation s’installe "pour trouver une solution". « Est-ce que l’inspecteur aura son mot à dire ? Nous pensons qu’il faut un temps de dialogue pour la mise en place... mais non ! le maire du Tampon a déjà décidé, là, tout de suite pour tout de suite ! » a poursuivi le président de la FCPE, en estimant que cet état de fait ajoute, à l’incompréhension des parents, une réelle inquiétude.

Propos recueillis par P. David


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus