Écrits et cris du lundi de Ginette Payet

12 septembre 2005

Il est toujours intéressant de tirer de l’oubli des personnages de l’Histoire
Réunionnaise, mais il ne faudrait pas pour autant en faire automatiquement des héros. Ainsi, Auguste Lacaussade (1815 - 1897) a à son crédit d’avoir signé l’appel des jeunes Créoles demandant en 1848 l’abolition de l’esclavage et le refus du Collège Bourbon de l’admettre signale le racisme qui sévissait. De là à en faire un grand poète et un grand personnage...
Ce n’était pas un poète maudit, mais le secrétaire de Sainte-Beuve et le chien de garde d’une littérature conformiste et réactionnaire, pas un Baudelaire donc. C’était un antisémite qui a signé des textes qui ne lui font pas honneur et sont le signe d’un sérieux racisme et c’était un patriote tendance xénophobe. Exemple : la découverte d’un texte inédit écrit lors de la guerre de 1870 et présenté dans “le JIR” du 4 septembre 2005 comme un "appel poignant à la résistance et au patriotisme face à l’envahisseur" est à la lecture un texte délirant absolument dans le genre le plus réactionnaire. Le journaliste qui parle du "pays envahi par les troupes allemandes" semble confondre 1870 et 1940 : 1870 fait partie de ces guerres sanglantes qui n’ont rien d’héroïque ! En 1870, la Commune de Paris rappelle que le peuple ne suit pas l’appel de Lacaussade à "Debout pour la sainte tuerie !" et cherche à construire une solidarité des peuples d’Europe (de nombreux Européens dont des brigades de Polonais participent à la Commune).
Le texte de Lacaussade est à lire comme un texte xénophobe, dans la ligne du délire anti-prussien (et non pas "allemand") qui se montrera dans toute son horreur en 1914. Alors, redécouvrir Lacaussade, pourquoi pas, mais en montrant toutes ses facettes : antisémitisme, xénophobie, pauvreté du style.

Ginette Payet


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