Le double discours de l’Etat

Education artistique et culturelle à l’école, oui.... mobilité, non

20 août 2008, par Edith Poulbassia

La « réussite par l’action artistique et culturelle ». C’est l’un des objectifs de l’académie pour cette rentrée 2008, d’autant plus que le ministère de l’Education nationale veut en faire l’une de ses missions prioritaires. Mais force est de constater qu’à la Réunion, l’Etat tient un double discours : alors qu’il affirme la volonté de développer l’éducation artistique et culturelle, il n’hésite pas à remettre en question les crédits pour les formations culturelles en mobilité des jeunes Réunionnais. Pourquoi cette incohérence ?

(photo IPR)

Parmi les nouveautés de la rentrée, l’académie double le nombre de classes à horaires aménagés pour les arts et la culture. En plus des quatre classes existantes à l’école Gabriel Macé de Saint-Denis, quatre autres sont créées : au collège Bourbon de Saint-Denis, au collège Mahé de Labourdonnais à Sainte-Clotilde, au collège Pointe des Châteaux à Saint-Leu, à l’école du 14ème km au Tampon.

Ces classes accorderont ainsi respectivement une place privilégiée à la musique, au théâtre, à l’histoire des arts, à la danse. Et travailleront avec l’école de musique de Saint-Denis, le théâtre du Grand Marché, le musée Léon Dierx, la Compagnie Pascal Montrouge et le Conseil Général.
A cela s’ajoute 1029 classes à projet artistique et culturel (classes à PAC) dans le premier et le second degré. Les élèves rencontreront durant l’année scolaire des artistes et des professionnels de la culture, et s’ouvriront à des domaines aussi variés que l’architecture, le cinéma, le design, la photo, la danse, etc. Plusieurs événements dans le domaine de la musique et dans le cadre de la Présidence française de l’Union Européenne sont déjà programmés.

A l’école primaire, les nouveaux programmes introduisent cette année l’histoire des arts car « l’intégration à la vie collective suppose aussi que l’école fasse une place plus importante aux arts qui donnent des références communes et stimulent la sensibilité et l’imagination ». En 2009-2010, l’enseignement de l’histoire des arts devrait être étendu au collège et au lycée. « Au collège, cet enseignement représentera le quart du programme d’histoire et la moitié des programmes d’éducation musicale et d’arts plastiques », lit-on sur le portail du gouvernement. L’épreuve sera même obligatoire au brevet des collèges.
L’accompagnement éducatif après les cours dans les collèges et les écoles primaires de l’éducation prioritaire, expérimenté l’année dernière dans l’académie, et généralisé cette année, n’est pas seulement destiné au soutien scolaire mais aussi « aux activités culturelles, artistiques, sportives ».
Le ministre de l’Education, Xavier Darcos et la ministre de la Culture Christine Albanel annoncent même des postes supplémentaires d’enseignants pour les collectivités locales, les écoles de musique et de danse, « afin de porter le nombre de classes à horaires aménagés de 200 à 800 d’ici à 5 ans. Ces classes seront élargies au théâtre et aux arts plastiques et développées notamment dans les établissements de l’éducation prioritaire. Enfin, la capacité d’accueil des élèves sera augmentée dans les écoles territoriales de musique, de danse, de théâtre et d’art ».
Simple effet d’annonce ? L’Etat en fait-il assez ? Toujours est-il que il affirme la volonté de renforcer l’éducation artistique et culturelle pour la réussite des élèves, en particulier de ceux qui évoluent au sein d’un établissement d’éducation prioritaire.
A la Réunion, l’éducation prioritaire concerne 19 collèges et les écoles de rattachement du réseau "ambition réussite" et 21 collèges des réseaux de "réussite scolaire" sur 664 établissements scolaires.
Une partie des élèves éprouvera sans doute le besoin de poursuivre cette éducation artistique et culturelle dans l’enseignement supérieur, de s’ouvrir à d’autres horizons comme les 80 jeunes sélectionnés cette année par la Région pour leurs projets de mobilité culturelle. Peut-être seront-ils plus nombreux, puisque l’Etat envisage d’accorder plus de place à la pratique artistique à l’école et hors de l’école. Or, l’Etat a d’abord décidé cette année de supprimer les crédits aux formations culturelles en mobilité, avant de revenir en partie sur sa décision, en assurant pour moitié le financement de ces 80 projets de mobilité, soit 40. La question se pose donc : l’Etat sera t-elle en mesure de répondre aux demandes de ces jeunes à l’avenir ? Comment leur expliquera t-il, après avoir affirmé l’importance de l’éducation artistique et culturelle, que les formations culturelles en mobilité ne sont pas une priorité sous prétexte que le taux d’embauche ne dépasserait pas 20% ? Les réponses viendront peut-être bientôt. La mobilité est au programme de la prochaine visite du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer le 29 août.

Edith Poulbassia

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  • Éducation artistique et culturelle oui à l’école, non à la mobilité, désolée c’est toujours le même schéma qui se reproduit à la Réunion, ce serait toujours les mêmes qui seront en haut de la fiche, c’est le cas pour les enfants des familles de milieu modestes, qui se trouvent dans ces sections art danse, musique etc... et qui restent sur le carreau.... Désolée mais c’est comme-ça fonctionne certaines institutions, aux passages devant jury on choisit toujours une catégorie d’élèves de niveau social élevé.La vérité elle est là.....


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