Si un Français sur trois quittait l’école sans diplôme, la France ne réformerait-elle pas son système éducatif ?

Éducation : les Réunionnais pas considérés comme des citoyens à part entière

16 juillet 2019, par Manuel Marchal

Une étude publiée jeudi dernier indique qu’un Réunionnais sur trois quitte l’école sans diplôme. Si en France, un tiers des jeunes était dans cette situation, des mesures sans doute seraient prises pour changer le système responsable de ce résultat. En effet, qui pourrait tolérer que 240.000 jeunes sortiraient sans diplôme de l’école ? Mais à La Réunion, une telle information ne suscite pas vraiment de vagues, est-ce à dire qu’un tiers de Réunionnais sans diplôme est une réussite de l’intégration à la France ?

L’exclusion des jeunes du droit au travail est un phénomène mondial, mais il est amplifié à La Réunion, avec un taux de chômage plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale (plus de 50%)

Un tiers des Réunionnais quittent l’école sans diplôme. C’est une des conclusions d’une étude sur l’évolution de la population scolaire publiée par l’INSEE jeudi dernier. Dans une étude précédente, l’INSEE avait indiqué que plus le niveau de diplôme est élevé, moins le taux de chômage est important. Sachant que le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans sortis de l’école est supérieur à 50 %, ce taux est donc supérieur pour les jeunes en échec scolaire. Cela veut dire que l’absence de diplôme après au moins 10 ans passés dans l’Education nationale est un passeport pour la précarité à vie.

Rapporté à la situation démographique de La Réunion, cette situation signifie que dès le départ, l’avenir de 4.000 Réunionnais qui naissent chaque année est compromis.
Si cette proportion est rapportée à la France, sur 719000 naissances en 2018, ce serait 240000 jeunes qui sortirait de l’école sans diplôme si le nombre des nouveaux-nés était stable.
Il est aisé d’imaginer qu’au bout de 10 ans, cela ferait près de 2,5 millions de Français sortis de l’école sans diplôme.
Nul doute qu’en France, une telle situation entraînerait une sérieuse remise en question du système éducatif. Un grand débat ne pourrait être évité, et des mesures de fond seraient prises pour corriger la situation.

Mais à La Réunion, force est de constater que la révélation de ce chiffre d’un Réunionnais sur trois sorti de l’école sans diplôme n’a pas fait de vague. Aucune remise en cause du système éducatif en place à La Réunion est à l’ordre du jour. Comment expliquer un tel comportement ? Est-ce à dire qu’un tiers de Réunionnais sans diplôme est une réussite de l’intégration à la France ? N’est-ce pas un moyen de continuer à utiliser l’alibi selon lequel il est nécessaire de faire venir d’ailleurs des compétences pour occuper des postes à responsabilité ?

M.M.

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