La rentrée scolaire vue par l’UFR

’Encore beaucoup de retards et de négligences...’

18 août 2006

L’Union des Femmes Réunionnaises donnera dans une prochaine conférence de presse, un panorama détaillé de la façon dont se passe cette rentrée scolaire dans les familles les plus modestes : les bourses, l’équipement, l’orientation des enfants. En attendant, l’UFR note que cette rentrée ’ne s’opère pas sous les meilleurs auspices’, déclare Huguette Bello, en pointant quelques problèmes parmi les plus aigus.

Au chapitre des retards, l’Union des Femmes Réunionnaises déplore que le plan de rattrapage décidé sous un précédent gouvernement - et qui devrait continuer à être appliqué, dans une visée de rattrapage réel de nos besoins - est dans les faits éteint depuis 2002. Ces retards se lisent encore dans les résultats des jeunes : dans le nombre des bacheliers, le taux des boursiers, le taux de scolarisation après 16 ans...
"Sur l’ensemble des Académies, 8.500 postes d’enseignants ne seront pas remplacés", relève Huguette Bello. La situation des auxiliaires de l’Éducation nationale reste également très précaire. "L’Éducation à La Réunion est un colosse aux pieds d’argile, qui souffre d’encore beaucoup de retards et de négligences", poursuit Huguette Bello, pour qui l’académie ne fait pas assez d’efforts pour consolider l’accueil des plus petits. "Moins de 14% des enfants de 2 ans et demi sont scolarisés en maternelle - dit-elle - et au lieu de chercher à améliorer cette situation, certains responsables au plus haut niveau développent ou répercutent des idées ultra-rétrogrades pour maintenir les enfants et leur mère à la maison, alors que des générations de pédagogues et de pédiatres ont démontré, avec Françoise Dolto, l’apport socialisant de l’école fréquentée dès le plus jeune âge. Le gouvernement s’appuie sur ces idées rétrogrades pour réduire les nombres de postes", ajoute-t-elle.
Retards encore, en dépit des efforts faits par la Région pour améliorer le bâti scolaire (école maternelles et primaires) aux côtés des municipalités : "Beaucoup d’écoles maternelles sont encore très vétustes ; il reste de gros problèmes... Des rats, par exemple", poursuit Huguette Bello, en signalant une école des Hauts de Saint-Paul et en rappelant que cette rentrée "se fait également sous le signe du chikungunya".
En manque toujours, le nombre de médecins scolaires susceptibles d’assurer le suivi des enfants sur le plan de la santé. Les trois visites prévues entre la maternelle et les classes de CM servent souvent à détecter des problèmes majeurs pour l’enfant, comme la défection visuelle.

Mille mutations d’enseignants venant de métropole
et des jeunes professeurs réunionnais obligés de partir en métropole

Une seconde cause de problèmes scolaires, après les retards, est dans certains choix de l’Education nationale : l’UFR conteste vivement celui de remettre en cause les postes d’enseignants d’éducation physique (STAPS) ou de laisser l’enseignement artistique à des "options".
"Nous devons être attentifs aux problèmes de bourses, voir comment sont réparties les "bourses au mérite" et quels sont les parcours de réussite pour les enfants de condition sociale très modeste".
Enfin, il est un aspect de l’enseignement à La Réunion qui mérite une mention spéciale, par l’afflux d’enseignants proches de la retraite, qui viennent finir leur cursus outre-mer, tandis que les jeunes Réunionnais reçus aux concours sont généralement obligés d’aller enseigner ailleurs : ils n’ont pas assez de points, puisqu’ils débutent, pour soutenir la compétition avec des retraités demandant leur mutation.
C’est peut-être très généralisé, mais c’est ainsi que l’UFR voit l’arrivée de mille enseignants mutés pour cette rentrée. Si le fait se vérifie et s’il se prolonge dans la durée, nous serions un département qui, face à une population jeune parmi les plus importantes de France, aurait le corps enseignant le plus "expérimenté".
Est-il trop angélique d’espérer que cela puisse être aussi pour le bien des enfants ?

P. David


La rentrée scolaire, en quelques chiffres

La semaine prochaine, 243.000 enfants retrouveront le chemin des 657 établissements scolaires, de la maternelle à la Terminale : 536 écoles maternelles et primaires, 77 collèges et 44 lycées.
Cette jeunesse représente plus de 30% de la population de l’île et, si leurs conditions d’étude se sont beaucoup améliorées, les résultats restent encore très mitigés, ou très inégaux. Dans une génération, seulement 51% des élèves décroche le baccalauréat à La Réunion et, après 16 ans, le taux de scolarisation chute à 71%, ce qui veut dire que ceux et celles qui quittent le système scolaire à cet âge-là, en sortent le plus souvent sans diplôme ni qualification.
C’est encore beaucoup trop, dans une île qui, par ailleurs, se donne des objectifs de formation vers l’excellence, dans de nombreux domaines, pour sa jeunesse et pour celle des pays voisins de l’Océan Indien. On ne peut espérer construire des parcours d’excellence sur un système qui rétrécit ses bases par la sélection.


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