« Il s’agit d’un projet ancien, dont on voit enfin l’aboutissement et qui représente une victoire pour La Réunion » a déclaré hier, Serge Svizzero, président de l’université. Il s’agissait de présenter l’école supérieure d’ingénieur en développement agroalimentaire intégré (ESIDAI) qui ouvrira ses portes en septembre 2006 à Saint-Denis.
Ce projet, qui a germé il y a plus de 10 ans, est le fruit d’un partenariat entre l’École nationale supérieure en biologie appliquée à la nutrition et à l’alimentation, l’Université, la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (CCIR) et le Conseil régional de La Réunion. Pour Paul Vergès, président de la collectivité régionale, cette école présentera un fort atout pour l’économie de l’île. Elle devra répondre aux besoins de son environnement et jouera un rôle décisif pour l’avenir. « La Réunion deviendra alors un pôle d’excellence et de rayonnement », a-t-il souligné. Pour le représentant de la CCIR, Pascal Plante, ce partenariat semblait évident. « Nos objectifs d’aménagement du territoire, de développement des études supérieures, ainsi que l’internationalisation de l’économie sont en accord avec l’esprit de ce projet », disait-il.
Par ailleurs, la jeunesse Réunionnaise bénéficiera d’une formation d’excellence supplémentaire. « Les jeunes ingénieurs diplômés qui intégreront, demain, les entreprises, généreront de l’activité et créeront des emplois », a précisé le président de l’université.
La création d’une telle école n’est pas due au hasard. La Réunion maîtrise les technologies développées en Occident, mais elle est aussi au cœur des pays de l’océan Indien dont elle partage les problématiques. Elle joue donc un rôle central en termes de promotion et de développement agroalimentaire. « Dans le positionnement à l’international, cette école se pose comme vecteur de savoir-faire technologique notamment pour les pays de la zone », a expliqué Bernard Vidal, chef de projet ESIDAI. Une formation qui se veut également à vocation internationale dans ses recrutements. « Les élèves étrangers seront les bienvenus, mais il sera difficile d’en accueillir à la rentrée de septembre en raison de problèmes administratifs et de délais », a noté Bernard Vidal. Ils devront donc patienter une année de plus avant d’accéder à une formation de choix qui comprendra un enseignement théorique mais également pratique.

L’originalité de la formation ESIDAI

Se déroulant sur cinq ans, cette école formera les futurs ingénieurs à la conception et mise en place de l’unité de production, à la gestion de celle-ci et au management de l’entreprise. « Ils devront apprendre notamment à s’adresser et discuter avec les entreprises de Bâtiment et avec les architectes pour mener à bien leurs missions », a précisé Bernard Vidal. La formation comprend une seconde dimension qui mettra en œuvre les méthodes du développement intégré en agroalimentaire. Elle sera centrée sur une thématique mondialisée de la production et du management qui s’appliquera aux zones tropico-australes.
Des stages sont également prévus afin que les étudiants soient confrontés à la réalité du métier. Ils devront ainsi effectuer 11 mois d’apprentissage en entreprises agroalimentaire, dont 4 mois en pays anglophone et 5 mois minimum en Europe. Une partie importante de la dernière année se déroulera à l’École nationale supérieure en biologie appliquée à la nutrition et à l’alimentation (ENSBANA), située à Dijon.
Tout au long de la formation, de nombreux intervenants viendront partager leur savoir et leur connaissance, dont une trentaine d’universitaires de La Réunion, mais également des chefs d’entreprise, des employés de la Chambre de commerce et d’industrie et de nombreux autres.
Le recrutement des étudiants se fera après le baccalauréat ou son équivalent à l’international. Ils devront déposer leurs dossiers avant le 15 mai 2006, ceux-ci seront examinés par une commission de recrutement. Les résultats seront communiqués fin juillet, et la rentrée est prévue pour le 8 septembre.
Rappelons que cette école ne sera pas implantée pour le moment dans le Sud de l’île. Selon Bernard Vidal, cela ne serait dû qu’à un manque de moyen et d’une structure d’accueil adaptée. « Tous les enseignants et moyens se trouvent dans le Nord, mais nous avons toujours et continuons à travailler sur un partage de cette formation avec l’université du Tampon », a-t-il dit.

Ingrid Koenig