Université de La Réunion

Étudiants en péril

3 novembre 2005

’Depuis 4 ou 5 ans, la vie étudiante s’est largement structurée à l’Université de La Réunion’, indiquait la semaine dernière Serge Svizzero. Ce qui est paradoxal. Depuis 4 ou 5 ans, le monde étudiant souffre de la précarisation sociale.

La vie étudiante est en nette structuration. Quelques indicateurs ? La création en mai 2003 d’une vice-présidence en charge de la vie étudiante. Bruno Rassaby, vice-président étudiant en charge de la vie étudiante, indique que cela a permis de répondre en partie aux attentes et besoins des étudiants. Issu du mouvement Étudiants 2000, qui s’est rallié au syndicat UNEF, le plus important syndicat d’étudiants, Bruno Rassaby a du pain du la planche. "Représentant de la communauté étudiante au sein des conseils de l’université et à l’extérieur, il a pour missions essentielles d’améliorer les conditions de vie des étudiants, ainsi que de défendre leurs intérêts, tant en interne, qu’auprès des instances extérieures (collectivités locales, CROUS, etc.)", indique le service communication de l’université. Il dispose ainsi de plusieurs dotations pour encourager les actions initiatives étudiantes, dont le Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes (FSDIE). Par ailleurs, "28.000 euros sont consacrés [NDLR : sur les fonds propres de l’université] chaque année à subventionner la trentaine d’associations étudiantes domiciliés à l’université", précise Serge Svizzero.
On note également que l’université envisage de se doter d’un Bureau de la vie étudiante (BVE), regroupant les élus étudiants, les responsables des maisons de l’étudiant, un chargé de mission Vie étudiante, un responsable administratif, et le vice-président en charge de la vie étudiante. Le BVE doit permettre aux étudiants de trouver sur le même lieu toutes les informations utiles à leur vie d’étudiant, à leurs démarches administratives, ou encore à la réalisation de projets associatifs. Il sera l’interface entre l’étudiant et l’Université.

Frais d’inscriptions illégaux

Tout cela a cependant un coût. Certes, l’Université fonctionne grâce à une dotation subventionnelle de l’État. Mais la participation de l’État ne permet pas de réaliser tous les projets de l’Université, et encore moins une implication plus ample dans la vie étudiante. L’Université compte donc se tourner davantage vers les entreprises réunionnaises, appelées à financer les premières formations technologiques et professionnelles.
Toutefois, le tissu économique réunionnais compte quelques grandes sociétés, capables de rémunérer l’université pour la mise en place desdites formations. Reste les frais d’inscriptions, une manne pour l’université. Si l’étudiant boursier paie son inscription 78 euros environ, le non-boursier doit quant à lui s’acquitter de 420 euros de frais, comprenant 73,43 euros de droits complémentaires. "Ce qui est illégal au sens de l’UNEF", explique Bruno Julliard. "On dit que les frais d’inscription complémentaires demeurent une obligation, parce que la dotation budgétaire baisse", note-t-il. Lui n’en est pas si sûr. Le président de l’UNEF a d’ailleurs interpellé le ministre de l’Éducation nationale, Gilles de Robien, pour que cesse le paiement des frais d’inscription illégaux. Par deux fois, le ministre s’y est engagé, mais sans suite. "Cela porte atteinte à la démocratisation de l’enseignement supérieur", déclarera Bruno Julliard. Toutefois, et nous le notons, les droits complémentaires exigés par l’Université de La Réunion restent dans la moyenne, reconnaît le président de l’UNEF.

Précarité sociale “estudiantine”

Bruno Julliard soulevait par ailleurs la préoccupante question de la précarisation sociale du monde étudiant. Une étude nationale montrait que le pouvoir d’achat des étudiants a chuté de 15% sur les 5 dernières années. Les frais d’inscription ont augmenté de 19%, alors que les aides aux étudiants (bourses) n’ont augmenté que de 4%. Aujourd’hui, en France, 100.000 étudiants vivent sous le seuil de pauvreté. Et nous pouvons rajouter une couche : la pénurie de logements universitaires accable sérieusement les étudiants, cela chaque année, obligeant la plupart à se tourner vers l’onéreux parc locatif privé. La Réunion n’est pas en reste. Elle ne compte que 900 logements universitaires pour 11.000 étudiants inscrits. Soit, il est utopique de penser que l’Université résolve seul ce problème de logement.
Pour Bruno Julliard, il importe de revaloriser les bourses accordées aux étudiants, et de construire ou réhabiliter des logements universitaires. En septembre dernier, lors de sa rencontre avec le ministre Gilles de Robien, il lui a simplement été signifié que le manque de budget ne permettait pas la mise en place d’un plan d’urgence pour la vie étudiante. Pourtant, force est de constater que ce plan est nécessaire, pour de meilleures conditions de vie pour l’étudiant, pour la démocratisation de l’enseignement. Une pétition nationale est diffusée depuis 3 semaines, pour que ce plan soit réalisé.

Bbj


Gestion des fonds publics

L’Université dément les affirmations de l’UNI

Suite à la parution dans la presse d’un communiqué de l’UNI mettant en cause la gestion de l’Université, cette dernière a adressé aux médias le démenti suivant.

"Le compte 625 relatif aux dépenses en "frais de déplacements, missions et réceptions" pour l’ensemble de l’Université de La Réunion a enregistré pour l’année 2004 un montant de dépenses de 1 million 645.450 euros, ce qui a représenté 10% du budget global de fonctionnement de l’établissement pour cette même année et a correspondu à une hausse de 10,21% de ce type de dépenses par rapport à l’exercice 2003. L’augmentation de ce type de dépenses s’explique par l’augmentation du coût de la vie et notamment par l’accroissement du coût du transport aérien".


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