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La lutte contre l’illettrisme en attente d’une restructuration :
1er mars 2005
Au fond d’une ruelle kass-kassé, vite transformée en toboggan boueux à la première pluie, deux cases voisines à toit dallé abritent l’organisme Faire+, son équipe de formateurs et des stagiaires. Nous sommes au Moufia, au cœur du “dispositif Nord” des quatre plates-formes constituées depuis 2000 pour contenir l’illettrisme et si possible le faire régresser.
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En régression l’illettrisme ? Ce n’est pas l’opinion de François Fourcade, directeur de Faire Plus. Pour être sur le front quotidiennement, cet hyperactif a la lucidité du désespoir. "On ne va pas dans le mur, on y est" dit-il en substance. Et il le prouve.
La lutte contre l’illettrisme, c’est d’abord une histoire de parcours humains chaotiques, interrompus, puis repris ; une histoire d’espoirs brisés et quelquefois reprisés. Une quête d’insertion par des dizaines de milliers de laissés-pour-compte qui essaient, tous les jours un peu, de reprendre pied.
Et pour ceux à qui il faut un tableau gestionnaire du problème, l’illettrisme c’est : un flux incessant épuisant tous les ans les moyens mis à le combattre, et un stock qui ne diminue pas.
"Faire Plus est considéré comme un organisme “de la première marche”", explique son directeur. Cela veut dire que le groupe travaille avec des publics "très éloignés de l’emploi et de l’insertion". Il est huit heures du matin et, à côté, sous la varangue, des animations “accompagnement vers l’emploi” attendent un jeune public. Le directeur nous reçoit pendant une heure, en attendant une réunion technique mensuelle à laquelle doivent participer des représentants de l’ADI, de l’ANPE et de la Mission locale.
Le positionnement pédagogique est l’un des caractères forts de Faire+. Ses formateurs ont travaillé avec une enseignante “français langue étrangère” qui leur a donné des bases ; avec l’ARCA et le CAFOC ils se sont aguerris à la formation de formateurs, au point d’être aujourd’hui "terrain de stage", c’est-à-dire un lieu d’accueil pour des formateurs ou des pédagogues en formation. "L’an dernier, nous avons accueilli pendant plusieurs mois une universitaire japonaise qui préparait un travail sur la pédagogie", complète François Fourcade. Enfin, les formateurs ont des rendez-vous réguliers avec un “tuteur”, J. Viracaoudin, docteur en science de l’Éducation, pour de la “formation tutorée” ou production permanente.
Côté stagiaires, la particularité de Faire+ est d’organiser chaque trimestre deux semaines d’atelier pratique, dans des domaines divers : soit technico-pratiques (électricité, bois, couture, cuisine, atelier journal...) soit formation familiale, de type “école des parents”. "Si on veut couper la chaîne de l’esclavage, il est très important d’apprendre aux gens à bien éduquer leurs enfants, pour que cessent les violences intra familiales de tous ordres", insiste François Fourcade qui, quoique jeune, a rencontré autrefois "la réalité des enfants ouvriers" et toutes sortes de traumatismes internes aux familles, lesquels reproduisent le “modèle” hérité des séquelles de l’esclavage. Ceci l’amène à nous évoquer les actions de Faire Plus, en convention avec l’AREP, pour de l’accompagnement de détenus en longue peine - des jeunes la plupart du temps, conduits à ces écueils par leurs propres traumatismes.
Telle est la réalité quotidienne des publics qui convergent vers les plates-formes. Mais peuvent-elles répondre aux besoins ? "Il faudrait faire beaucoup plus" estime François Fourcade, à qui la lucidité commande de dire, que "pour participer à un plan massif de lutte contre l’illettrisme, il faut se structurer autrement". Une observation valable pour sa société - qui accueille environ 260 stagiaires chaque année - comme pour les autres plates-formes.
À son avis, le volume d’heures stagiaires permet d’accueillir environ 1.500 personnes, en flux, sur douze mois, dans les quatre plates-formes. "Il y a environ 120.000 illettrés et il s’en crée 2.000 de plus tous les ans : 1.000 par l’Éducation nationale et 1.000 par les migrations. J’appelle cela “être dans le mur”".
Trop pessimiste, cette appréciation ? Les responsables de Faire Plus, comme d’autres, constatent que depuis quelque temps la tendance est à intégrer les actions de “remise à niveau” (RAN) dans la lutte contre l’illettrisme - ce qui donne une évaluation beaucoup plus importante du public pris en considération. Mais pour ces acteurs de la lutte contre l’illettrisme, il s’agit de deux choses différentes. "Les RAN sont de l’action préventive : elles sont là pour empêcher des jeunes sortis du système scolaire au niveau 5, de perdre leurs acquis" estiment-ils.
Le débat est lancé, même s’il n’est qu’un aspect des nombreuses questions qui préoccupent les animateurs de la lutte contre l’illettrisme. Au contact permanent des plus défavorisés, ils vivent eux-mêmes une attente et une précarité permanentes : leurs actions seront-elles renouvelées ? Qu’en sera-t-il des prochains appels d’offre ? Des visées de la concurrence ? Se peut-il que leur statut soit mieux reconnu ? Et leurs actions, inscrites dans des contrats pluriannuels, avec "de vraies formations de formateurs" ?
Ces questions traversent le milieu des acteurs de la LCI (lutte contre l’illettrisme), qui aimeraient bien — à ce que nous avons compris - porter ce débat dans la société et jusque dans les institutions.
P. David
An plis ke sa
Faire+, en bref
Créée en 91, la petite société a aujourd’hui cinq implantations dans le Nord et l’Est, plus des interventions à Trois-Bassins. Le tiers du volume d’heures-stagiaires dont elle dispose est pour l’illettrisme. Une autre partie des actions sont des accompagnements vers l’emploi avec des jeunes qui leur sont envoyés par l’ANPE. Faire Plus est “tête de plate-forme” depuis 2000 et travaille avec CD’Form dans la plate-forme Nord. Rompue à la formation de formateurs, Faire Plus a été l’un des lauréats (avec l’ILOI, la mairie du Port, les DCP et une association de la Plaine des Palmistes, entre autres) du Prix du meilleur projet européen (2004), pour la catégorie “insertion professionnelle”. Une forme de reconnaissance du savoir-faire réunionnais dans ce domaine.
Fenêtre sur l’immigration
"Nous ne faisons pas assez, collectivement, et le nombre d’illettrés ne diminue pas. Nous facilitons l’insertion des migrants de l’océan Indien, ce qui n’est déjà pas mal. Mais il faudrait faire beaucoup plus", résume François Fourcade, en se réjouissant malgré tout des synergies créées depuis quelque temps. Les plates-formes de la LCI sont en effet en première ligne dans l’accueil des migrants de l’océan Indien.
Journée d’appel
La Journée du service national, à laquelle prennent part les jeunes d’une même classe d’âge, permet de suivre les évolutions de l’illettrisme. En 2003, 22% des jeunes appelés à La Réunion répondaient aux critères de définition de l’illettrisme. L’année dernière, ce taux était de 16%. Les responsables du service national restent encore prudents, ne sachant pas si la tendance va se confirmer ou non. Quoi qu’il en soit, 16% d’environ 18.000 jeunes, cela fait encore plus de 2.800 jeunes qui, à peine sortis de l’école, sont repérés “illettrés”.
Les formateurs : pour un statut mieux reconnu
Dominique Delaunay, 32 ans et Kelly Leperlier, 24 ans sont deux des six formateurs de la société Faire +. Après une expérience de cinq ans à Mayotte, Dominique est arrivé à la plate-forme en 2002, et titulaire d’un FPA (formation professionnelle d’adulte), un diplôme homologué de niveau BTS. Il s’est beaucoup préparé à la formation de formateurs, qu’il aimerait voir intégrée à des conventions pluriannuelles. Kelly est en CDD, sur une convention de 25 heures et demie par semaine avec le CARIF-OREF et la Direction du Travail. Après une licence en science économique et une tentative vers l’enseignement, elle a trouvé plus intéressant d’aller vers la formation d’adultes. Ce qui l’intéresse ? "La relation sociale créée avec les stagiaires", dit-elle. "Chacun a des objectifs différents". En groupe ou en sous-groupe, ils font travailler l’ensemble des Réunionnais et des stagiaires venus de l’océan Indien, en quête d’insertion ou de formation.
Ils sont aussi quotidiennement confrontés aux difficultés sociales des publics : des jeunes sans toit, des étrangers sans métier. "J’aime ce que je fais, mais le métier de formateur manque de reconnaissance", pense-t-elle.
Ils vivent une attente perpétuelle quant au renouvellement des actions et disent n’avoir aucune garantie, au cas où un appel d’offre leur échapperait, en dépit de leur expérience. "Il n’existe pas d’accord entre les organismes, pour le recrutement des formateurs, en cas de perte d’un marché", explique Dominique Delaunay. Cette insécurité permanente contredit l’engagement de personnes compétentes dans un projet de longue haleine.
"On peut diminuer l’illettrisme", ajoute Dominique Delaunay. "Si demain on nous dit de prendre deux mille stagiaires, au lieu de 250. Mais il faut nous structurer autrement. A cette condition, nous sommes prêts à participer à un plan massif de lutte contre l’illettrisme", ajoute-t-il.
P. D.
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