Il y en a, des sujets passionnants étudiés à La Réunion ! Après un tour d’horizon général et l’état des lieux dressé lors de la première journée sur le campus du Moufia, les participants aux journées de la Recherche ont été invités hier à des “travaux pratiques”, sur le campus du Tampon, avec quelques aperçus sur les thèses en cours.

Les “travaux pratiques” ont été le fait des laboratoires de l’université, dont certains avaient présenté la veille leurs axes de recherche. Ils sont entrés hier matin dans le vif du sujet, en présentant aux invités de la zone certaines des thèses en cours. Juste pour donner un caractère plus concret aux collaborations qui pourraient se nouer entre universités des pays indocéaniques.
Au sein de l’ORACLE (Observatoire réunionnais des arts et des civilisations en lien avec leur environnement), Serge Breysse travaille sur “La littérature post-apartheid en Afrique du Sud”, et a fait un rapide exposé des efforts qu’on dû faire les éditeurs sud-africains, alternatifs ou non, pour survivre depuis 1994.
Son collègue Robert Emeras se consacre depuis plus de trente ans à une tribu du Nord-Ouest américain, les Squaxin ou “peuple de l’eau”, nom également donné à l’île qui leur sert de réserve près de Shelton (Olympia, État de Washington).
Claude Féral a présenté les thématiques de recherche du groupe de langue anglo-américaine interdisciplinaire, pour la connaissance de l’Afrique du Sud, les cinq colloques tenus depuis 1994 et les trois soutenances de thèses déjà effectuées.

“Savoir coloniaux” à Madagascar

Avec le CRESOI (Centre de recherche et d’étude sur les sociétés de l’océan Indien), Martine Balard a entrepris un travail sur les “Savoirs coloniaux” qui l’a conduite à répertorier les “collections” du fonds Raymond Decary, administrateur colonial arrivé à Madagascar en 1916, reparti en 1945 (et décédé en 1973). L’universitaire a tiré la sonnette d’alarme concernant le sort des collections qu’il avait léguées au Musée de l’Homme.
Abordant la thématique “Histoire et Mémoire” sur la question des enfants de la Creuse, Yvan Combeau a dénoncé vigoureusement les propos tenus la veille par un membre du Front national (voir ci-après). Son intervention a tracé les contours de la thématique, avec ses différentes pistes de recherche et a suscité une émouvante intervention de Jean-Philippe Jean-Marie, l’un des rescapés de cette terrible aventure.
Pour le Centre interdisciplinaire de recheche sur la construction identitaire (CIRCI) que dirige le doyen Latchoumanin, René Squarzoni a présenté son analyse des enjeux politiques actuels sur la question :
“Langue maternelle et “école maternelle””.
Virginie Cazes, doctorante du CREGUR (Centre de recherche et d’études de géographie de l’Université de La Réunion) s’intéresse au "rôle des tempêtes dans l’évolution des côtes coralliennes de l’océan Indien" et aux différentes réponses politiques devant les risques. Dans le même laboratoire, Fabrice Folio a travaillé sur les “Villes et structures spatiales élémentaires au Kwazulu-Natal : entre héritages d’apartheid et grandes orientations contemporaines”.

Géophysique et grammaire anglaise

Les exposés se sont faits ensuite très techniques, avec les travaux de Nicolas Villeneuve, étudiant en géomorphologie du milieu volcanique, sur “la structure image” ou l’utilisation des images radar ou satellite dans la connaissance de nos milieux. Bernard Rémy a donné un aperçu des travaux du laboratoire de cartographie, dont la réputation, soignée par quelques belles publications, n’est plus à faire.
Après ce qui ressemblait déjà à un marathon de thésards, l’exposé de Jean-Paul Rivière, du CRLHOI, en linguistique anglaise, a détendu tout le monde en appliquant les concepts spatio-temporels de la géophysique à la grammaire anglaise ! Puis Audrey Buisson a exposé les axes de recherche d’un ambitieux travail portant sur la “politique d’immigration au Royaume-Uni”, à partir du sort réservé aux minorités ethniques originaires du sous-continent indien.
Ces exposés, faits pour les invités de la zone océan Indien, visaient aussi à donner un aperçu des travaux de recherche de la faculté des Lettres, dont le doyen déplorait la veille qu’elle ait été si peu prise en compte dans la répartition en postes de la dotation spécifique.

Kabar

L’association Rasine anlèr organise le 24 octobre au Barachois un grand kabar pour favoriser les rapprochements familiaux et la recherche d’origine et d’identité des enfants envoyés autrefois dans la Creuse dans des conditions révoltantes.

Réponse au FN

"Une intolérable réhabilitation..."

Prenant la parole au titre de chercheur du CRESOI, l’historien Yvan Combeau a tenu à protester publiquement, "en tant que citoyen", devant "l’intolérable réhabilitation du nazisme " par un membre du Front national. L’historien en a appelé "à [ses] collègues de l’université et à la communauté des historiens" pour qu’ils "condamnent les propos tenus".