Inégalité de traitement dans les transports

9 mai 2006

Tous ceux qui ont voyagé en France métropolitaine ont pu constater qu’en 40 ans, l’État a fait un énorme effort dans les transports en commun, suivi par les villes. Il y a 10 ans, on prenait une nuit pour faire Paris/Marseille, aujourd’hui 3 heures, et 2 heures pour Lyon/Lille ! On va à Bruxelles ou Londres en 3 heures !
Certaines villes moyennes, avec beaucoup moins d’habitants que La Réunion, ont métro, tramway et laissent des vélos à la disposition des habitants (Rennes, Lille, Strasbourg). Pas mal de marchandises voyagent par train.
Pendant ce temps-là, à La Réunion, tout ce que nous avons eu, c’est des voitures, encore plus de voitures.
Tout est importé : la voiture, l’essence, les pièces... On construit routes et parkings au détriment des terrains à bâtir et des terres agricoles. Qui s’enrichit et qui subit cette politique ?
Le baril de pétrole est à 75 dollars US et cela ne va pas s’arrêter. Qui va payer cette politique à très court terme ?
Pourquoi n’y a-t-il pas eu égalité de traitement entre Réunionnais et Métropolitains ? Pourquoi l’État n’a-t-il pas fait bénéficier les Réunionnais de sa politique de transports ? Voilà un thème de pétition ! Exigeons des investissements de l’État pour de meilleurs transports, qui tiennent compte de tout cela : tout est importé, donc plus cher, et l’île ne peut contenir toutes ces voitures...

Encore à propos des transports

Dans un transport collectif - train, tramway ou bus -, on peut lire, regarder le paysage, bavarder avec ses voisins. Dans sa voiture, toujours tout seul (vous avez remarqué quand vous faisiez la Montagne, les files de voitures où il y avait une seule personne ?
J’ai chaque fois trouvé des compagnons de route avec le co-voiturage : c’est plus sympa et le temps passe plus vite, avec la radio qui vous raconte des histoires de circulation de voitures ! Enfermé dans sa voiture, on est condamné à écouter des histoires de voiture !
Avec les transports collectifs, on redécouvrirait les paysages de notre île. C’est quoi cet attachement à la voiture ? D’accord, les bus sont lents, rarement à l’heure, ils ne vont pas partout, ils s’arrêtent tôt et beaucoup d’usagers sont pénalisés. On aurait pu imaginer de plus petits bus, plus rapides.
Bref, c’est toujours le très, très court terme qui l’emporte. Si on fait le compte : 1 - pollution, 2 - prix du pétrole, 3 - tout est importé, 4 - accidents de la route meurtriers, 5 - saturation des routes, 6 - île couverte de béton, de bitume et de parkings, 7 - l’ennui d’être des heures tout seul dans sa voiture, 8 - pénalisation des gens qui ne peuvent se payer une voiture, 9 - problème des carcasses de voiture (île transformée en cimetière de voitures), 10 - embouteillages monstrueux et ça va pas s’arranger, 11 - retard considérable par rapport au reste du monde pour ce qui est des alternatives à la voiture, etc... Urgence, véritable urgence de prise de responsabilité.

Toujours les transports

J’insiste car, vraiment, je trouve cela délirant : quel plaisir peut-on trouver à ces heures d’embouteillage, cette pollution, ces files de voitures sous le soleil ? Il y a un tel écart entre les moyens de notre île et cette politique de la voiture à tout prix, on se demande si nous en sommes conscients.
Nous vivons comme si nous étions à l’écart du monde, comme si les guerres du pétrole ne nous concernaient pas, comme si nous serions toujours protégés de toutes les transformations du monde.
Les études sur le climat sont de plus en plus inquiétantes, mais pour nous, "y’a pas de souci" comme on dit. Pourtant l’épidémie de chikungunya a bien montré que nous ne vivions pas à l’écart du monde.
Dans l’Histoire, nous avons su résister à de plus terribles choses : l’esclavage et le colonialisme, en continuant à créer, à trouver des solutions à la déshumanisation. Aujourd’hui, avons-nous perdu cette qualité ?

Ginette Payet


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