La première journée de la recherche en Sciences sociales s’est terminée avant-hier par une table ronde animée par cinq doctorants, sur les perspectives de recherche dans l’océan Indien.
À la tribune, Michelle Marcely, vice-présidente de la vie étudiante et doctorante en économie, Bruno Rassaby (Histoire), Véronique Mattio (communication), Frédéric Payet (Histoire) et Thierry Caligaris (géographie).
Ils avaient en face d’eux, outre un amphithéâtre d’étudiants, plusieurs chercheurs et responsables d’organismes de recherche - dont Patrick Hervé, délégué régional à la Recherche - Christiane Taubira-Delannon (lire nos pages 4 et 5 d’hier), Saïd Ahmed Moussa, doyen de la fac de Lettres des Comores et deux représentantes de la Région, Maya Césari, élue déléguée à la recherche et membre de la commission du développement humain et Josiane Irissin-Mangata, chargée de mission.
L’absence remarquée d’un représentant du Conseil général a plongé dans la consternation l’organisateur de ces journées.

Trop d’abandons de parcours

Les étudiants ont évoqué les principales difficultés rencontrées, même lorsqu’ils sont boursiers, par les étudiants qui préparent une thèse. Certains étudiants dans la salle ont semblé juger cette approche quelque peu “nombriliste”, sans parvenir à tirer le débat vers d’autres centres d’intérêts, telles les perspectives de coopération régionale entre étudiants de la zone, comme le suggérait Shantala Hoarau.
Le débat a donc beaucoup tourné autour des difficultés financières des doctorants, et des conditions d’étude qui parsèment d’embûches leur parcours jusqu’à la soutenance.
L’État alloue 5 à 6 bourses pour doctorants et, depuis que la Région a décidé de faire la même chose pour 23 étudiants, c’est chaque année une trentaine de doctorants qui peuvent bénéficier d’une allocation. La Région réserve en outre cinq bourses par an pour des étudiants de l’océan Indien.
Selon la vice-présidente de la vie étudiante, 50% seulement des doctorants de Lettres iraient jusqu’à la soutenance.
La question des abandons a été soulevée par la conseillère régionale Maya Césari. L’allocation régionale se compose à 70% de crédits européens (FSE), qui ne sont versés qu’a posteriori, après la soutenance. La Région avance la somme entière et si l’étudiant ne va pas jusqu’à la soutenance, les sommes avancées sont perdues, alors qu’elles auraient pu soutenir le projet d’un autre doctorant. Devant cette "situation intolérable", la conseillère régionale a préconisé une "responsabilité partagée" dans la lutte contre les abandons de parcours.
Les étudiants-doctorants restent très préoccupés par le problème de leur insertion dans la vie professionnelle. Enseigner ou non ? La première voie est très étroite, la deuxième représente souvent un saut dans l’inconnu.
Une association d’étudiants- doctorants (Bac +4), Junior Entreprise, est en cours de constitution, pour "valoriser les expériences des étudiants de Lettres" a dit Michelle Marcely.

La mobilité n’est plus une réponse

Le débat a aussi évoqué la question de l’adéquation des thèmes de recherche avec "les orientations générales de la société", comme l’a formulé Christiane Taubira-Delannon.
La Région met l’accent sur "la pertinence pour le développement et les projets d’intérêt régional" et propose de "mieux cerner et mieux décrire ce qu’elle appelle “intérêt régional” dans tous les domaines", a complété Maya Césari. "Mais elle ne peut en aucun cas définir les domaines de recherche à la place des étudiants et de leurs directeurs de recherche", a poursuivi l’élue, en indiquant que le projet de Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise appelle un développement de la Recherche en sciences sociales.
La question de l’insertion des chercheurs dans leur société reste le plus gros point d’interrogation pour les étudiants, auxquels la “mobilité” n’apparaît plus comme une réponse, à ce niveau de compétence. "Nou pé pa konstrui La Rényon si lélit i désot la mèr", a réagi un étudiant dans l’amphi.

P. David