JOURNÉE PORTES OUVERTES

20 avril 2007

Tous les ans, à la même période, les différents CFA (Centre de Formation d’Apprentis) de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat ouvrent leurs portes aux jeunes de 16 à 25 ans. A la fin 2007, la CMA compte atteindre l’effectif global de 2.691 apprentis. Pas moins de 1.800 contrats devront être signés pour la réalisation de ce programme.
Destinée aux élèves des collèges et lycées, mais pas seulement, « cette journée est l’occasion pour eux de pouvoir rencontrer l’équipe pédagogique et les jeunes apprentis. Ils voient comment fonctionne le CFA et ainsi se rendre compte de ce qu’est la formation professionnelle », indique Gérard Dijoux, Directeur du CFA de Saint-Pierre.

Au CFA de Saint-Pierre

Apprendre un métier pour s’insérer dans la vie active

L’accueil des jeunes en quête d’information est fait par le directeur lui-même, qui espère, par ce biais, inciter les jeunes à postuler pour une formation professionnelle et choisir l’apprentissage. Mais au fait, qu’est-ce que l’apprentissage ?
L’apprentissage est une formation en alternance, et tout en travaillant dans les entreprises, l’apprenti suit des cours dans un CFA afin de décrocher un diplôme. Cela peut-être un CAP, BEP, Bac Pro, etc... En entreprise, chapoté par un maître d’apprentissage, l’apprenti apprend un métier, et au centre de formation, le jeune acquiert l’enseignement général et technologique nécessaire à l’obtention du diplôme.
Etre âgé entre 16 et 25 ans, avoir achevé un premier cycle de scolarité, trouver un chef d’entreprise qui répond, bien entendu, à certaines conditions, sont les modalités à respecter pour bénéficier de l’apprentissage.
Afin d’accueillir l’apprenti dans des conditions optimales de réussite, des moyens humains et matériels importants sont mis en place. Ainsi, en 2005, ce sont près de 8,9 millions d’euros qui ont été ainsi accordés à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat par la Région et la FSE pour le fonctionnement des centres, c’est-à-dire cours, hébergement, restauration, transport, etc...

L’apprentissage, une chance pour les jeunes

L’apprentissage permet aux jeunes de s’insérer dans la vie professionnelle. En effet, les bienfaits de l’alternance ne sont plus à démontrer. Acquérir une formation théorique, un diplôme et apprendre un métier sont les ingrédients de la réussite pour certains jeunes qui ne souhaitent pas s’engager dans un long cursus scolaire. C’est souvent l’expérience professionnelle qui fait la différence lors d’un recrutement. Et compte tenu du tissu économique riche en petites et moyennes entreprises et en entreprises artisanales et agricoles, le contrat d’apprentissage est un outil adapté au contexte local. C’est ainsi qu’en 2006, 1.857 contrats ont été signés, et au 1er janvier 2007, on comptait 2.556 apprentis dans les 5 CFA de l’île.
D’autre part, environ les deux tiers des lauréats trouvent un emploi dans les 6 mois suivant l’obtention du diplôme, et principalement dans l’entreprise qui les a formés. « On peut aussi trouver des apprentis, surtout de niveau IV tel que Bac Pro, qui ouvrent leur propre entreprise après l’obtention du diplôme. La mobilité est aussi une possibilité pour ces jeunes », explique Gérard Dijoux.

Il faut également savoir que la période des signatures de contrats s’étale du 15 juin au 15 novembre, donc commencez dès maintenant à démarcher auprès des entreprises.

Sophie Périabe


Témoignages

• Daniel Valeama, professeur en SEGPA (Sections d’Enseignement Général et Professionnel Adapté) au collège de la Pointe des Châteaux

« L’apprentissage ne doit pas se faire au détriment du lycée professionnel »

En classe de 4ème, les jeunes de la SEGPA préparent leur orientation, ils effectuent des stages en entreprise, etc... « Nous, professeurs, nous essayons de les pousser vers le lycée professionnel en CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle), c’est l’obligation pour eux de s’inscrire en LEP, l’apprentissage vient après, d’autant plus qu’il est très difficile de trouver un chef d’entreprise ».
Mais ce que le professeur dénonce, c’est la suppression tous les ans de places dans les sections CAP. Il faut savoir qu’après une 3ème SEGPA, le jeune ne peut pas prétendre à tous les diplômes, et le CAP est une chance pour lui de continuer son cursus scolaire.
« Lors d’une réunion le 5 avril dernier, on nous a annoncé qu’il y aurait 45 suppressions de places en CAP sur toute l’île, et c’est beaucoup trop. C’est bien de favoriser le CFA, mais il ne faut pas le faire au détriment du CAP en LEP ».
Daniel Valeama craint qu’au fil des années, les CAP en LEP disparaissent et qu’en sortant de la SEGPA, les jeunes n’ont plus le choix que de trouver un patron et de s’inscrire en CFA.
Il est donc essentiel de prendre conscience de ce problème qui touche les jeunes des 6 SEGPA de l’île.

• Enric, 16 ans, 1ère année de formation CAP Bois

Il a suivi une scolarité ordinaire au collège de Vincendo, et après sa 3ème, il a choisi l’apprentissage. « Je n’ai jamais trop aimé l’école, j’ai donc décidé de suivre une formation en menuiserie car mon papa m’a donné le goût de travailler le bois, il est lui-même menuisier ».
Pas de difficulté pour ce jeune homme, il apprend son métier dans l’entreprise de son père, mais pas avec ce dernier. Après ces 2 ans de formation de CFA, Enric envisage de continuer dans une autre branche, « CAP audiovisuel et technique », car « j’aime bien réparer les télés ou les baffles de radio » ou peut-être aussi de travailler avec son père, il est encore indécis.
Mais pour l’heure, son objectif premier est d’obtenir son diplôme.

• Mathieu, 16 ans, 1ère année de formation CAP Menuiserie Ebénisterie

Il a quitté la SEGPA de la Rivière Saint-Louis en 4ème pour signer un contrat d’apprentissage. « J’ai effectué un stage dans la menuiserie en classe de 4ème. Ça a été difficile de trouver un patron à ce moment-là, mais par la suite, mon patron m’a proposé un contrat d’apprentissage et j’ai dit oui ». S’il n’était pas dans la menuiserie, Mathieu aurait également aimé travailler avec les animaux. D’ailleurs, un éleveur lui avait proposé un contrat d’apprentissage, mais sa passion pour le bois a repris le dessus.
Après ces 3 ans de formation au CFA de Saint-Pierre, Mathieu pense que son patron actuel pourrait l’embaucher, sinon, il suivra une autre formation.

Propos recueillis par Sophie Périabe


Les filles aussi se tournent vers les métiers dits masculins. Ici, une spécialiste de l’hydraulique en plein exercice pratique.
(photo WT)

Au CFA de Sainte-Clotilde

A la découverte d’une opportunité professionnelle

Principalement touchés par le chômage, les jeunes voient dans cette initiative une formidable opportunité d’avenir, notamment pour ceux désirant effectuer une formation professionnelle courte. Ils veulent s’orienter vers une piste alliant formation et expérience professionnelle : l’apprentissage. La CMA, appuyée par la Région Réunion et l’Europe, entend présenter sur le marché des futurs salariés immédiatement opérationnels. L’expérience professionnelle joue souvent en faveur des apprentis, même si on pourrait déceler des formes d’abus. Embaucher un jeune apprenti est moins onéreux que d’employer un adulte. L’avantage financier dans le contexte économique réunionnais est mis en évidence.
En tout cas, ces journées portes ouvertes sont un sacré coup de pouce à la découverte de ce contrat, pour des jeunes souvent déphasés par rapport au marché de l’emploi.

Payer pour se former !

Pour une durée allant de 1 à 3 ans, le contrat d’apprentissage est un contrat de travail de type particulier par lequel l’entreprise s’engage à assurer à un jeune travailleur une formation professionnelle. Théorie et pratique en simultanée, cette méthode permet de former des salariés de grande qualité professionnelle. Les jeunes des collèges et lycées qui découvraient le CFA de Sainte-Clotilde, et conscients de cet avantage, parcouraient d’un œil attentif les murs du CFA, à la recherche du métier voulu. « Moi, je veux travailler dans le monde de la beauté. Esthéticienne, maquilleuse, coiffeuse, ce sont des métiers qui m’intéressent. Aujourd’hui, j’ai vu les locaux, les équipements. J’ai pris les 3 maquettes de formation, et je ferai mon choix avec mon conseiller d’orientation. En tout cas, j’ai beaucoup apprécié cette journée. Je pense que l’apprentissage avec l’alternance en entreprise est beaucoup plus intéressant », explique Géraldine (17 ans). Pour Yannick, c’est une tout autre paire de manche. « J’ai 24 ans, j’ai essayé plusieurs formations et c’était toujours l’échec. Aujourd’hui, je veux me tourner vers les métiers de l’agroalimentaire, peut-être même dans le cadre de la mobilité. Aujourd’hui, je fais mon petit tour, en visiteur attentif », déclare-t-il. « Moi, je me tourne vers l’apprentissage parce que ça va me permettre d’avoir un petit salaire tout en continuant mes études. Je veux reprendre l’atelier de mécanique de mon père et je veux obtenir tous les diplômes nécessaires », lance un autre.
Esthétique, agroalimentaire, métiers de la mécanique, coiffure, etc... les formations ne manquent pas, et le personnel du CFA Sainte-Clotilde est tout ouïe. Il faut convaincre les futurs apprentis. La CMA compte atteindre l’effectif global de 2.691 apprentis à la fin 2007.

Willy Técher


Bilan de la campagne 2006 en quelques chiffres

• 1.857 contrats signés en 2006 contre 2010 en 2005
• 2.556 apprentis dans les CFA au 1er janvier 2007
• un fichier de plus de 3.000 maîtres d’apprentissage
• 5 centres de formations
• une carte pédagogique de 80 formations, dont 19 de niveau IV et une de niveau III


Au CFA de Saint-Gilles les Hauts

Quinze ans d’âge et toujours plus haut

Le CFA de Saint-Gilles les Hauts, dont le pôle de formation est dirigé par Richeville Melchior, est dédié aux métiers d’art. Douze sections ont ouvert leurs portes (prothésiste dentaire, bijouterie, photographie, fleuriste, sérigraphie industrielle, signalétique, taille de pierre, arts graphiques, couture, sellerie, logistique et commercialisation, entreposage et messagerie) pour une formation de niveau V et IV (CAP et Bac Pro).
La nouveauté de l’année 2007-2008 sera l’ouverture d’un Bac Pro de “production graphique” dans la section des arts graphiques qui, jusqu’à présent, s’arrêtait au CAP-BEP des métiers de la communication et des industries graphiques.
L’année suivante (2008-2009), l’équipe travaille à l’ouverture d’un Bac Pro photographie.
Le CFA accueille en apprentissage les jeunes de 16-25 ans qui veulent obtenir un diplôme en apprenant un métier de façon pratique, en alternance dans des entreprises de l’île et en stage (2 mois) souvent dans des entreprises extérieures, en Europe ou ailleurs.
Le CFA assure également une formation continue, avec horaires souples, pour les demandeurs d’emploi et/ou les porteurs de projet de création d’entreprise, et les professionnels de tous métiers. Dans les métiers d’art, l’établissement propose des stages de perfectionnement, sur des financements de la formation professionnelle continue.
La journée portes ouvertes a été marquée à Saint-Gilles par le passage de M. Ferrari, responsable européen, partenaire de la Chambre de Métiers dans le projet “Equal femme plus” visant la féminisation des filières.


Au CFA du Port

Un Pôle “énergie environnement” en pleine mutation

L’équipe pédagogique de la Chambre de Métiers du Port, que dirige Christian Hoarau, a accueilli hier, pour la journée portes ouvertes, plus de 150 jeunes venus s’informer sur l’apprentissage et les métiers servis au CIRFIM du Port, qui abrite le plus ancien centre de formation de la Chambre de Métiers, autrefois rattaché à EDF, pour la formation aux métiers de l’électricité. La production d’énergie est en train de changer beaucoup, et les métiers changent avec elle. « Cela nous oblige à améliorer la qualité de la filière et à la compléter », présente Christian Hoarau, entouré de Daisy Lezais, responsable pédagogique, et de Jocelyne Grondin, responsable des formations du réseau Ducretet, qui forme des techniciens dans les divers métiers (vente et services) de l’électrodomestique et du multimédia.
En fait, la carte pédagogique du CFA est en cours de refonte complète pour répondre à la fois aux projets de la Mairie du Port (FAC) et aux objectifs de la Région, qui ambitionne de donner à ce CFA une forte orientation “Maîtrise de l’Energie”, jusqu’au niveau III.
La section des Vendeurs de l’électrodomestique et du multimédia en est à sa quatrième promotion (photo) tandis que s’ouvre cette année (2007-2008) une formation de technicien service de maintenance en électrodomestique. L’année suivante (2008-2009), ce sera le tour des techniciens Services en électronique Grand Public.
De plus, le CFA ouvre cette année un Bac Pro “Système Electronique et Numérique” (SEN), en remplacement des Bac Pro MRIM et MAEMC.

P. David


Formation maçonnerie.
(photo EP)

Au CFA de Saint-André

Les formations en bâtiment très prisées

Le CFA de Saint-André accueillait hier plus de 420 établissements (collèges, lycées et centres de formation) pour présenter ses formations spécialisées dans le bâtiment. Le secteur, très porteur, attire de plus en plus de jeunes âgés de 16 à 25 ans, voire des demandeurs d’emploi en recherche de formation professionnelle pour augmenter leur chance d’insertion dans le marché du travail. Le CFA a une capacité d’accueil de 600 apprentis, mais actuellement ce sont exactement 630 personnes qui apprennent les métiers du bâtiment : carreleur mosaïste, plombier, maçon, peintre, plaquiste, menuisier (aluminium, verrerie et matériaux de synthèse). Celiane Audit, responsable pédagogique du CFA, affirme qu’il y a d’année en année une augmentation des demandes pour intégrer le CFA de Saint-André. Les demandes viennent de toute l’île, et la structure propose un internat pour les apprentis venus de l’Ouest ou du Sud. Les autres bénéficient du service transport depuis Saint-Denis.

Campagne pour les contrats d’apprentissage dès juin

Les CFA ont l’avantage de proposer des formations en alternance, directement en prise avec l’entreprise. « Les chefs d’entreprises ont la possibilité d’embaucher un jeune et de le former après avoir fait une déclaration à la Direction du Travail. Ce sont souvent des familles qui ont une entreprise qui envoient leurs enfants en formation, ou alors le jeune doit trouver une entreprise pour l’accueillir. Nous disposons d’un point conseil pour aider les apprentis à trouver une entreprise dans le bâtiment, la structure est d’ailleurs financée par la branche du bâtiment », explique Céliane Audit.
Les journées portes ouvertes des CFA précèdent la campagne pour les signatures de contrats d’apprentissage, qui se déroule du 15 juin au 15 novembre. L’apprenti reçoit une formation d’une durée de un à trois ans, et il peut avoir accès à plusieurs contrats successifs, dans des métiers ou niveaux différents.

Une chance d’insertion pour les demandeurs d’emploi et les femmes

Peut-être encore insuffisamment exploitées, les formations pour les demandeurs d’emploi. Ce sont des formations continues d’une durée de 8 mois maximum, qui s’adressent même aux personnes de plus de 25 ans. Autre public qui peut profiter de ces formations pour une meilleure insertion, les femmes. Sur les 630 apprentis, le CFA ne compte que 4 filles ! Une seule suit la formation en maçonnerie, une seule aussi en peinture. Céliane Audit reconnaît que le CFA de Saint-André peine à intéresser les jeunes femmes, malgré les opportunités qu’offre le domaine du bâtiment. Pour y remédier, l’association Agence pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, en partenariat avec la Chambre des Métiers, mettent en oeuvre le projet européen “Femmes plus, equal”. Le principe est simple, aller à la rencontre des filles dans les établissements scolaires et de formation, et leur proposer de découvrir pendant deux jours un métier au sein du CFA. « L’objectif est d’accompagner les femmes vers ces filières. Dès ateliers de découvertes sont mis en place depuis la fin 2006, pour les filles de plus de 16 ans. Nous proposons ensuite de les accompagner pour trouver des entreprises pour l’apprentissage, si elles sont intéressées. Mais en aucune façon nous ne leur forçons la main. Les entreprises sont souvent satisfaites de leurs apprentis féminins, pour le travail soigné, une attention à la finition », affirme Fabienne Rubira de l’Agence pour l’égalité des chances. Le bâtiment représente en effet des chances de débouchés pour les femmes, alors qu’elles ont plutôt tendance à s’orienter vers des secteurs comme la petite enfance et la vente, où les candidatures sont nombreuses pour des offres limitées.

Edith Poulbassia

Contact : Agence pour l’égalité des chances au 0262.97.60.29, [email protected]


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Témoignages - 80e année


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