
C’était un 30 juin
30 juin, par1993- La disparition de Lucet Langenier. Elle a été brutale, prématurée et a frappé douloureusement non seulement sa famille mais aussi ses (…)
2 juillet 2008
L’Université de La Réunion s’ouvre à l’art contemporain. En trois ans, les campus du Nord et du Sud vont accueillir cinq œuvres d’artistes contemporains, dont trois Réunionnais.
Depuis l’année dernière, sous l’impulsion d’Yves Michel Bernard, chargé de mission à la culture récemment passé de la DRAC à l’Université, le 1% culturel a trouvé une assise sur les campus du Nord et du Sud. L’origine d’un pourcentage dédié à l’art - qui vise d’abord à soutenir les artistes contemporains en rendant leurs oeuvres accessibles à tous les publics - remonte en France au Front Populaire. Le "1%" s’est installé dans les politiques publiques après la guerre et a trouvé un premier cadrage réglementaire à partir de 1975. L’article 59 de la loi du 22 juillet 1983 transférant l’obligation du 1% aux collectivités n’a jamais eu de décret d’application explicitant les modalités. C’est ce qui explique que cette disposition est restée assez peu appliquée, en raison de procédures lourdes, qu’une circulaire de 2006 est venue considérablement simplifier.
Le "1%" est calculé sur la base du montant hors taxe du coût prévisionnel des travaux établis à l’APD (avant-projet définitif).
Sur le campus du Moufia, deux œuvres ont été installées depuis l’année dernière. Visite guidée avec Yves Michel Bernard, chargé de mission “Culture” et membre du comité artistique qui sélectionne les œuvres.
Dans la nouvelle bibliothèque de la Fac de Sciences du Moufia, l’œuvre acquise l’an dernier dans le cadre de l’obligation du 1% culturel est celle d’un jeune artiste berlinois, Saddam Afif, qui a fait ses études à Paris. « Le comité artistique a choisi cette œuvre parce que l’auteur manifestait, à travers elle, son intérêt pour la perception », explique Yves-Michel Bernard.
Il s’agissait d’une œuvre dont le coût n’excédait pas 30.000 euros : les nouvelles dispositions simplifiées prévoient dans ce cas que le maître d’ouvrage soit achète une œuvre, soit la commande à un artiste. La commission s’est réunie (voir la composition ci-après). On lui a présenté plusieurs œuvres et elle a choisi celle de Saddam Afif, achetée directement à la galerie parisienne qui s’occupe de cet artiste en France.
Dans la même bibliothèque des Sciences, une autre œuvre a trouvé sa place, mais pas dans le cadre du 1% culturel. Il s’agit d’une œuvre de Bernard Moninot, achetée par le FRAC Réunion en 1986 et encore jamais montrée. Il s’agit aussi d’une réalisation en verre, très fragile et difficile à installer - ce qui explique en partie sa longue relégation
Au Parc technologique universitaire, inauguré en mai 2008, le 1% installé sur deux “colonnes” verticales communicantes (cage d’escalier et cage d’ascenseur) a exigé une autre procédure, correspondant aux œuvres dont le coût excède 30.000 euros. A la suite d’un appel à projets, trois propositions ont été retenues. Le projet lauréat est de Kader Attia, un artiste français qui a fait ses études à l’Ecole des arts décoratifs, à Paris.
« Kader Attia, lorsqu’il est venu, s’est informé de ce qui se passait dans ce parc technologique. C’est un lieu de recherche ; on y trouve l’école supérieure d’ingénieurs en agro-alimentaire, le cyclotron, le service universitaire de la formation professionnelle. Il en a déduit que la recherche partait de l’observation de la nature - sans elle, par exemple, Newton n’aurait pas énoncé les lois de la gravitation terrestre ». Le chargé de mission Culture évoque à propos de ce choix un débat que le comité artistique a eu avec des critiques, dont la laïcité un peu sensible était chatouillée par la forme des structures posées sur les façades. Ils lui trouvaient un air de parenté trop rapproché avec l’architecture musulmane et s’en étaient ouverts au courrier des lecteurs. Le débat a permis de recentrer l’œuvre, selon Yves-Michel Bernard.
« Kader Attia a choisi des formes en ogive, qui sont des formes récurrentes dans toutes les civilisations, depuis que les humains ont commencé à regarder le monde autour d’eux. On les retrouve dans les premières “ouvertures” de la civilisation mésopotamienne. On les retrouve dans l’art roman, et à la Renaissance, quand on invente le principe de la fenêtre et l’observation du plan euclidien. On les retrouve également dans les grandes universités musulmanes de recherche, à Grenade notamment (Sud de l’Espagne). Les miroirs sont également utilisés dans les observations du ciel, par la civilisation perse, en Iran. Et chaque fois, ce sont des miroirs orientés selon des axes différents, pour capter des portions différentes du territoire. »
D’autres œuvres d’art, en cours de réalisation ou à venir dans le cadre du 1%,
prendront place sur les sites universitaires du Sud. A l’IUT de Saint-Pierre, ce sera un "jardin de repos » réalisé par Jack Beng Thi. Au complexe sportif du campus du Tampon, la semaine prochaine, sera installée une œuvre du photographe réunionnais René Paul Savignan. Au mois d’octobre, une sculpture d’Eric Pongérard trouvera sa place dans les nouveaux bâtiments administratifs du campus du Moufia.
A noter enfin que le ministère de la Culture, sur son site Internet, a fait figurer l’œuvre de Saddam Afif pour la bibliothèque scientifique de La Réunion parmi "dix œuvres remarquables" installées en France dans le cadre du 1%.
P. David
Le “comité artistique” de l’Université
Le nouveau dispositif du 1% a supprimé la commission artistique régionale pour le remplacer par un “comité artistique” établi par le maître d’ouvrage. Il en résulte un groupe plus réduit et plus facile à réunir.
Le comité artistique (à l’Université) comprend le Président de l’Université, un représentant des utilisateurs (selon le bâtiment destiné à recevoir l’œuvre), le DRAC, qui choisit deux personnalités du monde de l’art contemporain : Caroline de Fondaumière, directrice de l’artothèque ; et un représentant du syndicat des artistes (CGTR), Guy Trichet ; un expert en art contemporain - en l’occurrence, le chargé de mission “Culture” de l’Université, Yves-Michel Bernard - et le maître d’œuvre, c’est-à-dire l’architecte du bâtiment en construction ou en réhabilitation.
Une œuvre de Jack Beng Thi, installée à l’entrée du Port après les violences de 1994 qui ont coûté un œil à Théo Hilarion, a été très vite très endommagée. Que pouvez-vous en dire ?
- C’est une commande publique, réalisée avec la DRAC et la Chambre de Commerce à l’époque. Il y avait eu un appel à projet et celui qui avait été retenu est celui de Jack Beng Thi. C’est un cercle de verre qui permettait, au moment du coucher du soleil, de difracter toutes les couleurs. L’œuvre est enclavée dans un talus, à l’entrée du Port. Elle a malheureusement été endommagée. Une démarche est entreprise auprès de la CCIR, pour remplacer le verre. C’est un verre très spécial, qu’il faut faire venir d’Allemagne. Il faudra démonter toute la sculpture. Cela va demander un gros travail. C’est dommage qu’elle ait été détruite partiellement...
Mais vous savez pourquoi... Peut-être qu’avec une autre forme... ou en expliquant mieux l’œuvre, ce serait mieux passé ?
- C’était une forme très allégorique, pour dire que quand on est aveugle, il y a aussi une sorte d’éblouissement. C’est bien symbolisé dans le film sur Ray Charles. Je trouvais que l’idée du cercle de verre qui séparait les couleurs de l’arc-en-ciel était intéressante, parce qu’elle donnait une richesse au spectre solaire.
Cela n’a peut-être pas été assez expliqué... L’œuvre est belle, mais au moment où elle est arrivée, elle a été perçue comme une provocation gratuite...
- Cela n’a pas été expliqué. J’appartenais à la commission qui a choisi cette œuvre et je trouvais que l’aspect symbolique, simple et géométrique s’intégrait bien dans l’entrée du Port. Il a fallu cogner fort pour la casser, parce qu’il y avait quatre feuilles de verre, pour séparer les rayons du soleil.
Propos recueillis par P. David
ART CONTEMPORAIN - Le regard d’Yves Michel Bernard
Le dynamisme berlinois
• Par deux fois, dans la présentation des œuvres d’art contemporain, vous avez évoqué l’Allemagne comme pôle d’attraction. A quoi cela tient-il ?
- Aujourd’hui, c’est en Allemagne que se passent les choses les plus intéressantes sur l’art contemporain. Il y a une Biennale qui vient de se terminer - c’était en juin - dont on peut dire qu’elle est devenue presque aussi importante que la Biennale de Venise. Plusieurs artistes français ont décidé d’aller travailler à Berlin. C’est une scène beaucoup plus active que la scène parisienne. Beaucoup d’artistes indiens, africains travaillent aussi à Berlin. Dans l’exposition Africa Remix - qui a eu lieu d’abord en Allemagne, avant d’aller au centre Pompidou à Paris (2005) - la plupart des artistes africains présentés faisaient partie de la diaspora africaine de Berlin.
Qu’est-ce qui ne va pas, en France...?
- Il y a en France une vision trop jacobine de l’art ; alors que les Allemands sont traditionnellement beaucoup plus ouverts dans le fonctionnement de leurs écoles d’art. Ils sont sur des fonctionnements alternatifs, et pas sur des savoirs. Ce fonctionnement alternatif permet d’accueillir des artistes du Sud, avec des conditions de travail tout à fait intéressantes. C’est pour cela qu’on trouve beaucoup d’artistes indiens et africains à Berlin, plutôt qu’à Paris.
La France métropolitaine est un peu à la remorque, en matière d’art contemporain. Quand on regarde les expositions du Centre Pompidou dernièrement... Louise Bourgeois, 97 ans ; un phot allemand, 82 ans et qu’on compare avec ce qui se montre au Musée d’art contemporain de Berlin...
Cela tient au fait qu’à Paris, on attend que des valeurs soient confirmées pour s’y intéresser, alors qu’en Allemagne existe un système de bourse, mis en place par le Gœthe Institut - qui rayonne en Afrique, en Inde et en Chine - et qui permet à des artistes de venir étudier en Allemagne.
Dans les centres culturels français, en Afrique ou dans les pays du Sud, on “amène” de l’art français dans ces pays-là. Les Allemands font le contraire...
Art et Recherche
Pour une résidence d’artistes à l’Université
Dans les universités allemandes, anglaises, belges ou luxembourgeoises, il y a toujours au moins un lieu de résidence pour accueillir un artiste à l’année. Ici, à La Réunion, quand on veut accueillir un artiste, on est obligé de le mettre à l’hôtel. Il n’y a pas de lieu de travail, en structure publique, pour accueillir ces artistes résidents. Ce qui fait que l’Université, qui est un lieu naturel de recherche, ne peut pas être, comme en Allemagne, un lieu de recherche pour l’art contemporain. C’est aussi ce qui fait notre retard par rapport aux universités allemandes.
Nous allons y travailler avec la nouvelle équipe présidentielle, et avec le CROUS. Nous demandons qu’il y ait au moins une résidence. Nous sommes une zone ultrapériphérique en Europe et ce serait bien d’avoir chaque année au moins un artiste.
L’Ecole des Beaux-Arts le fait déjà, mais c’est un lieu de pratique et l’Université est un lieu de recherche. Ce qui est essentiel aujourd’hui pour les artistes, ce sont des lieux où ils peuvent se poser et faire de la recherche. Etre en contact avec des chercheurs en science, en physique, avec les laboratoires. Le contact avec le service STAPS (les sports) est très important aussi, pour faire de la recherche autour du corps. Beaucoup d’artistes cherchent à dessiner, à filmer ou photographier le corps humain et nous pourrions envisager de les recevoir au Tampon.
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Messages
2 juillet 2008, 14:55
Je n’ai rien contre l’art contemporain mais il ne faut pas se moquer du monde. Sur votre photo, je vois des miroirs installés sur un mur et c’est de l’art ?!!!!!
Tout cela me rappelle le fameux tableau monochrome de je ne sais plus quel artiste connu des seuls bobos parisiens ou des branchés péï.
Pour ce qui est du coût de cette petite plaisanterie, je me dis benoitement que 30 000 euros auraient pu connaître un meilleur usage !!!!!. Les étudiants qui galèrent faute d’argent ne pourront même pas se regarder dedans.
Ces miroirs ne reflètent que nos égos surdimensionnés alors que la misère s’installe.
Des ferronniers et miroitiers péï auraient pu faire la même chose à moindre coût.