
C’était un 30 juin
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Mort annoncée du service public d’éducation
28 janvier 2008
Le processus est lancé : l’Ecole de demain est avancée. Celle de « l’égalité des chances » ? Non, pensez-vous, juste un slogan, un affichage, une histoire d’ascenseur en panne, ou plutôt qui ne s’arrête pas à tous les étages. En 2010, les écarts sociaux se sont encore creusés au sein de l’Ecole. On la dit toujours publique, mais son fonctionnement est privé. Les établissements sont autonomes, les diplômes régionalisés. Il y a les élèves de l’élite et ceux du bout de la chaîne, marginalisés.
Il est vrai que nos politiques avaient perdu depuis longtemps toute ambition en matière d’éducation. Entre 1985 et 1995, face à l’inquiétude générée par la hausse du chômage, la France avait investit beaucoup de moyens dans l’Ecole. A l’époque, le gouvernement, les parents, les professeurs ont mis tous leurs espoirs dans l’Ecole pour relancer l’ascenseur social. Mais si le niveau général est monté, comme le pourcentage de bacheliers issus du milieu ouvrier non qualifié, les écarts sociaux en son sein n’ont, depuis, jamais cessé de se creuser.
ZEP : juste de quoi acheter un peu de paix sociale
Combien de pansements a-t-on mis sur la jambe de bois ? Combien de révolutions éducatives promises qui, faute de débat serein et de prospectives, se sont dissolues en mesurettes ne servant qu’à entretenir le mythe de l’Ecole républicaine de l’égalité des chances ? Il y a peu encore, les politiques appelaient de leurs vœux (électoraux) à l’Ecole ouverte, laïque, généreuse presque, distilleuse de savoirs pour tous sans distinction de classe sociale, de quartier, de nom. « Ambition réussite », disaient-ils, ZEP par ici, soutien scolaire par là... comme si un accès égalitaire aux meilleures possibilités de réussite était encore permis.
ZEP : juste de quoi acheter un peu de paix sociale, s’il en est. Comme dans tous les pays développés, la France compte des élèves en difficultés, mais son système éducatif n’a pas su les appréhender. Plutôt que de changer le collège par exemple, on a préféré leur dire qu’ils n’y avaient pas leur place. L’apprentissage à 14 ans a ainsi surtout été un moyen de les pousser vers la sortie. On a continué avec les redoublements plutôt que de fournir à temps une aide adaptée au moment du décrochage des élèves. On a continué et renforcé la discipline, la sanction stérile, car sans apprentissage de son sens. La culture de la note n’a elle non plus pas cédé le pas alors même que les pays dont le système éducatif est le plus performant sont ceux qui notent le moins les élèves. C’est le cas de la Norvège par exemple. On a clairement conforté l’Ecole maternelle dans son erreur, dans son rôle de trieuse sélective et précoce des bons et des mauvais élèves, de ceux qui réussiraient et des autres voués à l’échec.
La suppression de la carte scolaire a anéanti toute idée de mixité sociale. On a continué à former les enseignants aux situations de classe idéales, à les préparer à s’occuper des bons élèves. Et quand ils n’ont pas réussi de ce fait à rentabiliser les heures de soutien, on a préféré remettre en cause leur compétence, leur investissement. Car eux aussi sont victimes de cette Ecole de la méritocratie, reflet et expression exacerbée de l’injustice sociale.
L’École de la méritocratie
Étouffée par les prérogatives économiques de ce gouvernement, l’Ecole est devenue marchande. La décentralisation a été l’opportunité pour la droite de conduire son plan ultra-libéral de casse du service public qui n’a pas épargné le système éducatif. Les baisses d’impôts successives accordées aux revenus les plus hauts n’ont fait que paupériser l’enseignement. Il y a eu le transfert des ATOS aux collectivités, la suppression de tous les postes de précaires qui concourraient au bon fonctionnement des établissements, la distribution des financements non plus en fonction d’une politique éducative globale, mais selon les projets régionaux et des établissements.
Le décret de Robien qui remettait en cause le statut et les obligations de service des enseignants a finalement été maintenu en dépit des promesses électorales du candidat Sarkozy. L’effectif enseignant a été réduit à son extrême et l’argent économisé, qui devait être redistribué aux professeurs en place pour encourager leur investissement, leur « travailler plus », s’est finalement évaporé. Du moins, pas pour tout le monde, car la prime au mérite ne vaut que dans les établissements méritants, à savoir ceux vers lesquels sont concentrés tous les moyens financiers pour faire avancer l’élite. Le sport scolaire et l’Art plastique sont devenus des variables d’ajustement dans les établissements les plus pauvres. Dans certains même, les deux matières ont disparu : choix budgétaire oblige. Le gouvernement a progressivement instauré la pénurie à tous les niveaux pour arriver à ce chao que connaît l’Ecole de 2010.
Le Bac des riches et celui des autres
Concrètement, en 2010, les grands établissements sélectionnent (ouvertement maintenant) leurs élèves et rejettent ceux qui n’auront pas le Bac avec mention. Ils ont fait appel aux services du privé pour assurer la cantine scolaire, l’entretien de la structure, la sécurité, les cours de soutien, ou plutôt d’approfondissement pour ces élèves déjà brillants. En marge de cette Ecole clanique, de l’émulation intellectuelle où les chefs d’établissement appliquent avec zèle et facilité les consignes nationales (et en sont récompensés par de belles enveloppes), il y a celle du ghetto. Les élèves, marginalisés, sont avant tout éduqués à la loi de la jungle, à tenter de sauver leur peau.
À défaut de sécurité, les actes de violences s’y multiplient, la drogue circule, les rackets sont quotidiens. Quand le désordre gronde de trop, les forces de Police interviennent sans ménagement, et, répression pénale aidant, nombre de marmay finissent derrière les barreaux, sans qualification. Les locaux se délabrent à vue d’œil, les classes respirent le moisie, la cours est un véritable dépotoir. Les intoxications alimentaires sont nombreuses à la cantine. Les parents ne sont pas rassurés d’envoyer leurs enfants dans cette École-ci, mais elle est encore obligatoire. Ils n’ont pas les moyens de leur payer le privé, alors que ces autres établissements publics de standing, enclaves du privé, ne leur ouvrent pas leurs portes. Et puis, si leurs enfants désertent, la suppression des allocations est automatique.
Du côté des professeurs, la situation n’est guère plus reluisante. Ils passent plus de temps à faire de la sécurité qu’à enseigner : ce sont plus des travailleurs sociaux que des enseignants. Ils ont perdu toute liberté pédagogique, et depuis l’instauration des dits conseils pédagogiques, s’évertuent surtout à faire évoluer les courbes de performances des établissements pouvant ouvrir droit à des enveloppes supplémentaires. Au vu de leur condition générale d’exercice, cette carotte est bien difficile à atteindre. Les chefs d’établissement qui croulent sous les responsabilités juridiques s’arrachent les cheveux. Beaucoup démissionnent. Dans ces écoles, on passe des diplômes à bon marché qui ne sont pas reconnus.
Historiquement, si la France tenait à son Ecole, sujet de débats passionnés uniques en Europe, elle l’a finalement tuée. Les enseignants ont pourtant tenté d’alerter les citoyens, mais manipulés par le discours démagogique officiel, ils ont vu dans leurs manifestations un mouvement corporatiste. En 2007 et 2008 aussi, les syndicats pour les personnels précaires ont mené un combat difficile. Mais là encore, les citoyens n’ont pas été réceptifs à la mort annoncée du service public d’éducation. À peine 2 ans après, le scénario est pourtant bien réel. Si j’avais su, dites-vous. Vous saviez, mais n’avez pas voulu y croire. Maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
Stéphanie Longeras
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