Lutte contre le chômage des jeunes : baisse des crédits du PIJ et du FIM

L’Etat veut-il couper les ailes de la jeunesse réunionnaise ?

7 août 2008, par Manuel Marchal

Mercredi, la Région a alerté sur une conséquence des restrictions budgétaires opérées par l’Etat. Ce dernier diminue les crédits pour financer les projets initiative-jeune, ainsi que la formation individualisée à la mobilité. Résultat : des jeunes voient leur projet remis en cause. Cette année, la mobilisation avait permis de faire reculer l’Etat pour 200 jeunes qui doivent partir au Québec. C’est maintenant une autre action qui est visée. Tout le pays est concerné, car notre jeunesse, c’est notre avenir.

Comme les autres formations en mobilité, celles qui préparent aux métiers de la culture sont le résultat d’un partenariat. L’Etat, par l’intermédiaire de l’ANT, finance le billet d’avion, une prime d’installation et une allocation mensuelle de 305 euros pendant 24 mois au titre du Projet Initiative-Jeune (PIJ) ou de la Formation Individualisée à la Mobilité (FIM). De son côté, la Région paie les frais d’inscription, jusqu’à un plafond de 4.200 euros, et verse une allocation complémentaire d’hébergement de 395 euros.
Comme pour les formations au Québec, ou celles qui concernent les carrières sanitaires, le dispositif a comme pierre angulaire le FIM et le PIJ. C’est ce dernier dispositif qui subit les plus importantes restrictions budgétaires (voir encadré).
Le PIJ est une mesure créée par la loi d’orientation pour l’Outre-mer du 13 décembre 2000. Elle faisait donc partie du volet social de cette loi de programmation pour l’Outre-mer. Le PIJ répond à un besoin : lutter contre le chômage massif qui frappe la jeunesse. A La Réunion, la pénurie d’emploi est tellement importante qu’un jeune sur deux est privé de travail.
Le PIJ s’applique donc sous deux formes.
Premièrement, dans le cadre d’une création ou d’une reprise d’entreprise, un jeune de moins de 30 ans peut recevoir le PIJ sous forme de capital. Au moment du vote de la loi, ce capital était de 48.000 francs, soit aujourd’hui 7.320 euros. Le capital est versé en deux ou plusieurs fractions.
Deuxièmement, si le jeune a un projet de formation en mobilité, le PIJ est versé sous forme mensuelle. Dans ce cas, le montant mensuel est de 305 euros. La loi permet même à l’Etat de prendre en charge les frais de formation. Les faits sont là pour rappeler que l’Etat ne profite pas de cette opportunité. Dans les formations culturelles, c’est en effet la Région qui paie les frais de scolarité, alors que pour les formations se déroulant au Québec, c’est le gouvernement canadien qui apporte sa contribution.
Par ailleurs, la loi rappelle qu’un jeune peut bénéficier deux fois du PIJ, si par exemple il suit une formation en mobilité puis crée ou reprend une entreprise.

Développement et responsabilisation

C’est donc bien une mesure de développement, puisqu’elle vise à favoriser des investissements humains et financiers afin de dynamiser l’activité économique.
C’est aussi une mesure de responsabilisation car le jeune doit construire un projet, élaborer un parcours de formation en mobilité. Son dossier est ensuite évalué, et c’est sur cette base que la contribution des pouvoirs publics est versée. Cela suppose donc une véritable initiative de la part du jeune, et c’est cette volonté qui est récompensée.
Mais depuis deux ans, une nette diminution des crédits alloués par l’Etat à ce dispositif se fait sentir (voir encadré), ce qui est une remise en cause. En diminuant les crédits du PIJ, l’Etat pénalise le pouvoir d’initiative des jeunes. Il remet en cause les projets de milliers de jeunes qui veulent utiliser ce levier pour contribuer au développement de leur pays.
L’esprit d’initiative de la jeunesse est en effet un atout sur lequel un pays peut s’appuyer, c’est un trésor à valoriser. Malheureusement, les restrictions budgétaires de l’Etat se font au détriment de cette jeunesse, et c’est tout le développement du pays qui est concerné.

Manuel Marchal


PIJ : crédits en baisse de 20%

L’examen des avis des différentes commissions du Sénat sur les projets de loi de finances de ces trois dernières années fait apparaître une diminution du budget que l’Etat consacré au Projet initiative-jeune. Entre le projet de loi pour 2006 et celui de 2008, les jeunes ont perdu plus de 4 millions d’euros depuis deux ans, dont 3,5 millions depuis l’an dernier.

Projet de loi de finances pour 2006 : 19,45 millions d’euros

« Le volet création du PIJ est doté de 12,3 millions d’euros ».

- « 7,15 millions d’euros pour le financement du projet initiative-jeune, dans son volet mobilité »

Projet de loi de finances pour 2007 : 18,74 millions d’euros

« Le volet création du PIJ est doté de 12,04 millions d’euros en crédits de paiement ».

« 6,7 millions d’euros pour le financement du projet initiative-jeune, dans son volet mobilité ».

Projet de loi de finances pour 2008 : 15,22 millions d’euros ?
Le volet "création d’entreprise" du PIJ ne fait plus partie du budget de l’Outre-mer, il a été transféré à la mission "Travail et emploi", ce qui rend plus difficile l’appréciation de l’effort de l’Etat :

« 7,62 millions d’euros ont été provisionnés afin d’accueillir au sein du programme 103 les dispositifs propres à l’Outre-mer qui relevaient du programme 138 “Emploi outre-mer” du secrétariat d’État à l’Outre-mer :
• le Projet initiative jeune (PIJ) qui s’adresse aux personnes de moins de 30 ans afin de les aider à créer leur propre entreprise ;
• la prime à la création d’emplois versée à l’employeur dans les DOM et à Saint-Pierre-et-Miquelon ;
• la prime à la création d’emplois des jeunes à Mayotte dans le secteur marchand ».


« Le volet mobilité du Projet initiative jeune (PIJ) bénéficie d’un crédit de paiement de 7,6 millions d’euros ».


FIM : 400.000 euros de moins pour les jeunes

« La Formation Individualisée en Mobilité (Fim) vise à garantir aux jeunes de moins de trente ans originaires des DOM, de Mayotte et de Wallis-et-Futuna la possibilité de participer à des actions de formation qualifiante en Métropole, pour suppléer l’absence de certaines formations dans leur département d’origine », dit un rapport du Sénat. Voici l’évolution des crédits alloués par l’Etat à cette mesure depuis 2007, selon les avis de la commission des Affaires sociales du Sénat.

Loi de finances pour 2007 : 7,1 millions d’euros
« 7,1 millions d’euros pour le financement de la Formation individualisée en mobilité (Fim), pour les jeunes des DOM, de Saint-Pierre-et-Miquelon, de Mayotte (depuis 2000) et de Wallis-et-Futuna (depuis 2001) ».

Loi de finances pour 2008 : 6,7 millions d’euros
« Le financement de la Formation individualisée en mobilité (Fim), pour les jeunes des DOM, de Saint-Pierre-et-Miquelon, de Mayotte (depuis 2000) et de Wallis-et-Futuna (depuis 2001). (...) Le crédit de paiement inscrit au budget de 2008 s’élève à 6,7 millions d’euros ».


PIJ : Un dispositif créé par la loi

Le Projet initiative-jeune a été créé par l’article 11 de la loi d’orientation pour l’Outre-mer du 13 décembre 2000 dont voici un extrait :

(...) « Dans les Départements d’Outre-mer, les jeunes âgés de dix-huit à trente ans ainsi que les bénéficiaires du dispositif prévu à l’article L. 322-4-18 arrivant au terme de leur contrat peuvent bénéficier d’une aide financière de l’Etat dénommée aide à un Projet initiative-jeune, en vue de faciliter la réalisation d’un projet professionnel.

« Cette aide bénéficie aux jeunes qui :

« a) Soit créent ou reprennent une entreprise à but lucratif dont le siège et l’établissement principal sont situés dans un Département d’Outre-mer et dont ils assurent la direction effective ; dans ce cas, l’aide de l’Etat prend la forme d’un capital versé en deux ou plusieurs fractions ;

« b) Soit poursuivent, hors du Département d’Outre-mer dans lequel est situé le centre de leurs intérêts ou pour ce qui concerne l’archipel de la Guadeloupe, hors des îles des Saintes, de Marie-Galante, de la Désirade, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy où est situé le centre de leurs intérêts, une formation professionnelle proposée par l’Agence nationale pour l’insertion et la promotion des travailleurs d’Outre-mer ou par tout organisme agréé à cet effet par l’Etat ; dans ces cas, l’aide de l’Etat prend la forme d’une mensualité, dans la limite de deux ans, à laquelle peut s’ajouter la prise en charge de frais liés à la formation.

« La décision d’attribution de l’aide est prise par le représentant de l’Etat dans le département, qui apprécie la réalité, la consistance et la viabilité du projet. (...)

« Un même jeune peut bénéficier successivement des deux types d’aide si, après avoir suivi une formation en mobilité, il crée une entreprise dans les conditions fixées au présent article. (...)

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