Formation mobilité en Inde

La cuisine au menu de la coopération régionale

11 janvier 2006

Bien sûr à La Réunion, l’on peut déguster de succulents tandoori, briani, aloupouli et autres spécialités indiennes, mais quel terrain de stage plus opportun que l’Inde elle-même pour être initié à son art culinaire ? Si après cette formation à la cuisine indienne, les huit demandeurs d’emplois, élèves du Centhor, partis hier en terre indienne, ont les outils pour mener à terme leur projet professionnel, alors c’est toute La Réunion qui est gagnante. La Région Réunion, instigateur et financeur du projet, soutenue par la CCI, l’a bien compris.

Depuis octobre 2005, seize demandeurs d’emplois suivent une formation professionnelle “cuisine chinoise et indienne” au restaurant d’application “Couleurs mélangées” du Centhor (Centre de formation en cuisine, hôtellerie, tourisme de la Chambre de Commerce) de Sainte-Clotilde. Sur commande de la Région Réunion, cette formation qualifiante comprend une phase de mobilité, pour la moitié en Inde et l’autre moitié en Chine.

2 mois de stage

Jean-René, Jonathan, Loïc, Eddy, Alphonsine, Ludovic, Samantha, Marie-Reine, accompagnés de Daniel, leur formateur, se sont envolés hier en début d’après-midi vers Maurice, via l’Inde. Choisis pour leur motivation et leur projet professionnel, ils vont suivre huit semaines de stage à l’Institute of Hotel Management and Catering Technology de Trivandum et six semaines d’applications à l’hôtel Le Méridien de Cochin. Les 20 et 21 janvier, ils participeront au festival de la grande cuisine ethnique, manifestation annuelle d’envergure. Une fois leurs compétences affûtées aux techniques culinaires locales, ils pourront à leur tour enrichir les entreprises locales de leur savoir-faire.
Une heure avant leur départ, les stagiaires, réunis dans la salle d’attente de l’aéroport Roland-Garros, se sont prêtés aux questions de la presse. Eddy, 18 ans, le plus jeune des participants, observe, silencieux, alors que Marie-Reine, 48 ans, la doyenne aurait beaucoup à dire. Elle qui aspire depuis longtemps à créer sa petite entreprise, espère que ce voyage lui ouvrira les portes de sa table d’hôte. Ses enfants, qui ne veulent pas reprendre l’exploitation agricole de la famille, pourraient alors s’investir à ses cotés.

Découvertes et ambitions

Loïc, né en métropole mais qui a toute sa famille à La Réunion, ambitionne d’ouvrir un restaurant de cuisine indienne sur Saint-Pierre. Ce premier voyage à l’étranger est pour lui synonyme de découvertes et de promesses d’avenir, vers "une Inde et ses épices qui m’attirent."
Pour Jean-René, en plus d’"un retour aux sources", le fait de former des Réunionnais à la cuisine indienne est un plus pour La Réunion. Cela évitera selon lui de faire venir des chefs indiens et permettra aux stagiaires d’enrichir de leur nouveau savoir la cuisine locale, car "il y a autant de cuisines indiennes que de régions en Inde."
Attendu qu’ils suivent un CAP Cuisine des Collectivités spécialité cuisine indienne, le bénéfice de ce projet reviendra également aux collectivités. Jonathan souligne qu’avant leur départ, ils ont également suivi des cours d’anglais et de tamoul. Un enrichissement certain qui sans ce stage ne leur aurait certainement pas été offert.
Enfin, Alphonsine, bien qu’attirée par ce retour à la culture, aux traditions, a du mal à dissimuler son appréhension, cette petite crainte de l’inconnu ressentie avant chaque départ vers de nouveaux horizons. Mais tout a été prévu : en plus d’un encadrement sur place, Daniel, leur formateur sera là pour les accompagner. Ce sera aussi l’occasion pour lui, d’approfondir le savoir transmis par un formateur de Pondichéry accueilli l’année dernière au Centhor de La Réunion.

Estéfani


Région Réunion : instigateur et financeur

Fidèle à ses engagements

Dans ses vœux aux Réunionnais, le président de la Région Réunion, marquant la volonté d’un développement stratégique pour son pays passant par l’appréhension de toutes les potentialités offertes par son environnement géoéconomique, notait que durant l’année 2006, "la Région accentuera les efforts déployés dans le domaine de la coopération régionale et des initiatives seront prises pour le renforcement des échanges avec les deux grandes puissances émergentes du 21ème siècle que sont la Chine et l’Inde."
Un peu plus loin, il soulignait que "dans une société meurtrie par l’ampleur du chômage et de graves inégalités menaçant la cohésion sociale, aucun développement ne sera durable s’il n’est pas solidaire, s’il n’offre à chacun la possibilité d’inscrire sa réussite individuelle dans un projet collectif." Gérard Arzilli, secrétaire général de la Chambre de commerce et d’industrie, notait hier que la collectivité, qui commande et finance à hauteur de 300.000 euros ce projet, est totalement fidèle à ses engagements. "Ce projet est en totale cohérence avec la politique d’ouverture et de coopération régionale fortement initié et encouragé par la Région et la Chambre de Commerce. Nous croyons beaucoup à ces deux destinations avec qui nous avons des liens culturels, cultuels et familiaux."
Et c’est aussi pour renforcer des liens économiques que les deux partenaires s’unissent à nouveau, mettant des moyens financiers et humains au service de cet ambitieux projet pour le développement de l’île, au service de ses citoyens. Dès leur retour d’Inde, les huit autres stagiaires partiront pour la Chine. D’ores et déjà, toujours soutenu par la Région, le Centhor pense à un stage mobilité du même type pour les ingénieurs Sup Info de Saint-Benoît, école de cadres qui a trois sœurs jumelles à Tianjin.


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