Réunion d’information sur la mobilité au Québec

La jeunesse est « une réserve de forces vives »

16 novembre 2006

Pour la première réunion d’information sur la mobilité au Québec, les 21 représentants des établissements présents dans l’île ont fait salle comble à l’ADPE. Plus de 300 jeunes et des parents, à tel point que certains sont restés debout, faute de places. Un succès qui en dit long sur la volonté de la jeunesse réunionnaise de s’assurer un avenir professionnel de qualité. Un succès qui témoigne aussi de l’attirance des Réunionnais pour ce pays accueillant qu’est le Québec. Rencontre, au terme de cette réunion, avec Jacques Robert, sous-ministre adjoint à l’Intégration, à la Régionalisation et aux Relations interculturelles du Québec.

Dans beaucoup de pays, européens notamment, l’immigration est synonyme de problème. Le Québec au contraire s’ouvre aux étrangers. Quelle immigration a choisi votre pays ?

- Le Québec est ouvert pour les étudiants étrangers parce que nous avons une volonté d’internationaliser nos études. Nous sommes en effet l’un des rares États à faire une politique d’immigration. Notre commission parlementaire se penche tous les 3 ans sur la question : doit-on continuer l’immigration, pour en faire quoi ? L’immigration est à la fois une volonté politique et populaire. Au niveau des politiques, tout le monde est d’accord pour dire qu’il n’y a pas trop d’immigrés. Il existe un consensus social. Au niveau de la population, 85% des Québécois trouvent qu’il y a assez ou pas assez d’immigrés, seulement 15% pensent qu’il y en a trop.
L’immigration répond à 2 de nos besoins : la croissance économique et la démographie. Notre population est vieillissante, le taux de fécondité est même inférieur à celui de la France, c’est un véritable déclin.
Le Québec est un État particulier au sein du Canada. Nous voulons ouvrir notre pays sur le monde, et cela passe par une ouverture à l’intérieur même de ses frontières. Le Québec est aussi le seul État francophone en Amérique du Nord. L’immigration répond à cette volonté de préserver la langue française au Québec. En augmentant le nombre de francophones au Québec, nous espérons assurer la pérennité de la population de langue française.

Chaque année, combien d’immigrés arrivent au Québec et comment sont-ils accueillis ?

- Nous recevons chaque année 46 000 immigrés, soit en proportion, un nombre supérieur à celui des Etats-Unis. Ce chiffre va s’accroître dans les années à venir. En cas de récession économique, l’immigration se régule d’elle-même, les migrants étant conscients du contexte.
Un tiers des immigrants ne sont pas sélectionnés. Ce sont des demandeurs d’asile, acceptés par le Canada et qui vivent au Québec. Les deux tiers restants sont sélectionnés selon un objectif de contribution possible à l’économie. Le travailleur s’installe au Québec avec sa famille. Nous sélectionnons la personne en fonction de l’âge, de la scolarité, de l’expérience professionnelle, de la connaissance du français, de l’anglais, du Québec.

Allez-vous dans d’autres pays rechercher des candidats à l’immigration et aux études, comme vous le faîtes ici ?

- Non. Nous avons développé un projet bien particulier avec la Réunion. Tout a commencé avec une première expérience en 2002. Un projet un peu fou, mais qui fonctionne, de venir rechercher des travailleurs pour le milieu forestier à la Réunion. Cette démarche ne concernait qu’une dizaine de travailleurs, qui pour certains aujourd’hui sont dans une démarche d’immigration puisqu’ils souhaitent rester au Québec. À partir de cette expérience, nous avons misé sur la formation professionnelle qui ouvre la voie à une expérience dans le monde du travail.
C’est finalement une approche gagnant-gagnant pour la Réunion. Une délégation vient ici proposer un recrutement pour des domaines précis. Nous ne garantissons pas un emploi, c’est aux étudiants de se démener d’abord dans leur formation professionnelle pour le trouver. Qu’ils décident ensuite de rester au Québec, un an, dix ans, ou de revenir à la Réunion, c’est leur choix. Des gens arrivent à se faire une vie au Québec, mais on sait qu’il n’est pas facile de rester loin de sa patrie. Pour la Réunion, ces personnes qui partent sont une réserve de force vive.

Propos recueillis par Edith Poulbassia


Denise Delorme, Vice-présidente à la Formation au Conseil régional

Pourquoi la Région encourage-t-elle la mobilité au Québec ?

Le Québec représente un atout pour nos jeunes. D’abord, il n’y a pas la barrière de la langue, ensuite ils peuvent y trouver un emploi à la sortie des études. Et pour les jeunes qui partent, c’est toujours une mobilité consentie, ils ne sont pas obligés de partir. C’est donc une mobilité en général bien vécue, avec très peu d’échecs.
Les Québécois ont aussi le mérite d’êtres clairs avec les Réunionnais. Ils ne cachent pas les atouts et les forces de leur pays, dont le climat peut-être redoutable. Ils affirment également leur volonté de proposer des formations qui débouchent sur des métiers en manque de personnes qualifiées. La Région apprécie cette honnêteté, elle apprécie aussi l’encadrement des étudiants dans ce pays étranger. Par comparaison, en Métropole, les jeunes Réunionnais sont souvent livrés à eux-mêmes, notamment pendant les vacances. Là-bas, les étudiants peuvent trouver un emploi pendant les vacances.
Le Québec propose une mobilité sélective pour des étudiants qui ne sont pas des cancres. On entend dire que l’on contribue ainsi à la « déportation » des Réunionnais. Pour la Région, le Québec est le moyen d’offrir une opportunité à notre jeunesse. Le Québec est une destination qui coûte moins cher pour les études, le pays est à proximité des Etats-Unis, du Canada. On peut apprendre rapidement à parler anglais...
On ne peut pas rester les bras croisés devant 30% de chômage, même si la mobilité n’est pas l’unique solution.


Témoignages

• Muriel et Felana, en BTS assistante de gestion PMI-PME

Que faire après le BTS ? Se spécialiser en continuant les études, chercher du travail ? Ici, le marché du travail est saturé et les formations limitées parce que les diplômes universitaires n’ouvrent pas sur une expérience professionnelle. A Bac + 5, il est difficile d’être embauché. C’est vrai que ce sera très dur de partir toute seule, de laisser la famille. Il faut faire preuve d’un esprit d’aventure. Le Québec nous intéresse parce que cela nous apporterait de l’expérience professionnelle, mais aussi de la maturité, une prise de responsabilité. Nous sommes venues nous renseigner sur les équivalences de diplômes entre la France et l’étranger. Avec la réforme LMD, on ne sait pas comment ça se passe. Ce qui nous rebute un peu, c’est bien sûr le climat.

• Guillaume, en Terminal mercatique au lycée de Bellepierre

Je suis venu compléter mes informations pour poursuivre mes études au Québec. Mon objectif est de faire un BTS à La Réunion ou de faire un CEGEP au Québec. Ce qui me permettrait de revenir à La Réunion et de décrocher, je l’espère, un travail tranquille. Mais il faut réfléchir à beaucoup de choses avant de partir. C’est vrai que c’est tentant ces descriptions de grands paysages, cette vie là-bas où il n’y a pas beaucoup de chômage. Mais les emplois sont-ils bien rémunérés ? Le climat est-il supportable ?

En savoir plus : www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/lareunion


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