
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Éducation : un quinquennat sous le signe des régressions
2 avril 2007
Du 25 au 30 mars derniers, s’est tenu à Clermont-Ferrand le Congrès national du SNES qui a rassemblé près de 500 délégués syndicaux du second degré. A la faveur du contexte politique et des mobilisations enseignantes contre le décret De Robien, ce congrès fut l’occasion d’un bilan de 5 années d’attaques portées au système éducatif et d’un appel à la vigilance pour défendre l’École de l’accès aux savoirs et aux chances pour tous.
De fil en attaques, de réformes régressives en manifestations : la parole des enseignants se fait entendre, le rideau se tire et laisse apparaître l’envers du système éducatif et de ses dysfonctionnements. La logique budgétaire du gouvernement se fait concrètement ressentir dans le second degré qui ne compte pas désarmer et ce quelle que soit l’issue du scrutin : la mobilisation reste de mise.
Un quinquennat riche de régressions
Le quinquennat fut riche en rebondissements du côté de l’Éducation nationale. Précarisation manifeste des emplois ; transferts des TOS ; suppression des infirmières scolaires ; Socle commun ; développement de l’apprentissage, attaque des ZEP et Programme personnalisé de réussite scolaire : trinôme au service de l’exclusion du système éducatif d’une frange d’élèves en difficulté ; remise en cause des associations d’éducation complémentaires, des Arts Plastiques, du sport et de la musique ;
introduction de la police dans les établissements ; détection des délinquants des bacs à sable ; expulsion des élèves de familles sans papiers ; CNE et CPE ou la porte ouverte de l’exploitation des jeunes par le marché du travail... remise en cause des missions des enseignants avec introduction de la flexible bivalence qui s’accompagne de la suppression de postes et d’horaires de cours... l’École française est en plein chaos, au déservice de ses prétentions et lettres de noblesse qu’elle a bel et bien perdu. Parler de laïcité et de respect des valeurs de la République au sein de l’École semble bien fade au regard de l’étiolement des valeurs fondamentales d’accès aux savoirs pour tous. Les enseignants ne défendent pas que leur statut, avant cela ils ont condamné le CPE et cette introduction insidieuse et pourtant quotidiennement palpable d’un apprentissage différencié qui n’offre pas les moyens aux élèves les plus en difficulté de s’en sortir mais au contraire les condamne aux emplois non qualifiés et disqualifiés, sans perspective d’avenir.
« Est-ce le modèle éducatif anglais que l’on veut...? »
La LOLF, sous couvert de prétendus objectifs de performance, restreint les possibilités éducatives au profit de la réduction des dépenses publiques. L’Ecole, ascenseur social au service de la construction d’un avenir pour les enfants de la République, coûte trop cher. Et cette logique budgétaire pèse sur l’offre et la structure des formations, les conditions de travail, l’effectif. Avec la LOLF, qu’adviendra-t-il des établissements qui ne vont pas au bout de leurs objectifs de performance ? « On enfle les moyens ? Ou on truande les chiffres ? », interroge Lionel Millot, secrétaire académique adjoint du SNES Réunion joint en plein congrès national. « Est-ce le modèle éducatif anglais que l’on veut, celui qui juge et paye les enseignants en fonction des performances des élèves ? » Ce modèle mis en place part Tony Blair a été vivement contesté lors du congrès par la représentante d’un syndicat anglais qui compte 300.000 adhérents. En métropole et plus encore à La Réunion où l’échec scolaire et les retards structurels sont beaucoup plus marqués, une telle mesure serait, inéluctablement, économiquement rentable pour le gouvernement. Le risque est important et face à lui, le boycott des examens blancs pour contester le décret De Robien semble bien dérisoire. « Les collègues voient d’un mauvais oeil le mépris dont ils sont victimes, le manque de reconnaissance de leur travail qui les conduit aujourd’hui à cesser ce travail supplémentaire, né de leur propre initiative, explique Lionel Millot. C’est une forme de résistance passive. »
« L’inconséquence de la Peep »
Les enseignants ne veulent pas devenir les exécutants d’une politique qui va à l’encontre de leurs prérogatives et aspirations de conduire les élèves à la réussite et ce en dépit des barrières à surmonter pour y parvenir. Ces boycotts sont selon Lionel Millot un « signe de colère, de découragement, pas très sains dans le fond, face à un gouvernement qui n’écoute personnes. » Et ce dernier de regretter l’« inconséquence de la Peep » qui ne voit rien à redire si l’on supprime un fonctionnaire de l’Éducation nationale sur deux alors que déjà, les audits réalisés dans les collèges et lycées montrent clairement les conséquences de cette politique en terme de suppressions d’horaires d’enseignement. « La Peep préfère crier au loup, au scandale ! Les examens blancs ne sont que des entraînements dont on se passait très bien avant. Pourquoi perdrait-on plus de temps à évaluer qu’à former ? Le boycott du Bac serait plus inquiétant. Certains sont tentés par cette extrémité. On ne dit pas que c’est bien mais quand la grève ne donne rien, quand le gouvernement ne répond pas à l’attente sociale, il ne faut pas s’étonner de mouvements plus extrêmes. » Le manque de reconnaissance se généralise à l’ensemble des métiers. Seulement, comme ils l’ont réaffirmé lors du congrès national du SNES : les enseignants veulent être acteurs du débat sur l’avenir de l’École. À moins que le scénario officiel ne privilégie que les figurants ?!
Même si, à force de contestations, l’Éducation est devenue un argument clé de la campagne électorale, le SNES ne compte pas pour autant désarmer. Le fait que les trois leaders des sondages à la présidentielle se soient engagés pour le retrait du décret De Robien permet certes un peu d’optimisme mais le SNES attend la concrétisation, le moment venu, de cette promesse. Il est décidé à reconquérir tous les outils de travail dont on l’a ces dernières années privées, à affronter les nouvelles attaques et se présente comme « un SNES de conquête arrachant de nouveaux droits. » Voilà une ambition qui parle à La Réunion.
Stéphanie Longeras
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- Réunion des délégués SNES des DOM
Toujours la question du rattrapage des moyens
Le dimanche qui a précédé l’ouverture officielle du congrès national du SNES, les délégués des DOM se sont vus en aparté afin de partager leurs points spécifiques de convergences. Lionel Millot nous fait un point sur les éléments marquants de cette réunion.
Entre départementalisation et autonomie : le flou subsiste
L’évolution statutaire de Mayotte, de Saint-Martin et de Saint-Barthélémy aux Antilles a occupé une large partie des échanges. D’un côté, Mayotte se rapppoche de la départementalisation, de l’autre, Saint-Martin et Saint-Barthélémy se détachent de la Guadeloupe avec la mise en place d’Assemblées régionales uniques, de préfets et de tous les organismes liés à une telle autonomie. Quelles seront demain les conditions et les moyens accordés à l’enseignement dans ces territoires ? Actuellement, beaucoup de professeurs de La Réunion vont enseigner à Mayotte sous un régime de deux fois 2 ans. « Si la départementalisation va à son terme, ce régime devrait prendre fin ; il n’y aura plus de limitation de durée de séjour. Si les primes en place jusque-là ne sont pas maintenues, on craint que les candidatures pour aller enseigner vers Mayotte diminuent de façon conséquente », explique Lionel Millot. Qui assurera alors l’enseignement des jeunes mahorais ? Des moyens seront-ils dévolus à la formation des professeurs sur place ou un programme via l’IUFM sera-t-il développé ? En lien direct avec ce questionnement, l’incontournable et constante problématique du rattrapage des retards structurels, financiers et humains par rapport à la métropole. Contrairement à ce que prétend le recteur de l’Académie de La Réunion, Lionel Millot maintient que les compteurs sont toujours dans le rouge : « il n’y a pas le nombre de postes à hauteur des besoins. » Cette bataille pour l’égalité s’inscrit malheureusement dans la durée.
Laisser sa place à la langue créole
Et la question de l’enseignement du créole a -t-elle été abordée ? Lionel Millot répond par la négative « pour une raison simple : c’est que nous sommes d’accord. Il y a un vrai problème de ce côté, au-delà du débat entre Antillais et Réunionnais sur l’existence d’un créole ou des créoles. Nous n’avons que 3 collègues bivalents en créole cette année à l’IUFM ; des collègues que nous souhaitons voir d’ailleurs devenir monovalents en créole. De plus, nous avons un poste qui sera fermé cette année au collège Bois-Joli-Potier au Tampon et un Conseil académique qui ne s’est réuni qu’une fois, qui n’avance pas et ne semble pas faire partie des préoccupations de l’Académie. Nous pensons qu’il est important d’informer pour donner toutes ses chances au créole, que les collègues passent dans les classes pour faire la pub de leur discipline. On peut donner toutes ses chances au créole avec un affichage clair et surtout lui donner des horaires corrects (...) On peut très bien renforcer les horaires de français et laisser sa place au créole pour justement apprendre à distinguer les deux langues. » Que dire de plus que cette analyse de terrain soutenue par ce professeur de mathématiques ?
S. L.
- Témoignage
Sophie Jeamblu Malet, professeur bivalent anglais/LCR au Port
« Notre travail permettra de démontrer que le créole a toute sa place »
Sophie enseigne depuis 4 ans l’anglais et le créole, en concurrence avec le latin, au collège Titan au Port car un professeur de créole n’a jamais eu d’autre choix que la bivalence ! Elle a rejoint le SNES car la voix syndicale est pour elle une façon concrète de défendre l’enseignement de sa langue maternelle.
Pourquoi avoir rejoint le SNES ?
- Le SNES est favorable au développement des langues régionales de France et des DOM. Cela passe par la création de plus de postes et de façon plus générale par le maintien du choix et de la diversité au sein de l’Education nationale.
Les professeurs de Langue et Culture Régionales (LCR) sont pourtant très limités. Comment expliquez-vous ce déficit au sein de l’Académie ?
- Nous, professeurs de créole, nous devons aller faire la promotion de la LCR dans les classes et ce travail n’est pas toujours facile à mener de front. En Corse ou même en Bretagne, la sensibilisation est déjà faite. De mon point de vue, il y aurait une demande, mais les parents eux-mêmes n’osent pas Alors, tout le monde attend ! Certains établissements se disent favorables, mais on ne crée pas de barrettes dans les emplois du temps : le créole c’est soit tôt le matin, soit tard le soir. On peut comprendre la difficulté des chefs d’établissements en termes d’organisation vu la baisse d’effectif mais... c’est aussi une question de volonté, d’équipe pédagogique, de projets.
En option LCR, comment réagissent les élèves ? Ils sont déçus ? Surpris ? Intéressés ? Que leur apporte cet enseignement ?
- Certains viennent parce qu’ils sont curieux de leur histoire, de leur culture, d’autres parce qu’ils imaginent qu’il leur sera facile d’obtenir une bonne note. Quand ils découvrent la littérature créole, qu’ils sont confrontés à l’histoire comparée des différents sociétés créoles des Seychelles, de Maurice... des différentes graphies aussi : ils se disent après tout que ce n’est pas si facile d’autant qu’ils découvrent une richesse du vocabulaire qu’ils ne soupçonnaient pas.
Et vous qu’est ce que cela vous apporte ?
- Alors que le choix d’une graphie est encore en réflexion, mes élèves sont un sujet d’étude vivant. Ils ont leur spontanéité, leur mécanisme de lecture, ils réfléchissent volontiers sur l’écriture de leur langue et font des propositions intéressantes ; d’autant qu’en traduction, ils ont des éléments comparatifs avec le français, l’anglais, qui ne les cantonnent pas à une seule langue mais au mécanisme de construction de la phrase, au fonctionnement des langues. La LCR ce n’est pas un renfermement sur soit, mais au contraire une ouverture vers les autres langues, les autres cultures, à partir de ce que l’on a en soit.
Est-ce qu’il faut être militant pour enseigner le créole ?
- Pour enseigner, il faut croire en sa matière. Si c’est ça être militant alors peut-être. Je pense que dans le cadre du créole qui n’est pas encore reconnu même si accepté au sein de l’école, notre travail permettra de montrer que le créole a toute sa place. Il faut encore expliquer en quoi consiste l’enseignement du créole pour se débarrasser de tous ces préjugés, expliquer le fonctionnement de la LCR et faire la lumière sur tout ce que l’on fait en tant que professeur. La difficulté c’est que justement les préjugés nous obligent à peser tous nos mots, que nous souffrons d’un manque de moyens qui peuvent encore diminuer, que nous sommes peu...mais que nous sommes là, comme le créole existe.
S. L.
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