Passeport-Mobilité

La Mutualité de La Réunion crie au scandale

16 avril 2005

Loin de remettre en cause la pertinence du Passeport-Mobilité, Théodore Hoarau, président de la Mutualité de La Réunion, accuse le CROUS de ’discrimination inacceptable’ à l’égard de ses étudiants mutualistes. Ces derniers, faute d’accord entre les deux partis, ne peuvent bénéficier, en plus de leur billet gratuit, de l’allocation voyage proposée par la Mutualité. Un blocage qui met en colère son président, prêt à s’adresser aux instances européennes s’il le faut.

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Avant même que la loi-programme pour l’Outre-mer ne valide le passeport-mobilité, qui permet aux Réunionnais étudiant en Métropole de bénéficier d’un billet d’avion aller-retour gratuit vers leur île chaque année, la Mutualité de La Réunion accordait à l’ensemble de ses adhérents une allocation voyage mutualiste pour des déplacements à caractère social, familial, sanitaire et professionnel.

La loi du marché

Malgré la mise en place du passeport-mobilité, la Mutualité a décidé de maintenir cette allocation et même de l’étendre, début 2004, aux étudiants mutualistes ou bénéficiaires de la CMU. Saluant cette initiative, la ministre de l’Outre-mer, Brigitte Girardin, a alors suggéré à la Mutualité de La Réunion de se rapprocher du CROUS pour faciliter l’adjonction des deux aides.
Ce qui pose aujourd’hui problème c’est que pour bénéficier de l’allocation de 10% de la Mutualité (soit un chèque d’environ 150 euros en fonction du prix du billet), ces étudiants adhérents doivent s’adresser à l’agence de voyage mutualiste pour la réservation de leur billet, alors que le CROUS travaille déjà en partenariat, pour 3 ans, avec la compagnie Air France. Un partenariat qui simplifie nettement les formalités et le remboursement du billet par le CROUS à Air France, sous 30 jours, sans avance de frais pour la famille de l’étudiant concerné.
Si par manque de place la famille s’adresse à une autre agence pour sa réservation, elle peut attendre plusieurs moins avant d’être remboursée. Essuyant difficilement le refus du CROUS de travailler avec la Mutualité sur ce dossier, Théodore Hoarau remet en cause, non sans véhémence, le management et la gestion du CROUS dans le dispositif passeport-mobilité et accuse fermement sa directrice, Isabelle Vial, de réfléchir "en termes de marché public et d’appel d’offres et non en faveur de la qualité du service public rendu aux étudiants".

Manque à gagner

S’il ne conteste ni le partenariat qui unit la compagnie aérienne et le CROUS, ni le travail des agents de l’Université qui ont "des méthodes imposées", en revanche Théodore Hoarau parle de "discrimination inacceptable" à l’égard de ses allocataires. Il soutient que l’agence de voyage de son organisme assure les mêmes prestations et alors que 1.000 étudiants mutualistes pourraient bénéficier de cette allocation en plus de leur billet gratuit, 980 d’entre eux ne peuvent aujourd’hui y prétendre, sous peine de remboursement différé.
Avant le passeport-mobilité, l’agence de voyage mutualiste gérait 500 à 600 demandes par an pour son allocation voyage. Depuis, il semble que le manque à gagner soit suffisamment important pour que son président décide d’aller directement à la rencontre de la ministre de l’Outre-mer à Paris, pour lui faire état de ce "dysfonctionnement".
Se demandant si "ce type de discrimination est conforme aux directives européennes", Théodore Hoarau se dit prêt à faire appel aux plus hautes instances de l’Union, pensant certainement faire jouer le principe de libre concurrence. Il soutient ne pas défendre les intérêts de la Mutualité, mais bien ceux des étudiants, des "victimes" face à un CROUS "coupable". Entre une prise en charge rapide de son billet aller-retour et une allocation de 10%, on peut néanmoins comprendre que ces derniers fassent le choix du plus offrant. C’est là encore, la loi du marché.

Estéfany


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