Loi d’orientation sur l’école

La réforme Fillon ’réduit l’offre d’éducation’

20 novembre 2004

Les réactions ne se sont pas fait attendre, après la présentation du projet par le ministre, en direct sur France 2 et Télé-Réunion. Parmi elles, celle du SNES, qui maintient son appel à la grève du 7 décembre.

François Fillon a présenté jeudi soir sur France 2 et Télé-Réunion son projet de loi d’orientation sur l’école. Ce texte aura pour objectif primordial de réduire l’échec scolaire, instaurera un socle commun de connaissances et mettra fortement l’accent sur l’enseignement des langues étrangères.
Invité de l’émission “100 minutes pour convaincre”, le ministre de l’Éducation a précisé que ce texte commencera à entrer en vigueur dès la rentrée 2005 et que son application s’étalera ensuite pour l’essentiel sur 2006-2007. Il réformera notamment le brevet des collèges et le baccalauréat, dont une grande partie sera désormais validée par contrôle continu.
"Si on fait tout ce qui est proposé dans ce texte, je considère qu’il faudra - l’application naturellement peut s’étaler sur plusieurs années - au moins deux milliards d’euros supplémentaires pour financer ces innovations", a-t-il précisé.

Promesses

En dehors de nombre d’innovations pédagogiques, il s’est engagé à ce qu’il y ait "au moins une infirmière par collège", ce qui suppose la création de 1.500 postes, et à maintenir le niveau d’encadrement des élèves en recrutant 150.000 enseignants sur cinq ans, notamment pour compenser les départs en retraite.
Face aux revendications des syndicats d’enseignants qui réclament plus de moyens, il a cependant insisté sur la nécessité de réfléchir à une gestion "plus rigoureuse".
La France compte actuellement 850.000 enseignants, dont 40% partiront à la retraite avant 2010, et 12 millions d’élèves.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Parmi elles, celle du SNES (Syndicat national des enseignements du second degré, principale organisation des collèges et lycées), qui maintient son appel à la grève pour le 7 décembre. C’est ce qu’a confirmé le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU) Gérard Aschieri à François Fillon.
Gérard Aschieri a accusé François Fillon de "réduire l’offre d’Éducation" avec son projet de loi d’orientation sur l’école.

"Vous n’aurez pas les moyens nécessaires"

Le secrétaire général de la FSU a jugé insuffisants les 150.000 recrutements d’enseignants sur 5 ans annoncés par François Fillon, en raison des départs à la retraite prévus sur les prochaines années. "Vous n’aurez pas les moyens nécessaires", a estimé Gérard Aschieri.
Le syndicaliste a dénoncé la proposition du ministre de remplacer par des collègues du même établissement les enseignants absents pour une durée inférieure à trois semaines. "Vous allez ajouter du temps contraint aux enseignants au moment où il faut libérer du temps", a-t-il accusé, en rappelant que "le travail enseignant n’est pas seulement un travail devant la classe".
Le SNES, principale organisation membre de la FSU, appelle les enseignants des collèges et des lycées à une journée de grève le 7 décembre prochain, pour protester contre la politique éducative du gouvernement, et notamment les suppressions de postes et les restrictions budgétaires dans le second degré.


Zot la di

SUD-Réunion : "100 minutes pour du pipeau"
Les déclarations lénifiantes de François Fillon (émission “100 minutes pour convaincre”, le 18 novembre 2004) ne doivent pas nous tromper : c’est bien l’école de la régression sociale qu’il entend renforcer :
chaque établissement scolaire devient une PME avec un patron, une équipe de direction, et un management selon le dogme néolibéral : casse des formations initiales et des diplômes ; institution d’un “socle commun de connaissances” qui vise simplement à masquer l’instrumentalisation du service public d’éducation selon les intérêts exclusifs de l’économie.
SUD éducation revendique au contraire, pour chaque jeune, le droit à un enseignement général rigoureux et approfondi et non à un minimum vital méprisant.

FO-LC : liquidations

Le syndicat Force ouvrière des lycées et collèges a pris connaissance du projet de loi Fillon.
Il s’agit de la liquidation en règle du droit de tous à l’égalité devant l’instruction. Pour y parvenir, il faut liquider le statut de tous les personnels.
Sous son habillage pédagogique c’est :

- la destruction des disciplines, de l’instruction et des diplômes nationaux.

- l’individualisation contre les intérêts collectifs.

- la dislocation du statut national de fonctionnaire d’État
C’est pourquoi, le SN-FO-LC demande au ministre d’abandonner son projet de loi qui remet en cause l’existence de l’École publique laïque et nationale.

SE-UNSA : des mesures sans ambition
Sous réserve de connaître l’énoncé précis qu’il en fera, les annonces que le ministre de l’Education nationale a présentées à la presse apparaissent au SE-UNSA comme un patchwork de mesures, rétrogrades pour certaines, imprécises et peu convaincantes pour d’autres. Les restrictions budgétaires marquent l’ensemble.
Ainsi, la recherche du moindre coût dicte le recours aux heures supplémentaires pour pallier le manque de remplaçants dans le second degré. Il en est de même lorsque le ministre envisage la réduction des épreuves et des options du baccalauréat.
Encouragement au redoublement, bourses pour les méritants, sas de sortie déguisé pour les élèves dès la 4ème constituent autant de dispositifs fleurant bon la nostalgie. Rétrogrades pour certains, leur utilité pédagogique est sujette à caution.
Les mesures concernant les langues vivantes ne sont que de vraies-fausses nouveautés, l’obligation de l’apprentissage en primaire étant programmée depuis 2002.
Enfin, les propositions sur la formation des maîtres illustrent le peu d’ambition et de cohérence des mesures retenues.

PCF : "Le renoncement à la réussite pour tous "
Le Parti communiste français (PCF) a réagi jeudi soir au projet de loi d’orientation sur l’école présenté par le ministre de l’Éducation.
"François Fillon nous annonce une école centrée sur l’élève, avec une formation améliorée des langues, la réalité est toute autre"
, affirme dans un communiqué le PCF.
Pour le PCF, "l’école ne devient plus qu’un instrument d’adaptabilité professionnelle, une machine à fabriquer de la main d’œuvre, c’est le renoncement avoué à l’école de la réussite pour tous, à l’ambition républicaine de citoyens formés et responsables".


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