L’apprentissage de la lecture à l’école

La vérité aux parents

27 septembre 2006

Jean-François Rialhe, le secrétaire général du Syndicat des Enseignants - Union Nationale des Syndicats Autonomes -, a hier matin à Saint-Denis, remis les points sur les i. Les propos tenus récemment par Gilles de Robien, le Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche sur la méthode d’apprentissage de lecture à l’école l’ont “chiffonné”. Ils ne reflètent pas la réalité et ils n’avaient pour but que d’annoncer aux parents qu’une brochure leur sera destinée : “Apprendre à lire pas si facile” : 5000 et pas une de plus.

Des propos dépassés

Mise au point : "la méthode globale n’est plus utilisée depuis fort longtemps par les enseignants, si ce n’est que dans les années 80. Jusqu’aux années 70, la méthode utilisée a été uniquement syllabique avec “Rémi et Colette, Daniel et Valérie”. Mais cette méthode a son revers, elle est “soupçonnée de former des lecteurs ânonnant sans comprendre”. À cette démarche se substitue une autre. Elle allie déchiffrage et compréhension avec un démarrage global, puis une démarche syllabique, il est nécessaire de conjuguer identification des mots par leur décodage et travail de compréhension". C’est clair pour vous ! "Les programmes de 2002 innovent en valorisant distinctement un apprentissage de la lecture qui repose sur l’identification des mots, l’apprentissage de la compréhension et l’entrée significative des textes et des livres de jeunesse dans les classes".

Quelle mouche a piqué ce ministre ? 3 réponses possibles

Les propos de ce ministre n’ont rien d’anodin pour ce syndicaliste. Ils sont le fait soit "d’une offensive idéologique, menée par des groupes dans l’entourage du ministre qui souhaiteraient une pédagogie plus directive, répétitive et plus centrée sur la mémorisation. Le débat sur la lecture leur permet de dire : cessez d’inciter les enfants à raisonner : leur premier travail consiste à mémoriser des règles et à les combiner. Ceci s’oppose, bien entendu, à une pédagogie qui parie sur l’intelligence de l’enfant accordant une place importante au tâtonnement, l’expérimentation et l’analyse.
Soit l’école perd de son autorité. En faisant preuve d’autorité vis-à-vis des enseignants, je montre la voie : "je siffle la fin de la récré". Cette manière d’infantiliser les professionnels que nous sommes est inacceptable".
Soit "ce ministre éprouve le besoin de retrouver sa place dans le débat sur l’Education largement occupé par le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur : crise des banlieues, apprentissage à 14 ans, réforme des ZEP".
"Les prises de positions caricaturales de ce ministre vont laisser des traces, insiste-t-il. Nous pensons à nos jeunes collègues confrontés plus que les autres à une pression parentale". La réaction est en route. Pour dire la vérité aux parents sur l’apprentissage de la lecture, ce syndicat diffusera un document “Apprendre à lire pas si facile”. Comme apprendre à se taire !


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