La non-maîtrise du français : un frein majeur à l’emploi à La Réunion

Le créole langue d’enseignement à La Réunion pour faciliter la maîtrise de la langue française

14 novembre, par Manuel Marchal

À La Réunion selon une étude de l’INSEE publiée la semaine dernière, 17 % des adultes âgés de 18 à 64 ans, soit environ 91 000 personnes, rencontrent des difficultés notables avec l’écriture du français. Cette situation est un obstacle majeur à l’emploi et à l’autonomie dans la société. Parmi ces personnes, plus de 73 000 adultes sont particulièrement affectés, ne maîtrisant pas des compétences essentielles comme lire, écrire ou comprendre un texte simple. Une des raisons profondes de cette problématique réside dans le fait que le français est la langue d’enseignement exclusive à La Réunion, alors même que la majorité des Réunionnais parlent créole. Si le français était enseigné en tant que langue étrangère, les jeunes Réunionnais pourraient maîtriser plus facilement les deux langues, créole et français, ce qui favoriserait leur réussite scolaire et leur insertion professionnelle.

La non-maîtrise du français reste un facteur d’exclusion sociale et professionnelle à La Réunion. Pour lutter contre l’illettrisme et les inégalités qui en découlent, il est essentiel d’adapter le système éducatif à la réalité linguistique réunionnaise. Dans le système en place à La Réunion, la maîtrise du français écrit est un atout pour l’emploi, l’autonomie administrative et l’inclusion numérique des Réunionnais.

Facteur d’exclusion du droit à l’emploi

Le déficit en compétences écrites en français des Réunionnais se traduit par une inégalité d’accès à l’emploi, indique une étude de l’INSEE publiée la semaine dernière. Seuls 33 % des Réunionnais en difficulté d’écriture occupent un emploi, contre 59 % parmi ceux maîtrisant l’écrit. Cette fracture touche particulièrement les moins diplômés : 44 % des adultes sans diplôme sont concernés par ces difficultés, contre seulement 7 % chez les diplômés. Cela reflète l’impact de l’échec scolaire et des inégalités d’accès à l’éducation, avec une proportion significative d’adultes ayant quitté le système éducatif sans qualification.
La non-maîtrise du français a des répercussions non seulement sur le droit au travail mais aussi sur l’autonomie dans les démarches administratives. Selon une étude de l’INSEE, les adultes en difficulté avec l’écrit sont moins autonomes dans l’accomplissement de leurs démarches administratives. Moins de 51 % de ces personnes réussissent à réaliser seules leurs formalités, contre 81 % des autres adultes. La transition numérique, qui exige une maîtrise minimale de l’écrit, représente également un défi de taille : 30 % des Réunionnais en difficulté n’ont jamais utilisé Internet, et seulement 29 % font des démarches en ligne, contre 73 % des personnes maîtrisant l’écrit.

Le poids de la langue française à La Réunion

Une des raisons profondes de cette problématique réside dans le fait que le français est la langue d’enseignement exclusive à La Réunion, alors même que la majorité des Réunionnais parlent créole. Le système éducatif local est conçu comme en France, où le français est la langue maternelle de la majorité de la population. À La Réunion, ce choix de langue d’enseignement ne prend pas en compte la réalité linguistique de l’île. Le créole, parlé par la majorité des habitants, n’est pas valorisé comme une langue d’enseignement. Or, si le français était enseigné en tant que langue étrangère, les jeunes Réunionnais pourraient maîtriser plus facilement les deux langues, créole et français, ce qui favoriserait leur réussite scolaire et leur insertion professionnelle.

Repenser l’enseignement à La Réunion

Cette situation met en lumière un besoin urgent de réformer le système éducatif de l’île pour mieux tenir compte du bilinguisme. Le créole pourrait être reconnu comme une langue d’enseignement à part entière, ce qui faciliterait l’apprentissage du français et éviterait de nombreux échecs scolaires. Une approche bilingue pourrait ainsi offrir à un plus grand nombre de jeunes Réunionnais les compétences nécessaires pour réussir leur scolarité et accéder à des emplois qualifiés.
Par ailleurs, l’expérience de pays comme Cuba, où la lutte contre l’illettrisme a été une priorité et a permis au pays de réduire considérablement son taux d’analphabétisme, pourrait servir de modèle pour La Réunion. Coopérer avec des pays qui ont résolu ce problème en quelques années pourrait offrir des solutions rapides et efficaces pour réduire l’illettrisme sur l’île.

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