Quitter son île natale, pour trouver un emploi, se former, s’installer en métropole n’est pas toujours facile. Le Réunionnais se sent souvent seul dans ce parcours. D’où l’importance de l’accompagnement pour aider au mieux les Réunionnais qui choisissent la mobilité. Les associations réunionnaises de métropole ont leur rôle à jouer à ce niveau, C’est pourquoi 36 d’entre elles ont bénéficié d’un financement du Département l’année dernière, de plus de 95.000 euros, ce qui a permis d’accompagner 685 personnes. Ces associations travaillent en collaboration avec le CNARM, pour “humaniser” les parcours des personnes en mobilité. Elles proposent des familles d’accueil, qui hébergent pendant deux mois les nouveaux arrivants, et qui disposent d’un contrat de travail d’une durée minimum de 6 mois. Au-delà de l’hébergement, les associations facilitent l’accueil des Réunionnais grâce à des manifestations culturelles, ou sportives, qui contribue à l’intégration en métropole.

Un forum des associations en octobre

Le CNARM compte ainsi s’appuyer sur ce réseau pour atteindre l’objectif de 3000 personnes en mobilité par an, d’ici 2008. L’association a bénéficié d’une subvention du Département de 7.500.000 euros en 2006 pour y arriver. L’année dernière, le CNARM a accompagné 2394 personnes, un chiffre qui augmente d’année en année. En 2005, ils étaient 2175 à partir pour une insertion professionnelle. Parmi ces personnes, 134 ont bénéficié de l’aide au regroupement familial en 2006, permettant aux familles de rejoindre la personne qui a trouvé un emploi.70% des candidats à la mobilité avec le CNARM ont trouvé un emploi l’année dernière.
La rencontre avec les associations a été l’occasion d’un échange avec la Présidente. Elle a assuré aux associations une plus grande reconnaissance de leurs préoccupations auprès de Patrick Karam, ancien président du Collectif Dom, et actuellement délégué interministériel à l’égalité des chances des Français d’outre-mer. Un Forum des associations réunionnaises de métropole aura lieu en octobre, le délégué devrait y participer. « Je ne veux pas que La Réunion soit oubliée », a déclaré la Nassimah Dindar, reconnaissant que les intérêts de La Réunion sont souvent confondus avec ceux des Antilles. Pour l’instant, La Réunion est le seul département a disposer d’une dizaine de chambres universitaires à la Cité Internationale de Paris (la Chine, la Russie attendent toujours), les étudiants réunionnais ont droit à des bourses départementales... Des avantages qui sont à préserver et même à améliorer, en plus du dispositif du CNARM et des associations, pour éviter une « mobilité négative ». Une mobilité réussie passe aussi par une bonne préparation à la Réunion des personnes qui font le choix de l’insertion professionnelle en métropole. « Je ne veux plus que l’on envoie une personne seule là-bas avec 400 euros, pour qu’il se retrouve dans la galère », affirme la Présidente. Avec un projet de vie, de formation, les associations peuvent ensuite prendre le relais en métropole.

EP

Témoignages

Jean-Patrice Malard, Association Réunionnaise de Bourgoin

Du maloya traditionnel à Lyon

L’association Réunionnaise de Bourgoin existe depuis 2004. « Nous sommes un groupe de musique de maloya traditionnel », précise Jean-Patrice Malard. Avec un album à 1500 exemplaires en 2006, l’association veut mieux faire connaître La Réunion dans la région lyonnaise. Au sein du Collectif CARR de Lyon, l’association oriente aussi les Réunionnais en mobilité. « On les aide pour trouver un logement, pour les papiers administratifs, et aussi pour remonter le moral », explique-t-il. Pour se faire connaître, l’association organise des soirées créoles, elle a aussi une équipe de foot. Jean-Patrice Malard aide aujourd’hui les personnes en mobilité, car il a lui-même suivi ce parcours. A 19 ans, il a quitté La Réunion pour le service militaire. « J’ai souhaité rester, j’ai donc dû chercher du travail, je suis maintenant cuisiner dans un lycée ».

Samuel Ramouche, association réunionnaise des étudiants à Toulouse

Mieux informer les étudiants

C’est la seule association d’étudiants de La Réunion à Toulouse, créée l’année dernière. Samuel Ramouche en est le jeune président, étudiant en deuxième année de psychologie. « Notre association accueille non seulement des étudiants, mais aussi des personnes qui cherchent un emploi, en insertion. On les rencontre lors de soirées », raconte Samuel. Pour lui, certains étudiants ne se rendent pas vraiment compte du changement lorsqu’il quitte la Réunion. Il constate simplement que ce manque de conscience même à l’échec pour ces étudiants. Pour lui, les étudiants ne sont pas assez avertis au moment de partir et manque de soutien sur place. « On aimerait par exemple recevoir un petit mot du Conseil Général lorsqu’on a réussi l’année », estime t-il.

Association UCSARM

Faire jouer la solidarité des familles

L’Union des Communautés de Soutien et d’Accueil des Réunionnais en Métropole regroupe les “fraternités” de la métropole et de La Réunion. Ce sont des équipes de bénévoles qui veulent consacrer du temps « au vécu des Réunionnais déracinés ». Un réseau bien organisé avec des délégués régionaux. Pour briser la solitude, résoudre des difficultés d’insertion, se loger... l’UCSARM est présente sur tous les terrains avec plus de 150 adhérents. L’association organise ainsi la solidarité qui existe déjà entre les familles réunionnaises et métropolitaines. « Un marmaille qui se retrouve au chômage en métropole, une famille qui connaît une Fraternité nous contact dans la région concernée, on peut héberger une personne le temps qu’elle se débrouille ». La Charte des Familles d’Accueil mise en place avec le CNARM et le Département a permis d’officialiser cette solidarité et d’améliorer ce système. Les familles d’accueil peuvent recevoir une compensation financière pour l’hébergement d’une personne pendant deux mois.