Incivilités et mal-être dans les établissements scolaires

Le Ministère de l’Education nationale doit assumer ses responsabilités

9 février 2008

Encore une fois, notre actualité est revenue de la pire des façons sur le devant de la scène médiatique. Encore une fois, l’anecdotique, l’outrancier servent de révélateur, au risque de déformer notre réalité. Encore une fois, le débat risque de devenir caricatural, laissant de côté les vraies difficultés de notre métier.
La question urgente n’est pas aujourd’hui de connaître les circonstances de l’altercation du collège de Berlaimont. Cette malheureuse affaire a déjà connu trop d’échos. Notre collègue, l’élève concerné auront bien du mal à se remettre de ce déchaînement médiatique.
Si on s’interrogeait plutôt sur la situation qui a provoqué cet acte, si on prenait enfin à bras le corps la question des établissements réputés difficiles ?

En premier lieu, il faut en finir avec le déni. L’attention que toutes les équipes éducatives voudraient voir requise aujourd’hui, c’est celle de la hiérarchie de l’Éducation nationale.
Car il faut commencer par pouvoir dire les faits : oui, nous devons parfois travailler dans des établissements où les chaises volent, les coups de pied sont légion, les portes, les interrupteurs sont cassés - les rapports d’incidents se comptent par dizaines -, où les insultes sont les formes de violence les plus difficiles, car ce sont de véritables humiliations qui touchent au plus profond de la personne, qui portent atteinte à l’estime de soi.
Cette violence verbale, physique, que ce soit entre élèves, entre élèves et profs, est inadmissible : l’administration doit cesser de la relativiser.

Il faut en finir avec la culture de la négation des problèmes, il faut cesser de faire semblant de croire que c’est sans conséquences d’affecter massivement des collègues débutants et de passage dans ces établissements, il faut arrêter de couper les ailes des projets mis en place par les équipes par la diminution des budgets, il faut alléger la charge de travail de nos collègues, en particulier dans ces établissements.
Il faut en finir avec le fatalisme. Certes, tous les problèmes de la Cité ne viennent pas de l’École, mais l’École peut mieux répondre à ces difficultés, de nombreuses expériences le montrent.

La politique suivie ces dernières années a largement tourné le dos aux solutions connues de tous : elle s’est traduite par une diminution du nombre d’adultes dans les établissements, par la réduction de la marge de manœuvre des établissements, par la disparition de nombreuses situations de travail en petits groupes.
Elle se traduit aussi par la remise en cause des moyens de fonctionnement des associations complémentaires de l’École, dont l’action est pourtant déterminante dans la lutte contre la fracture sociale.
Le gouvernement doit mettre en œuvre une politique ambitieuse, globale portant sur les rythmes scolaires, l’affectation des néo titulaires, la formation des enseignants, la mise en place de projets pluriannuels à financement garanti, la réduction de la charge de travail des enseignants.
En priorité, le ministre de l’Éducation nationale doit annoncer que ces établissements ne seront pas touchés par les suppressions de postes.

Le SGEN-CFDT portera partout ces exigences qui portent un nom : respect et reconnaissance de tous les personnels de l’Éducation.

Le SGEN-CFDT


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