
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
6 juillet 2007
Entre 85 et 100 espèces nouvelles de poissons des profondeurs ont été déterminées depuis la remontée provoquée par la dernière coulée volcanique
Le 2 avril 2007, le volcan du Piton de la Fournaise est entré en éruption. Une fois de plus. Mais cette fois-ci, le déversement de la lave dans l’océan a donné lieu à un événement exceptionnel : 300 à 400 poissons, d’une centaine d’espèces différentes, sont remontés morts à la surface, suite à une augmentation remarquable de la température et de l’acidité de l’eau.
Ces poissons ont d’abord été observés et analysés par une équipe de scientifiques de l’Aquarium, de l’ARVAM (Association pour la Recherche et la Valorisation Marine) associés à Alain Barrère, de la Maison du volcan, qui ont effectué un travail de prédétermination des différentes espèces.
Les ichtyologues de La Réunion étant plus spécialistes des poissons récifaux, ils ont opéré un premier classement - dans les familles et, pour certains, jusqu’à l’espèce -, avant de donner les collections au Muséum.
« Il est important pour le Muséum de faire venir des spécialistes, qui peuvent former les jeunes de notre équipe, dont un jeune taxinomiste ; ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient faire », a dit Sonia Ribes, Conservateur du Muséum d’Histoire naturelle, en présentant Jean-Claude Quéro, ichtyologue de l’IFREMER (voir encadré1) qui a momentanément délaissé une retraite très occupée pour passer quinze jours dans notre île et travailler sur les collections. Il a identifié vingt à trente espèces jamais recensées dans nos eaux, et garde des doutes sur une dizaine d’autres dont il « n’arrive pas à trouver la famille ».
Des prélèvements génétiques ont été effectués « pour qui voudra travailler dessus » ajoute la Conservateur du Muséum, en indiquant que des spécimens vont être envoyés au Japon et aux Etats-Unis, pour permettre au travail de se poursuivre avec le concours de spécialistes internationaux.
C’est la première fois qu’un tel phénomène - remontée en surface de poissons des profondeurs suite à une éruption - est observé dans le monde.
Les scientifiques avancent deux hypothèses à ce phénomène : soit celle d’une sortie de lave en profondeur ; soit celle, plus probable à leurs yeux, de couloirs d’effondrement des matériaux volcaniques qui dévalent depuis la surface le long de la pente sous-marine. Ces effondrements peuvent d’ailleurs être provoqués par les séismes et/ou par la poussée des coulées en surface.
C’est la seconde hypothèse qui semble la plus vraisemblable, compte tenu de la configuration de nos fonds sous-marins. Elle sera confirmée ou non par l’examen des poissons conservés congelés, mais il a semblé aux scientifiques que la remontée des poissons profonds est liée à l’apport de matériaux chauds à de grandes profondeurs, créant ainsi une colonne d’eau ascendante qui a aspiré les animaux.
Ce n’est pas la première fois que le volcan se déverse dans l’océan. Les éruptions de 2002, 2004 et 2005 ont à chaque fois contribué à augmenter l’étendue de l’île et dès 2002, une équipe scientifique constituée de Alain Barrère (Maison du Volcan), Jean-Pascal Quod (ARVAM), Patrick Durville et Thierry Mulochau (Aquarium), auxquels s’est joint Jean-Michel Bou (Imax production), est allée observer ce qui se passait sous l’eau. En août 2004, elle s’est notamment rendue sur la coulée active sous-marine de pillow-lavas, où des prélèvements ont été effectués, qui servent à chaque fois à approfondir les connaissances sur l’incidence des coulées en milieu marin.
Mais ce qu’ils ont découvert cette année dépasse tout ce qu’ils avaient vu ! (voir encadré)
Il faut aussi noter que la connaissance des fonds sous-marins profonds aux alentours de La Réunion est assez limitée. L’île visible est un massif basaltique de 3000 mètres d’altitude, et la partie immergée - d’environ 4000 mètres - garde encore bien des secrets.
P. David
Jean-Claude Quéro
« Il n’y a pas assez de systématiciens pour la détermination des espèces »
Tout en présentant leurs travaux, les scientifiques réunis par Sonia Ribes ont lancé une alerte aux étudiants en sciences naturelles, pour leur conseiller de ne pas dédaigner la systématique phylogénétique, qui est la branche moderne de la science pour l’analyse génétique et la détermination des espèces.
« Il n’y a plus assez de systématiciens pour l’analyse génétique et la détermination des espèces » a dit Jean-Claude Quéro, appuyé par Sonia Ribes.
En effet, les classifications traditionnelles, issues de la double influence de Carl Linné au 18e siècle et de Charles Darwin au 19e, ont connu une révolution au siècle dernier avec les travaux de l’entomologiste allemand Willi Hennig (1913-1976) qui a permis de réaliser avec un siècle de décalage - c’est ce aurait souhaité pouvoir le faire Darwin - une classification des êtres vivants la plus fidèle possible à leur généalogie (ou phylogénie). Cette révolution conceptuelle et méthodologique, appelée aussi cladistique, a conduit dans les 30 dernières années à l’abandon de plusieurs ”groupes” - dont celui des poissons et des reptiles d’ailleurs, mais aussi : les algues, les protozoaires, les invertébrés... (1)
Jean-Claude Quéro est entré en 1966 à l’Institut scientifique et technique des Pêches maritimes, devenu IFREMER en 1984. Il s’est spécialisé en ichtyologie (l’étude des poissons) et s’est attaché à déterminer les espèces de poissons rapportées des différentes campagnes en mer. A la retraite depuis sept ans, il continue par passion à mener cette activité, en étant rattaché au Muséum d’Histoire naturelle de Paris.
C’est au cours d’une campagne du « Marion Dufresne », en 1982, autour de l’île de La Réunion, qu’il fit connaissance avec Sonia Ribes, conservateur du Muséum.
Il est auteur ou coauteur de 242 notes et publications - dont onze, dédiées à la faune de La Réunion et de Madagascar, entre 1988 et 2004, comportent la description d’espèces nouvelles pour la science. Il a aussi collaboré à des ouvrages publiés par l’UNESCO-Paris sur la faune ichtyologique de deux régions de l’est de Atlantique et est l’auteur de plusieurs ouvrages grand public sur les poissons, les fruits de mer et les plantes marines.
(1) Voir l’ouvrage consacré à cette discipline par Guillaume Lecointre et Hervé Le Guyader, chercheurs au MNHN et à l’Université, associés au CNRS : La classification phylogénétique du vivant (Belin, 2001)
2007 : une rencontre lave-océan exceptionnelle
L’union de l’eau et du feu est toujours un spectacle fascinant. L’arrivée de la coulée dans la mer est accompagnée d’explosions et d’une fragmentation de la lave et de la roche. Les débris sont transportés par le panache et retombent dans les environs non sous forme de fines particules mais sous forme de dépôts de sable.
Les dimanche et lundi de Pâques 2007, l’équipe scientifique a voulu tenter de plonger à nouveau sur la coulée active du Piton de la Fournaise, accompagnée par des cinéastes. Malheureusement, l’activité volcanique étant violente, la plongée n’a pu être réalisée dans les conditions de sécurité requises.
Mais l’équipe a eu la surprise de constater, à la limite de la masse d’eaux chaudes (70°C), la présence de nombreux poissons morts en surface. Ceux-ci ont été collectés et... surprise ! Il s’agit d’espèces profondes. Ce qui suggère que la coulée a atteint des profondeurs importantes car de telles observations n’avaient pas été faites en 2004.
Un bestiaire des profondeurs
Vessie natatoire gonflée, yeux exorbités, parfois complètement cuits... les poissons remontés en surface sont dans un sale état mais encore identifiables !
Les principales causes avancées par les scientifiques sont la chaleur de l’eau, les variations de profondeur et la diminution de la pression. Il est également possible que les organismes marins aient été intoxiqués par les eaux marines chargées en composants toxiques.
Mercredi 11 avril : une nouvelle expédition a permis de collecter de nouveaux poissons, cette fois en meilleur état !
Au laboratoire, les poissons sont photographiés et congelés en attendant une étude plus poussée. Pour l’instant, les scientifiques ne possèdent aucune piste pouvant être considérée comme sûre, mais voici ce qu’ils constatent :
Une nouvelle famille de poisson : les Peristediidae
« Certaines de ces espèces évoluent entre 60 et 80 m, d’autres entre 200 et 300 m, d’autres encore jusqu’à certainement plus de 500 m ».
Certains poissons sont connus des scientifiques de l’Aquarium et d’autres, repérés dans les ouvrages de référence, n’avaient jusqu’à présent jamais été observés sur les zones marines réunionnaises. « Nous sommes en présence d’une dizaine d’espèces communes déjà répertoriées, comme le poisson écureuil. Les autres n’ont jamais été observées dans nos flots » souligne Thierry Mulochau, biologiste de l’Aquarium de La Réunion (Saint-Gilles).
L’inventaire de la diversité biologique locale va donc faire un bond en avant puisque c’est même une nouvelle famille qui a été observée ici, celle des Peristediidae.
Les principales caractéristiques de ces poissons issus des profondeurs sont des yeux démesurés, des organes bioluminescents (transparents) et une bouche énorme aux dents aiguisées, capable de saisir toute pitance alentours. Les espèces ont développé ces particularités en raison de la faible lumière présente dans les profondeurs, et des conditions de vie extrêmes qui s’y trouvent. On appelle cette zone, située entre 200 et 1000 mètres de profondeur, la “zone crépusculaire” ou oligophotique (= de peu de lumière).
(Source : Muséum)
ARVAM
Un état des lieux du patrimoine naturel marin
En marge de l’événement qu’a constitué la venue de Jean-Claude Quéro et le don au Muséum des nouvelles collections de poissons à l’étude, un autre événement a eu lieu vendredi dernier : la réunion du Conseil scientifique de la Réserve naturelle marine, dont Sonia Ribes a été élue présidente.
Le rôle de la Réserve naturelle marine est de travailler, dans une approche écorégionale, à l’élaboration d’un réseau régional des zones maritimes protégées, jusqu’à définir un “Parc marin” pour l’ensemble de la zone sud-ouest de l’Océan Indien, géré par la Commission du même nom.
« Nous travaillons à une approche écorégionale pour déterminer les “zones sources” et les “zones puits” » précise Jean-Pascal Quod, de l’Association pour la recherche et la valorisation marine (ARVAM).
Cette association vient également de faire don de ses collections au Muséum. Ce sont plusieurs centaines de collections, dont celles des coraux des Iles éparses, « d’une valeur unique » ajoute Jean-Pascal Quod. L’ARVAM a en effet été chargée d’établir un inventaire et un état des lieux du patrimoine naturel marin, en particulier des Iles éparses. Ce travail figure au bilan du CoSuReCo (un réseau pour la connaissance et le suivi des récifs coraliens).
C’est cet ensemble qui a été “bancarisé” - disent les scientifiques - au Muséum d’Histoire naturelle de La Réunion.
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