Le plan école primaire expliqué aux acteurs de l’Éducation

12 juin 2008, par Edith Poulbassia

Le plan pour l’école primaire concocté par le ministère de l’Education nationale sera appliqué dès la rentrée 2008. Un plan loin de susciter l’enthousiasme auprès des syndicats enseignants malgré l’ambition annoncée de réduire l’échec scolaire. Le Rectorat a donc organisé hier une rencontre avec les acteurs et responsables de l’Éducation : représentants des personnels mais aussi associations de parents d’élèves, qui manquaient à l’appel, et élus. Mais cet effort de communication a-t-il suffit à convaincre ? L’efficacité de ce plan reste à prouver.

Quelques élus, dont les adjointes en charge de l’Éducation à Sainte-Suzanne et Saint-Pierre, des représentants syndicaux dont le bien connu Didier Gopal du SNUIPP, des responsables pédagogiques, des associations de parents absents. Le nouveau plan pour l’école primaire ne semble pas avoir la cote. Certes, une consultation a eu lieu dans toutes les écoles de l’Académie le 5 avril dernier et elle se poursuit avec les établissements, les maires, pour la mise en place de la nouvelle organisation. Mais la rencontre organisée hier par le Rectorat était une bonne occasion d’échanger sur ces nouvelles orientations ministérielles.

Evaluer les profs sur les résultats et non sur la méthode

Ces nouveaux programmes sont-ils comme le cochon ? Tout y est-il bon ? Pour le Rectorat, pas de doute, pour la première fois, on prend à bras le corps l’échec scolaire. On recentre les programmes sur la maîtrise du français et des mathématiques, on va à l’essentiel des connaissances dans les autres matières comme l’Histoire et les Sciences, on propose une instruction non seulement civique mais aussi morale, on offre aux élèves en difficulté un soutien scolaire de deux heures hebdomadaires et des stages de remise à niveau pendant les vacances. Libre aux enseignants d’adopter les méthodes pédagogiques pourvu que les résultats soient au rendez-vous. On n’attendra plus la 6ème pour évaluer le niveau des élèves. Des évaluations seront mises en place en CE1 et CM2, « des points de repère pour mesurer les progrès des élèves ». Sur la réduction des heures de cours (de 26 à 24), l’inspecteur d’Académie Joseph Vallano déclare que « c’est peu être un petit peu incohérent mais ce n’est pas la quantité de cours qui fait la qualité de l’enseignement ». Et ce ne sont pas des professeurs en plus qui amélioreront les résultats. Paul Canioni, recteur de l’Académie, l’affirme : de 2002 à 2006, il y a eu 100 professeurs des écoles en plus, ce qui n’a pas empêché les résultats aux évaluations de 6ème de régresser.
Objectif de ce plan, diviser par trois en cinq ans le nombre d’enfants en échec scolaire à la fin de l’école primaire, diviser par deux le nombre d’élèves présentant un retard à l’entrée en 6ème. Dans l’Académie, la situation est plus préoccupante qu’en métropole, 20 à 30% des élèves présentent de graves difficultés à la sortie de l’école primaire (contre 15%).

Adapter le plan à l’apprentissage en milieu créolophone

Mais au-delà des bonnes intentions, des questions ont été soulevées par les personnes présentes hier. Comment faire plus avec moins ? Moins de personnel. Didier Gopal et d’autres ont rappelé ce problème auquel l’Académie va être confrontée. Les enfants handicapés vont-ils encore bénéficier d’un accompagnement spécifique, d’auxiliaires de vie ? Rassurant, le recteur a affirmé que les contrats seront renouvelés ou remplacés. On continue dans la précarité. Pour le recrutement des enseignants, pas de réduction de postes à la rentrée 2008 malgré une baisse de 197 élèves affirme le rectorat.
Aline Hoarau, adjointe en charge de l’éducation à Sainte-Suzanne, a pour sa part souligné l’absence d’une prise en compte des spécificités des petits réunionnais. Alors que l’illettrisme et l’échec scolaire sont en grande partie liés à une incapacité à concilier apprentissage du français et langue maternelle, c’est-à-dire le créole. « Nous faisons confiance aux enseignants pour adapter les programmes » a répondu Joseph Vallano précisant qu’une commission travaille actuellement sur le sujet. « C’est une préoccupation constante » a-t-il ajouté. Pour faire face à ces enfants qui sont dans l’intellect, l’IUFM tente de donner une formation aux enseignants, et un campus numérique Téléformation-lecture Réunion propose des outils pédagogiques.
Enfin, se pose la question de l’organisation de ce nouveau plan pour l’école primaire. Comment gérer le transport scolaire, la restauration, le personnel communal pour le soutien des élèves en difficulté ? La tâche n’est pas simple, d’autant plus que les communes sont confrontées à une baisse des contrats aidés, et les établissements doivent décider de l’aménagement des deux heures de soutien. Le soir après les cours ? une ou deux fois par semaine ? Le mercredi matin ? Les occasions ne manqueront pas d’en reparler.

Edith Poulbassia


Comment Xavier Darcos justifie la réforme

Objectif de Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale, « diviser par trois, en cinq ans, le nombre d’élèves qui sortent de l’école primaire avec de graves difficultés et diviser par deux le nombre d’élèves ayant pris une année de retard dans leur scolarité ». 15% des élèves quittent l’école primaire avec de graves lacunes dans la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul.
En février dernier, le ministre de l’éducation nationale avait justifié la réforme de l’école primaire avec trois arguments.
L’enseignement primaire doit tenir compte du contexte moderne. Avec la démocratisation de l’enseignement, la "quasi-totalité" des élèves va au-delà de la scolarité obligatoire. Pour le Ministre, le projet pédagogique doit être corrigé en conséquence. « L’école primaire ne doit plus chercher à transmettre en quelques années la totalité des champs du savoir, mais de donner à l’individu toutes les clés pour les approfondir ultérieurement ».
Autre argument : dans une société de l’information où les enfants doivent se repérer dans « une masse de données indifférenciées », l’école doit proposer « des savoirs cohérents et des approches méthodiques ».
Enfin, pour justifier la réforme de l’école primaire, le Ministre évoque les rapports officiels et les évaluations internationales qui « soulignent chaque année, la médiocrité des résultats » de l’école primaire en France. Paul Canioni rappelait hier la 31ème place de la France (sur 41) à une évaluation européenne.

EP


Ce qui va changer à la rentrée


- Les élèves auront 24 heures de cours obligatoire par semaine, soit deux heures de moins, du lundi au vendredi. Le samedi matin est supprimé. Les deux heures seront réservées à l’aide personnalisée pour les élèves en difficulté scolaire ou pour le travail en groupe. L’Académie propose déjà ce type d’accompagnement éducatif dans les collèges pour les sixièmes. 91 écoles du réseau d’éducation prioritaire (2.730 élèves) l’ont aussi testé cette année. Le dispositif s’étendra aux 282 écoles du réseau à la rentrée, 20.000 élèves pourraient être concernés.
Pour les élèves de CM1 et CM2, des stages de remise à niveau seront organisés pendant les vacances scolaires. Des stages d’une semaine, avec trois heures d’enseignement par jour en français et en maths, des enseignants volontaires payés en heures supplémentaires. Ces stages ont été expérimentés en mai dernier sur trois jours. 2.177 élèves soit 8% des CM1 et CM2 en ont bénéficié, pour 147 écoles et 374 enseignants volontaires. Les stages reprendront du 7 au 11 juillet et du 11 au 14 août.
Les 108 heures dégagées seront consacrées au soutien scolaire, au travail de groupe, à la formation, aux relations avec les parents, aux élèves handicapés.

- Les programmes sont recentrés sur les maths (renforcer les techniques opératoires) et le français (grammaire, vocabulaire, orthographe, récitation et rédaction), soit deux heures de plus en cycle 2 et 3 dans ces matières. En éducation physique et sportive, c’est une heure de cours en plus (4 heures au lieu de 3 actuellement). En sciences, histoire géographie et pratique artistique, les programmes se contentent de l’essentiel.

- Trois autres enseignements font leur apparition. L’initiation à l’histoire des arts est présente dès le cours préparatoire, et un programme est défini dès le CE2. L’éducation au développement durable est intégré au programme de géographie et de sciences du cycle 3 (CM1 et CM2). L’instruction civique et morale remplace l’éducation civique. « Cet enseignement permet à l’enfant de découvrir progressivement les valeurs, les principes et les règles qui régissent l’organisation des relations sociales ».

- Un accent est mis sur l’éducation numérique. La maîtrise des technologies de l’information et de la communication est inscrite dans les connaissances et compétences des élèves. Elle sera intégrée dans le projet de chaque école. Objectif, amener tous les lèves au niveau du brevet informatique et Internet école en 2010 et se servir de ces techniques pour apprendre.

EP


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  • Il faut lire "Pour faire face aux enfants qui sont dans l’interlecte" et non "intellect"...

    EP


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